[Voltaire] L'Ingénu
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L'Ingénu ?
[Voltaire] L'Ingénu
L’Ingénu
Auteur : Voltaire
Édition : Garnier-Flammarion
Prix : 2.80E
Nombre de pages : 196 pages
4è de couverture :
Abus de pouvoir, haines politiques et religieuses, préjugés nationaux : à travers la figure d'un Huron franco-anglais débarqué à Saint-Malo en 1689, Voltaire, dans L'Ingénu, met à distance la France de Louis XIV, et poursuit sa campagne contre l'Infâme. Initié aux rites catholiques et aux usages du monde, l'Ingénu tombe amoureux de la belle Saint-Yves, avant d'être propulsé à la cour du roi, puis emprisonné à la Bastille, où il découvre le salut par le savoir. Au terme de ce parcours, il deviendra «philosophe intrépide» modèle de l'homme des Lumières... Paru en 1767, L'Ingénu, conte satirique et roman pathétique tout à la fois, est, avec Candide, l'un des chefs-d’œuvre du récit voltairien.
Mes impressions :
Je vais tenter de faire une critique objective malgré le fait que je sois un inconditionnel de Voltaire. Alors, dès les premières lignes de ce récit, on peut sentir l'humour voltairien, un humour que j'apprécie beaucoup. Ce roman ce lit vite et assez facilement, l'écriture de Voltaire réussit encore une fois à mêler la philosophie à l'humour pour notre plus grand plaisir. Dans les romans et contes de Voltaire, celui-ci figure dans mon top 3 car je trouve qu'il n'y a aucune fausse note, tout est là. C'est un livre qui apporte une vraie réflexion sur les "sauvages" de l'époque. Lire Voltaire, c'est ce faire plaisir tout en réfléchissant.
Là-encore, je conseille ce livre à quiconque ne l'a pas lu, que cette personne aime Voltaire ou non.
Extrait : L'incipit
- Spoiler:
Un jour saint Dunstan, Irlandais de nation et saint de profession, partit en Irlande sur une petite montagne qui vogua vers les côtes de France, et arriva par cette voiture à la baie de St Malo. Quand il fut à bord, il donna la bénédiction à sa montagne, qui lui fit de profondes révérences et s’en retourna en Irlande par le même chemin qu’elle était venue.
Dunstan fonda un petit prieuré dans ces quartiers-là, et lui donna le nom de prieuré de la Montagne, qu’il porte encore, comme chacun sait.
En l’année 1689, le 15 juillet au soir, l’abbé de Kerkabon, prieur de Notre-Dame de la Montagne, se promenait sur le bord de mer avec mademoiselle de Kerkabon, sa sœur, pour prendre le frais. Le prieur, déjà un peu sur l’âge, était un très bon ecclésiastique, aimé de ses voisins, après l’avoir été autrefois de ses voisines. Ce qui lui avait donné surtout une grande considération, c’est qu’il était le seul bénéficier du pays qu’on ne fût pas obligé de porter dans son lit quand il avait soupé avec ses confrères. Il savait assez honnêtement de théologie ; et quand il était las de St Augustin, il s’amusait avec Rabelais ; aussi tout le monde disait du bien de lui.
Mademoiselle de Kerkabon, qui n’avait jamais été mariée, quoiqu’elle eût grande envie de l’être, conservait de la fraicheur à l’âge de quarante-cinq anas ; son caractère était bon et sensible ; elle aimait le plaisir et était dévote.
Le prieur disait à sa sœur, en regardant la mer : « Hélas ! c’est ici que s’embarqua notre pauvre frère avec notre chère belle-sœur madame de Kerkabon, sa femme, sur la frégate l’Hirondelle, en 1669, pour aller servir au Canada. S’il n’avait pas été tué, nous pourrions espérer le revoir encore.
- Croyez-vous, disait mademoiselle de Kerkabon, que notre belle-sœur ait été mangée par les Iroquois, comme on nous l’a dit ? Il est certain que si elle n’avait pas été mangée, elle serait revenir au pays. Je la pleurerai toute ma vie : c’était un femme charmante ; et notre frère, qui avait beaucoup d’esprit, aurait fait assurément une grande fortune. »
Comme ils s’attendrissaient l’un et l’autre à ce souvenir, ils virent entrer dans la baie de Rance un petit bâtiment qui arrivait avec la marée : c’étaient des Anglais qui venaient vendre quelques denrées de leur pays. Ils sautèrent à terre, sans regarder monsieur le prieur ni mademoiselle sa sœur, qui fut très choquée du peu d’attention qu’on avait pour elle.
Il n’en fut pas de même d’un jeune homme très bien fait qu’il s’élança s’un saut par-dessus la tête de ses compagnons, et se trouva vis-à-vis mademoiselle. Il lui fit un signe de tête, n’étant pas dans l’usage de faire la révérence. Sa figure et son ajustement attirèrent les regards du frère et de la sœur. Il était nu-tête et nu-jambes, les pieds chaussés de petites sandales, le chef orné de longs cheveux en tresses, un petit pourpoint qui serrait une taille fine et dégagée ; l’air martial et doux. Il tenait dans sa main une petite bouteille d’eau des Barbades, et dans l’autre une espèce de bourse dans laquelle était un gobelet et de très bon biscuit de mer. Il parlait français fort intelligiblement. Il présenta de son eau des Barbades à mademoiselle de Kerkabon et à monsieur son frère ; il en but avec eux ; il leur en fit reboire encore, et tout cela d’un air si simple et si naturel que le frère et la sœur en furent charmés. Ils lui offrirent leurs services, en lui demandant qui il était et où il allait. Le jeune homme leur répondit qu’il n’en savait rien, qu’il était curieux, qu’il avait voulu voir comment les côtes de France étaient faites, qu’il était venu, et allait s’en retourner.
Monsieur le prieur, jugeant à son accent qu’il n’était pas Anglais, prit la liberté de lui demander de quel pays il était. « Je suis Huron », lui répondit le jeune homme.
Mademoiselle de Kerkabon, étonnée et enchantée de voir un Huron qui lui avait fait des politesses, pria le jeune homme à souper ; il ne se fit pas prier deux fois, et tous trois allèrent de compagnie au prieuré de Notre-Dame de la Montagne.
Invité- Invité
Re: [Voltaire] L'Ingénu
merci Findus comme d'habitude je connais le personnage mais j'avais jamais lu ses œuvres. J'ai la nette impression Findus que je vais peut être grâce à toi me lancer en douceur dans la littérature classique Donc je note
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Voltaire] L'Ingénu
Tant mieux ! Et puis rien de tel que Voltaire pour se lancer dedans. Je vais continuer à poster des critiques de classiques, en espérant te faire découvrir d'autres choses
Invité- Invité
Re: [Voltaire] L'Ingénu
oui tu peux perso je suis curieuse et j'ai envie de connaitre un peu ce genre je dis pas que je vais accroché du jour au lendemain on verra
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Voltaire] L'Ingénu
Roman super intéressant. Avant de le lire, j'avais lu quelque part que le personnage du Huron (l'Ingénu) ressemblait beaucoup à celui de Candide, mais après avoir lu l'Ingénu de Voltaire je pense que c'est faux. Ces deux personnages ont peu en commun : Candide incarne la naïveté, alors que le Huron est un personnage qui peut paraître naïf dans un milieu auquel il n'est pas adapté, mais qui évolue au cours des différentes péripéties.
Invité- Invité
Re: [Voltaire] L'Ingénu
Bizarrement, je ne suis pas tellement fan des classiques (je commence à m'initier en dehors du lycée pour ma culture), mais je dois avouer que celui-ci m'a transporté ! Simple à lire, porteur d'une légère philosophie, une intrigue simple mais intéressante ... Je le recommande pour tous ceux qui souhaitent s'initier aux classiques justement, peut-être que cela peut donner plus d'envie pour découvrir les autres !
J'ai donc mis "beaucoup apprécié" !
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Baptiste- Grand expert du forum
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