[Márai, Sándor] Les étrangers
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[Márai, Sándor] Les étrangers
464 pages
EAN13 : 9782226244291
Éditeur: Albin Michel
Présentation de l'éditeur
Écrit en 1930 après un séjour de cinq ans à Paris, ce « roman français » d’inspiration autobiographique est un texte important dans l’œuvre de l’immense écrivain hongrois Sándor Márai.
1926. Après un an d’études à Berlin, un jeune docteur en philosophie de Budapest arrive à Paris pour quelques mois. Étranger à ce pays qui le fascine et le rejette à la fois, il évolue parmi d’autres étrangers. Comme lui, tous survivent tant bien que mal dans le Paris de la fin des années folles, des cafés de Montparnasse aux hôtels miteux du quartier latin. Philosophe déraciné, exilé volontaire, promeneur inquiet… l’identité floue du personnage évolue au gré d’une errance qui se prolonge dans une Bretagne idyllique où l’entraîne une femme rencontrée par hasard. Récit initiatique, fabuleuse peinture de Paris, ce livre est une troublante réflexion sur l’exil, autant réel qu’intérieur, qui a nourri la vie et l’œuvre de Sándor Márai.
Mon avis
Ce roman du déracinement est à la fois profondément ancré dans l'entre-deux-guerres et résolument actuel. Près d'un siècle de construction européenne ont suivi la rédaction de ce livre, et pourtant les regards méfiants sont toujours là, les préjugés également qui continuent de peser sur les étrangers qui découvrent Paris en 2015.
Le récit se compose de deux parties. Dans la première, le rythme est très lent. On y suit le héros, jeune philosophe hongrois fraîchement arrivé à Paris, décidé à explorer la ville et à en découvrir les charmes, quitte à remettre à plus tard le travail qui l'y amène - une étude sur le gothique. Comme aujourd'hui nombre d'étudiants Erasmus, il passe sa vie dans les cafés et ne fréquente que d'autres étrangers.
Les choses se précipitent un peu dans la deuxième moitié du livre. Des problèmes d'argent et une histoire d'amour (?) sortent presque le héros de sa passivité initiale. Il quitte Paris, et se retrouve dans une configuration différente : seul étranger dans un petit village de la côte bretonne.
Ce que j'ai aimé dans ce livre, c'est qu'il ose nous mettre face à la contingence des œuvres d'art comme des passions amoureuses. On aimerait croire que des fils rouges guident les artistes dans la réalisation d'un projet qu'ils visualisent très clairement, ou que les amoureux sont faits l'un pour l'autre. Ici, les couples se font et se défont au gré d'une main ou d'une oreille qui semble familière, la création artistique est soumise aux aléas politiques, au manque d'argent et surtout à la tendance des aspirants artistes à la procrastination. Rien n'est nécessaire ou écrit d'avance ; tout est fragile. Au milieu de toutes ces incertitudes, il faut savoir qui l'on est, où l'on va et faire de son mieux. L'auteur présente ces questionnements d'une façon plus subtile que moi, et évidemment cela prend du temps. Ce n'est pas un livre qu'il faut lire si l'on est pressé. J'avoue m'être endormie un certain nombre de fois dessus pendant la première partie, et j'ai bien plus apprécié la seconde. Cela vaut la peine de s'accrocher !
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