[Leto, Jordan] Les chevaux de Troie

Docu fiction, thriller, roman d’anticipation, roman initiatique et scientifique, c’est un savoureux mélange de tout cela, qui nous est offert avec « Les chevaux de Troie » et il serait bien trop réducteur de dire qu’il s’agit d’un thriller.

Habilement construit, avec des données réelles, saisissantes, et parfois effrayantes, qui sont intégrées dans le texte par l’intermédiaire de conversations, de recherches personnelles ou de lectures de l’un ou de l’autre des protagonistes. C’est ainsi que de nombreux domaine seront abordés, sujets que le lecteur aura probablement le souhait de vérifier, puis d’approfondir….au risque de se dire que , peut-être, l’ignorance  de tout cela aurait évité les questions qui dérangent…
C’est parfois plus facile de faire comme si, n’est ce pas ?

Quelques esprits chagrins (il y en a toujours) diront que, peut-être, il y a trop de thèmes évoqués et que les explications données sur ceux-ci, éloignent de temps à autre de l’intrigue. Je répondrai à ces détracteurs (s’il existe), qu’ils se trompent. Ce que l’on peut prendre pour des digressions, ne sont, en fait, que la matière du roman, sa substantifique moelle, ce qui le nourrit, le renforce et lui donne sa richesse, son pouvoir de fascination sur le lecteur.

Parce qu’il faut bien l’avouer, cet ebook est captivant et va bien au-delà de ce que suggère les premières lignes. Il y a le poids de la documentation (non assortie du choc des photos et pour certaines situations, c’est bien préférable), le charisme des personnages (même ceux qui vivent en prison sont attachants), le contenu bien ficelé et cette fin ouverte qui laisse présager à nouveau de bons moments avec cet auteur ou du moins ses êtres de papier.

L’écriture est fluide, limpide et même lorsqu’il soulève des « lièvres » et que le ton  est grave, Jordan Leto reste dans une approche et un vocabulaire accessibles à tous.  Quant au style, il est vif, rythmé, avec ce qu’il faut de rebondissements pour qu’on ne décroche pas. De plus, on passe d’un individu à l’autre, évitant la lassitude de suivre les traces de la même personne tout au long des pages.
Les « acteurs » (tiens, d’ailleurs, ce roman pourrait être adapté en film), sont des hommes et des femmes de tous les jours, ayant chacun « un petit quelque chose en plus », mais sans sombrer dans la caricature. On s’aperçoit que certains ont des rôles obscurs ou qu’ils ne sont peut-être pas tout à fait honnêtes et que sans doute, un prochain ouvrage nous éclairera sur leurs interventions même cachées, et que cela donnera un autre éclairage à ce que nous avons découvert.  L’idée de prendre trois anciens malfrats pour aider les agents du FBI est amusante et dommage, sans doute loin de la réalité…

J’ai également apprécié le fait de passer d’un lieu à l’autre, de rencontrer des hommes et des femmes, parfois, blessés, mais pour quelques uns, restant droits, francs. Xander m’a vraiment intéressée, c’est un jeune comme je les aime,  opiniâtre,  solide et fragile à la fois donc humain, et surtout attentif à l’autre et ça c’est pour moi, une des qualités principales de l’homme. Ce n’est que comme ça que le facteur H peut exister et que nous pouvons continuer de croire en l’homme… car rassurez moi, Monsieur Leto, malgré votre « note de l’auteur » dans les dernières pages, tout n’est pas forcément joué d’avance, le monde n’est pas voué à rester noir, il y a encore des éclaircies, de l’optimisme, des rayons de soleil, comme le sourire que je vais peut-être vous arracher lorsque vous lirez ces lignes, non ?