[Robinson, Kim Stanley] La trilogie martienne : Mars la rouge - Mars la verte - Mars la bleue

Après avoir lu et critiqué le premier tome de la série sur ce forum, j’ai attendu d’avoir fini la trilogie pour en critiquer l’intégralité.
On ne va pas se mentir : 1664 pages, c’est long. Et, tant qu’on en est à jouer la carte de la transparence, ce n’est pas toujours palpitant.

L’auteur sait parfaitement de quoi il parle, qu’il s’agisse de géologie, de biologie, de chimie, de médecine, de sociologie, d’ethnologie, d’histoire... le récit fourmille de références précises et bien documentées, présentées de façon claire et didactique. Un énorme et admirable travail de recherche qui donne au livre une aura indéniable de crédibilité et de réalisme, même s’il faut bien avouer que l’accumulation des exposés rend certains passages indigestes.

Cette vague sécheresse scientifique est contrebalancée par des personnages humainement imparfaits, attachants dans leurs défauts autant que dans leurs qualités, admirables ou agaçants, sympathiques ou antipathiques. Le récit navigue entre différents points de vue : Maya, Frank, Nirgal, Michel, Ann, Sax, Zo se partagent la vedette dans une narration à la troisième personne mais habilement typée selon le héros que l’on suit. Les «Rouges», les «Verts», les «isseï» ou primo-arrivants, les «nisseï» ou seconde génération, se passent la main dans des relectures édifiantes d’un même fait, d’une même réalité. Ou comment, selon le point de vue, un héros peut se transformer d’un claquement de doigt en insupportable tyran, une adorable jeune fille en infâme pétasse.

Pour qui veut creuser les détails, on peut lire ce livre sur plusieurs niveaux et y trouver des analyses fines de nos problèmes bien actuels : enjeux de l’allongement de la vie, partage des richesse, droits inaliénables, choc des cultures et des générations...

Une lecture exigeante mais à la hauteur de son statut de livre culte.