[Kwaymullina, Ambelin et Ezechiel] La mort n'est qu'un début
3 participants
Page 1 sur 1
Votre avis
[Kwaymullina, Ambelin et Ezechiel] La mort n'est qu'un début
Titre : La mort n'est qu'un début
Auteur : Ambelin et Ezechiel Kwaymullina
édition : Rageot
Nombre de pages : 256 pages
Présentation de l’éditeur :
Beth est morte. Et depuis, son père, policier, est le seul qui puisse encore la voir et l’entendre… mais il est submergé par son deuil. Pour l’aider à refaire surface, Beth l’encourage à s’investir dans une nouvelle enquête : suite à l’incendie d’un orphelinat, un cadavre a été retrouvé et deux hommes ont disparu. Qui sait, ce mystère pourra peut-être détourner son père de sa tristesse ? Intriguée, Beth se lance elle aussi dans l’enquête. Elle fait bientôt la connaissance d’Isobel, une fille étrange qui parle par énigmes…
Mon avis :
Il est des romans de littérature jeunesse qui font peur. Certains s’arrêteront au titre, et ne voudront pas aller plus loin, d’autres regarderont la couverture, s’arrêteront là, parce qu’elle est à la fois simple – un papillon bicolore – et complexe – prenez le temps d’analyse chaque détail de ce papillon. Rarement couverture et titre auront été autant en adéquation avec le contenu du livre, sa riche, sa symbolique.
Beth est morte, oui, et depuis sa mort, elle ne quitte pas son père Michael Judge qui ne se remet pas de la mort accidentelle de sa fille unique. Oui, c’était un accident, un véritable accident, personne n’est coupable, et Viv, soeur de la mère de Beth, la conductrice de la voiture qui s’est fait percuter, aurait mille fois préférer être morte à la place de sa nièce. Si Viv et les siens vivent le deuil, n’hésitent pas à exprimer tous leurs sentiments, y compris l’amour qu’ils éprouvent pour Beth et le souvenir des moments, heureux, le père de Beth est uniquement le-père-de-Beth : il est enfermé dans son deuil.
Ce n’est pas parce que Beth est partie ailleurs qu’on doit arrêter de l’aimer ou qu’elle a arrêté de nous aimer. C’est normal d’être triste, mais on ne peut pas aimer quelqu’un uniquement avec des larmes. Il faut des rires aussi.
Rachel, sa chef, essaie de le remettre sur pieds. Judge est policier, il doit se remettre au travail. On compte sur lui ! Aussi, quoi de mieux qu’une affaire simple, un incendie dans un foyer pour jeunes en difficultés. Il y a eu un mort, c’est triste, c’est malheureux, mais c’est un accident, n’est-ce pas ? Quant à l’unique témoin, ancienne droguée, le chef de la police locale ne l’écoute pas vraiment, Derek Bell, à moins qu’il n’ait peur de ce qu’elle pourrait dire.
Beth aurait rêvé d’être policière, elle ne le sera jamais et en prend douloureusement conscience. cependant, elle aide son père dans son enquête, se rendant dans des lieux où il ne peut pas aller, espérant sincèrement que cette enquête lui permettra d’être à nouveau l’homme qu’il était avant sa mort – ou d’être un homme qui a accepté la mort de sa fille, tout en restant son père. Auprès de la jeune policière que Derek Bell lui a adjugé comme adjointe, il découvre le passé de cette ville, des faits douteux sur la création de ce « lieu d’asile » qui a brûlé, et qui sonne bizarrement à son oreille. Note-t-il certaines aberrations parce qu’il est extérieur à la communauté, et ne s’en laisse pas conter ? Peut-être. Lui même a grandi dans une petite ville, et sait à quel point les préjugés peuvent être tenaces – dans les deux sens du terme.
En effet, ce roman, les personnages de Beth, d’Isobel Capture et les femmes de sa famille, de Sarah aussi, nous plonge dans le destin du peuple aborigène, de ce qu’il a enduré de la part du gouvernement australien, de ce qu’il endure encore. Est-ce parce que Sarah était aborigène qu’aucune enquête sérieuse n’a été menée à sa disparition ? Est-ce parce qu’Isobel descend d’une longue lignée de femmes qui sont devenues fortes qu’elle parvient à survivre et à raconter ce qu’elle a vécu ? Raconter – le mot n’a jamais été aussi juste, puisque c’est sous la forme d’un conte qu’elle narre ce qu’elle a vécu, au point que son récit peut être interprété de différentes manières, ce que Judge ne manque pas de faire dans un premier temps – avant de comprendre enfin, et de protéger Beth, même au-delà de la mort. Il est des choses qu’une adolescente ou même qu’un être humain ne devrait pas avoir à connaître, et j’aime qu’un livre de littérature jeunesse ose aborder des thèmes forts (la mort, le deuil mais aussi l’existence de personne qui n’ont que faire de la vie humaine) tout en ne sombrant pas dans l’accumulation de détails sanglants. Il permet aussi de rappeler qu’un conte, une légende, peut ne pas être racontée de la même manière d’une personne à l’autre, et qu’elle permet de transmettre la mémoire de son peuple, tout en le confrontant à ses tragédies actuelles.
Auteur : Ambelin et Ezechiel Kwaymullina
édition : Rageot
Nombre de pages : 256 pages
Présentation de l’éditeur :
Beth est morte. Et depuis, son père, policier, est le seul qui puisse encore la voir et l’entendre… mais il est submergé par son deuil. Pour l’aider à refaire surface, Beth l’encourage à s’investir dans une nouvelle enquête : suite à l’incendie d’un orphelinat, un cadavre a été retrouvé et deux hommes ont disparu. Qui sait, ce mystère pourra peut-être détourner son père de sa tristesse ? Intriguée, Beth se lance elle aussi dans l’enquête. Elle fait bientôt la connaissance d’Isobel, une fille étrange qui parle par énigmes…
Mon avis :
Il est des romans de littérature jeunesse qui font peur. Certains s’arrêteront au titre, et ne voudront pas aller plus loin, d’autres regarderont la couverture, s’arrêteront là, parce qu’elle est à la fois simple – un papillon bicolore – et complexe – prenez le temps d’analyse chaque détail de ce papillon. Rarement couverture et titre auront été autant en adéquation avec le contenu du livre, sa riche, sa symbolique.
Beth est morte, oui, et depuis sa mort, elle ne quitte pas son père Michael Judge qui ne se remet pas de la mort accidentelle de sa fille unique. Oui, c’était un accident, un véritable accident, personne n’est coupable, et Viv, soeur de la mère de Beth, la conductrice de la voiture qui s’est fait percuter, aurait mille fois préférer être morte à la place de sa nièce. Si Viv et les siens vivent le deuil, n’hésitent pas à exprimer tous leurs sentiments, y compris l’amour qu’ils éprouvent pour Beth et le souvenir des moments, heureux, le père de Beth est uniquement le-père-de-Beth : il est enfermé dans son deuil.
Ce n’est pas parce que Beth est partie ailleurs qu’on doit arrêter de l’aimer ou qu’elle a arrêté de nous aimer. C’est normal d’être triste, mais on ne peut pas aimer quelqu’un uniquement avec des larmes. Il faut des rires aussi.
Rachel, sa chef, essaie de le remettre sur pieds. Judge est policier, il doit se remettre au travail. On compte sur lui ! Aussi, quoi de mieux qu’une affaire simple, un incendie dans un foyer pour jeunes en difficultés. Il y a eu un mort, c’est triste, c’est malheureux, mais c’est un accident, n’est-ce pas ? Quant à l’unique témoin, ancienne droguée, le chef de la police locale ne l’écoute pas vraiment, Derek Bell, à moins qu’il n’ait peur de ce qu’elle pourrait dire.
Beth aurait rêvé d’être policière, elle ne le sera jamais et en prend douloureusement conscience. cependant, elle aide son père dans son enquête, se rendant dans des lieux où il ne peut pas aller, espérant sincèrement que cette enquête lui permettra d’être à nouveau l’homme qu’il était avant sa mort – ou d’être un homme qui a accepté la mort de sa fille, tout en restant son père. Auprès de la jeune policière que Derek Bell lui a adjugé comme adjointe, il découvre le passé de cette ville, des faits douteux sur la création de ce « lieu d’asile » qui a brûlé, et qui sonne bizarrement à son oreille. Note-t-il certaines aberrations parce qu’il est extérieur à la communauté, et ne s’en laisse pas conter ? Peut-être. Lui même a grandi dans une petite ville, et sait à quel point les préjugés peuvent être tenaces – dans les deux sens du terme.
En effet, ce roman, les personnages de Beth, d’Isobel Capture et les femmes de sa famille, de Sarah aussi, nous plonge dans le destin du peuple aborigène, de ce qu’il a enduré de la part du gouvernement australien, de ce qu’il endure encore. Est-ce parce que Sarah était aborigène qu’aucune enquête sérieuse n’a été menée à sa disparition ? Est-ce parce qu’Isobel descend d’une longue lignée de femmes qui sont devenues fortes qu’elle parvient à survivre et à raconter ce qu’elle a vécu ? Raconter – le mot n’a jamais été aussi juste, puisque c’est sous la forme d’un conte qu’elle narre ce qu’elle a vécu, au point que son récit peut être interprété de différentes manières, ce que Judge ne manque pas de faire dans un premier temps – avant de comprendre enfin, et de protéger Beth, même au-delà de la mort. Il est des choses qu’une adolescente ou même qu’un être humain ne devrait pas avoir à connaître, et j’aime qu’un livre de littérature jeunesse ose aborder des thèmes forts (la mort, le deuil mais aussi l’existence de personne qui n’ont que faire de la vie humaine) tout en ne sombrant pas dans l’accumulation de détails sanglants. Il permet aussi de rappeler qu’un conte, une légende, peut ne pas être racontée de la même manière d’une personne à l’autre, et qu’elle permet de transmettre la mémoire de son peuple, tout en le confrontant à ses tragédies actuelles.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 12865
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Kwaymullina, Ambelin et Ezechiel] La mort n'est qu'un début
Ta critique sonne vraiment juste par rapport au sujet du roman. Je ne lis plus de romans jeunesse depuis que je ne suis plus prof, et là, je me dis que c'est peut-être dommage.
Merci pour ce partage.
Merci pour ce partage.
elea2020- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 5361
Age : 55
Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Re: [Kwaymullina, Ambelin et Ezechiel] La mort n'est qu'un début
Je t'en prie Elea2020.
Pour ma part, je me suis mise à la littérature jeunesse aussi parce qu'elle est bien différente de celle qui existait dans ma jeunesse, elle est bien plus riche, et aborde des thématiques plus variées.
Pour ma part, je me suis mise à la littérature jeunesse aussi parce qu'elle est bien différente de celle qui existait dans ma jeunesse, elle est bien plus riche, et aborde des thématiques plus variées.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 12865
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Kwaymullina, Ambelin et Ezechiel] La mort n'est qu'un début
Nous sommes dans le bush australien. Michael est policier et complètement détruit par la mort accidentelle de sa fille Beth. Du coup, Beth reste auprès de lui, telle une ombre, mais seulement en tant que fantôme. Mais Beth souhaite que son père reprenne vie, pour cela elle le pousse à s’investir dans son travail, et à résoudre cette mystérieuse enquête.
Ambelin et Ezekiel sont un duo frère et sœur écrivains aborigènes. Ce récit est façonné par l’histoire et la culture de leur peuple, mais aussi par leurs connaissances et leurs expériences personnelles. Ce roman rentre dans la catégorie policier / fantastique, il y a donc une véritable intrigue à suivre, mais il aborde aussi le racisme envers les aborigènes et les violences qu’ils ont subit. Pascale Perrier dans Stolen aborde aussi ce pan de l’Histoire de l’Australie mais sans y mêler l’aspect fantastique des croyances aborigènes.
La mort n’est qu’un début parce que « toute vie est en perpétuel mouvement, tournant et pivotant en lien avec d’autres vies. »
Extraits : « Ce n’est pas parce que Beth est partie ailleurs qu’on doit arrêter de l’aimer ou qu’elle a arrêté de nous aimer. C’est normal d’être triste, mais on ne peut pas aimer quelqu’un uniquement avec des larmes. Il faut des rires, aussi. »
Ambelin et Ezekiel sont un duo frère et sœur écrivains aborigènes. Ce récit est façonné par l’histoire et la culture de leur peuple, mais aussi par leurs connaissances et leurs expériences personnelles. Ce roman rentre dans la catégorie policier / fantastique, il y a donc une véritable intrigue à suivre, mais il aborde aussi le racisme envers les aborigènes et les violences qu’ils ont subit. Pascale Perrier dans Stolen aborde aussi ce pan de l’Histoire de l’Australie mais sans y mêler l’aspect fantastique des croyances aborigènes.
La mort n’est qu’un début parce que « toute vie est en perpétuel mouvement, tournant et pivotant en lien avec d’autres vies. »
Extraits : « Ce n’est pas parce que Beth est partie ailleurs qu’on doit arrêter de l’aimer ou qu’elle a arrêté de nous aimer. C’est normal d’être triste, mais on ne peut pas aimer quelqu’un uniquement avec des larmes. Il faut des rires, aussi. »
lili78- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 2660
Age : 52
Localisation : chez moi
Emploi/loisirs : Bibliothécaire / lecture, cuisine, jardinage, balades
Genre littéraire préféré : un peu de tout suivant mes humeurs
Date d'inscription : 14/10/2011
Sujets similaires
» [Borny, Nil] Le début de la faim
» [Mazetti, Katarina] La fin n'est que le début
» [Rey, Nicolas] Un début prometteur
» [Bégaudeau, François] Au début
» [Rigal-Goulard, Sophie] Colombe à l’hôtel du lac - Tome 1 : Le début d’une nouvelle vie
» [Mazetti, Katarina] La fin n'est que le début
» [Rey, Nicolas] Un début prometteur
» [Bégaudeau, François] Au début
» [Rigal-Goulard, Sophie] Colombe à l’hôtel du lac - Tome 1 : Le début d’une nouvelle vie
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|