[Chareyre, Antoine] L'instit et le mammouth

Auteur : Antoine Chareyre
Edition : Albin Michel
Date de parution : 1999
Nombre de pages : 224


Quatrième de couverture :
« Affecté dans une école élémentaire, je fais désormais partie du "Mammouth", nom allègrement donné à l'Éducation nationale par le ministre.
Ce que je découvre me surprend. Ainsi, lors d'un jour de grève, un écolier me lance d'un ton de reproche :
- Maître, ce n'est pas bien, vous ne faites jamais grève.

A une autre occasion, me voilà en train de faire chanter à ma classe La Marseillaise.
Une élève me raconte tout à coup comment elle a été interpellée chez elle :
- Pourquoi tu chantes ça, c'est pas notre race !

Cette extraordinaire expérience, celle de ma première année, m'a obligé à me poser toutes sortes de questions. Sur ce qu'est l'école. Sur les sorties et les voyages. Sur les parents. Sur les syndicats. Sur l'intégration des élèves d'origine étrangère. Sur la République. Sur la France. A ces interrogations, les ministres sont invités à répondre. Et vous aussi. »


L'auteur :
Antoine Chareyre a choisi, à trente-cinq ans, de devenir instituteur. Il enseigne dans la région lyonnaise.


Mon avis :

Voici un livre-témoignage riche et intéressant, à recommander à toutes les personnes qui veulent en savoir plus sur l'école laïque et son fonctionnement.
La réflexion de l'auteur est centrée sur l'éducation civique. En apprenant les symboles de la France à ses élèves de CM1-CM2, en leur posant des questions telles que « Pour vous, c'est quoi, être français(e) ? », il met en lumière les différences culturelles et religieuses qui existent entre eux et suscite des interrogations variées (la religion, la guerre, le mariage, la mort...) auxquelles il répond (ou non) avec la réserve que lui impose sa fonction.

L'auteur s'interroge aussi sur la place des parents à l'école, sur le rôle et l'intérêt des sorties scolaires, sur l'enseignement des langues et cultures d'origine à certains élèves, sur le rôle des syndicats, sur la relation qui le lie à ses élèves (« Maître, vous ne m'aimez pas »)...

Le style est agréable, facile à lire.
Un bon moment de lecture et de réflexion.

Ce livre semble trés interessant, pour voir les choses du côté instit.
Je vois que tu es enseignante, Virgule. T'es-tu retrouvée dans ce temoignage?

Oui, je me suis retrouvée... du moins en partie.

Comme l'auteur, j'ai travaillé dans le secteur privé avant de devenir instit, donc j'ai les mêmes constats sur les avantages / inconvénients de ce métier.

Là où je m'y retrouve moins, c'est sur l'aspect "éducation civique". L'auteur est très centré là-dessus, comme s'il voulait avant tout former des citoyens plutôt que d'instruire des élèves (les 2 approches sont complémentaires, mais il a choisi dans son livre de ne parler pratiquement que du premier point de vue). Comme j'ai des élèves plus jeunes, je ne suis pas confrontée aux mêmes questions (sur la citoyenneté française, par exemple).

Ce qui est positif, c'est qu'il y a beaucoup de retenue dans ce livre. On sent dans certaines phrases que sa première année n'a pas toujours été facile, que certains élèves avaient un comportement difficile, mais il a la pudeur de ne pas s'attarder sur ce point.
Il évite aussi tous les clichés sur les quartiers difficiles et la ZEP. Il constate des différences entre ses élèves d'un point de vue culturel et religieux, des difficultés sociales dans certaines familles, mais il ne juge pas.
Cette retenue rend la lecture agréable.

Je trouve d'ailleurs que le sous-titre "Journal d'un prof en colère" donne une image erronée du livre.
Ce doit être un argument de vente ajouté par l'éditeur, mais qui n'est pas judicieux et ne correspond pas au livre.
C'est un journal, certes, mais le journal d'un prof débutant, qui a fait le choix de devenir instit à 35 ans et qui raconte là sa première année dans une classe.
Il élargit le propos au fonctionnement de l'Education nationale (qui l'étonne sur certains points) mais ne me semble pas "en colère".

Merci pour ce complément très interessant. Je pense que je vais lire ce livre!

De rien.
J'ai hâte de lire ta critique.