[Kokàntzis, Nikos] Gioconda
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[Kokàntzis, Nikos] Gioconda
Titre : Gioconda (Tziokonta)
Auteur : Nikos KOKANTZIS
Traducteur : Michel VOLKOVITCH
Parution : en grec en 1975, en français en 2012 (Aube)
Pages : 144
Présentation de l'éditeur :
Nìkos, un adolescent, et Gioconda, une jeune fille juive, s’aiment d’un amour absolu jusqu’à la déportation de celle-ci à Auschwitz, en 1943.
Un récit lumineux d’une initiation amoureuse, vibrant de naturel et de sensualité malgré la haine et la mort.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né à Thessalonique en 1930, Nìkos Kokàntzis découvrira l’amour avec Gioconda en 1943. Juive, celle-ci sera déportée à Auschwitz… et n’en reviendra pas. En 1975, Kokàntzis décide de raconter leur histoire d’amour, pour que Gioconda revive à travers ses mots. Il a étudié la médecine puis la psychiatrie à Londres. Il est mort en 2009.
Avis :
Né en 1927 à Thessalonique, l’auteur n’était encore qu’adolescent lorsqu’il y vécut ce qui devait rester sa plus grande histoire d’amour. Lui et sa jolie voisine juive, Gioconda, s’aimèrent passionnément, jusqu’à ce que, en 1943, la jeune fille fût déportée avec sa famille à Auschwitz, pour ne jamais en revenir. Trente ans plus tard, l’homme mûr décide de raconter cette histoire, pour que jamais l’oubli ne l’efface.
Le monde devenu fou n’empêche pas l’amour de naître, et tout peut bien s’écrouler, ces deux-là n’ont d’yeux l’un que pour l’autre. Les persécutions antisémites s’intensifient, les bombes pilonnent la ville toute proche : rien ne vient entamer la magie de leur fusion amoureuse, alors que leur jeune innocence s’initie aux vertiges de leur toute neuve sensualité. C’est en ressuscitant l’ingénuité de la découverte, et sans doute aussi en idéalisant un souvenir poli par trois décennies de nostalgie, que l’écrivain revit dans ces pages ses tendres ébats avec celle que la tragédie devait figer à jamais dans une mythique perfection.
Cet amour paraît d’autant plus lumineux et déchirant, qu’il est impuissant à conjurer ce qui n’apparaît qu’en sombre filigrane du récit, dans un contraste cruellement impitoyable. Avant d’être définitivement arraché, le fragile voilage que l’amour du jeune couple interpose entre son intimité et la terrible réalité du monde laisse malgré tout discrètement entrevoir l’approche inéluctable de ce que tous refusent encore d’appréhender. Et si seules de brèves mentions en parsèment le texte, c’est bien le sort monstrueux de la ville de Thessalonique, alors majoritairement juive, qui vient gonfler l’inguérissable chagrin du narrateur et hanter son récit. Sur les dizaines de milliers de Juifs de la ville, seulement deux pour cent échappèrent à la mort...
Ce très court livre, qui n’évoque que la lumière pour mieux dénoncer l’indicible, est bouleversant. Quel plus beau et plus puissant contre-pied à l’abjection et à la haine qu’un indestructible amour ? (4/5)
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