[Harman, Patricia] La sage-femme des Appalaches

•  Auteur Patricia Harman
•  Editeur Charleston
•  Date de parution 21/08/2018
•  Collection Poche
•  EAN 978-2368123294
•  ISBN 2368123296
•  Nombre de pages : 541





4 ème de couverture :

1929, dans le milieu hostile des Appalaches.

Pendant la Grande Dépression, Patience Murphy exerce avec talent son métier de sage-femme et assume la tâche parfois difficile d'assister les femmes lors de leur accouchement. Elle est prête à tout pour instaurer un climat de confiance avec ses patientes, mais elle doit également s'affranchir de son lourd passé. Confrontée à des difficultés quasi insurmontables, des périlleuses mines de la Virginie occidentale aux terrifiantes menaces du Ku Klux Klan, elle devra lutter pour apporter la vie et un peu d'espoir dans un univers pétri d'épreuves.


Mon avis :

En premier lieu, je tiens à remercier vivement Partage Lecture et les Editions Charleston poche de m’avoir permis de découvrir l’univers de Patricia Harman.

Sauf erreur de ma part, il s’agit du premier roman de cet auteur traduit en français. Madame Harman est elle-même sage-femme. Apparemment, son métier la passionne, il est le sujet de tous ses romans. En effet, elle en a écrit quelques autres, qui nous parviendront sous peu, je n’en doute pas.

Toutes ses héroïnes sont des sages-femmes. C’est une excellente idée à mon avis. D’abord parce qu’elle maîtrise parfaitement son sujet ; ensuite parce que l’obstétrique est un sujet rarement abordé dans la littérature ; et enfin, parce que, avec l’héroïne Patience, le lecteur part à la rencontre d’une multitude de personnages, explore des lieux et une époque plutôt méconnues des français en général (enfin, c’est peut-être juste une impression), mais de votre serviteur assurément.

J’ai lu ce roman un peu comme un western. Un western récent, mais un western tout de même. J’ai en effet découvert en la Virginie Occidentale de 1929-1930 un état extrêmement isolé et pauvre, dont les habitants mènent une existence précaire et souvent insalubre. Crise de 29 oblige, me direz-vous ; mais pas seulement. L’héroïne, Patience, m’a emmenée avec elle chez les mineurs. Avec elle, je suis allée à la rencontre des chômeurs, mais aussi des membres de la classe aisée. Elle m’a raconté sa vie et celle des siens au début du siècle précédent. J’ai trouvé tout cela très intéressant.

En fait, pour moi, l’intérêt principal de ce roman est davantage didactique que littéraire ou romanesque. Plus que la qualité du texte (la traduction est plutôt bonne dans l’ensemble mais quelques anglicismes cassent la qualité du récit) ou la psychologie des personnages, j’ai découvert avec Patience la vie de Monsieur Tout le Monde au début du XXème siècle. Une période violente, avec la réclamation de droits pour les travailleurs et son cortège d’émeutes et de grèves, la lutte pour l’égalité de tous auxquels Patience a participé dans sa jeunesse.

Autre sujet particulièrement passionnant, l’obstétrique. J’ai été plutôt étonnée par la qualité des connaissances de la sage-femme et des soins qu’elle apportait aux femmes à l’époque, au moment de leur accouchement.  Episiotomie ? Très rare. Accouchement assise, accroupie… pourquoi pas si c’est cela vous convient. Patience n’est pas prisonnière de « protocoles », terme que l’on rencontre aujourd’hui à tous les coins de la médecine. La sage-femme et les femmes qui l’entourent en connaissent beaucoup plus que nous de nos jours, pauvres patients qui, sans un médecin ou un hôpital, sommes bien incapables de mettre un enfant au monde.

Je me suis tout de même demandé si l’auteur n’a pas transposé ses connaissances actuelles à l’époque de son roman… Difficile à dire. Si Patience est très qualifiée, elle perd tout de même des patients. Les hôpitaux et les médecins ont du bon, on ne va pas se mentir…

Je vote, avec un peu de regret, « apprécié ». J’aurais aimé mieux noter cet ouvrage qui, je n’en doute pas, sera accueilli avec enthousiasme par beaucoup de mes ami(e)s du forum. J’espère de tout cœur qu’ils/elles le liront. Pour moi, il manque un petit quelque chose, un peu de passion, un je ne sais quoi de fantaisie et d’émotions pour m’emporter vers le coup de cœur.

Certains de vous le savent déjà, quand un livre m’amène à découvrir une époque ou un lieu que je connais peu, je pars en exploration sur la Toile pour en savoir plus. Ce que je n’ai pas manqué de faire une fois encore. Je me permets donc de partager avec vous mes découvertes du monde de Patience Murphy.

Je n’ai pas trouvé trace de la Hope River qui coule aux pieds de la maison de Patience, pas plus que de la ville de Liberty ou du comté de Union. Par contre, la petite ville de Mount Hope se trouve dans les environs décrits par l’auteur, la voici, telle que pouvait être la cité d'adoption de l'héroïne :






Cette maison, qui semble-t-il se trouve à Mount Hope, me rappelle celle de Patience, en plus grand :




Si  le comté de l’Union n’existe pas, j’ai trouvé un tout petit village nommé Union, dans le comté de Monroe en Virginie Occidentale :






Le cadre magnifique des hostiles et toujours sauvages Appalaches  :






Voici qui pourrait représenter Hazel Patch, le quartier des mineurs noirs de Liberty (photo par Travis Dewitz) :




Mother Jones,  syndicaliste et rebelle. Patience l’a fréquentée dans sa jeunesse  :






L’émeute de Blair Mountain, le soulèvement le plus mortel aux USA après la guerre de Sécession. Patience était présente :

Merci Pistou pour ta critique et ces documents    

Sublime PISTOU

ET   pour cet avis et le partage de tes recherches.

De belles photos, un avis, cocktail parfait pour m'inciter à me plonger dans ce roman, hélas pas encore disponible à la médiathèque