[Weller, Marianne] Idoles
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[Weller, Marianne] Idoles
Idoles
Marianne Weller
L'Atelier des cahiers, collection Essais
Mars 2020
164 pages
ISBN : 979-10-91555-63-0
Marianne Weller
L'Atelier des cahiers, collection Essais
Mars 2020
164 pages
ISBN : 979-10-91555-63-0
Résumé de l'éditeur :
En 2004, un nouveau groupe de cinq chanteurs fait ses débuts en Corée du Sud. Le plus jeune a quinze ans, le plus âgé dix-sept. Ils se sont rencontrés par hasard, réunis par la plus grosse agence de production du pays. Ils vont devenir le groupe le plus célèbre de toute l'Asie, battant tous les records de popularité. Et les meilleurs amis du monde. Mais, pour trois d'entre eux, la liberté compte plus encore. En 2009, entouré d'une pression médiatique énorme, le groupe vole en éclat et les ennuis commencent... Un récit inspiré de l'histoire du groupe TVXQ ! , stars incontestées de la deuxième génération de K-Pop, longtemps pris pour modèles par les groupes d'aujourd'hui. Un parcours de découverte où se confrontent les générations, entre intérêts économiques, respect des traditions et quête de reconnaissance individuelle. Ce récit documenté et vivant, donnant aussi la parole aux fans, est une excellente introduction à l'univers de la K-pop. Au-delà du groupe pris comme exemple, il permet de comprendre la fascination qu'exercent aujourd'hui les groupes sud-coréens et leur incroyable succès planétaire.
Mon avis :
Cela fait un certain temps que ce livre figurait sur mes étagères et que j'avais envie de le découvrir. C'est un genre curieux, extrêmement documenté, mais raconté de l'intérieur, à travers le point de vue du chanteur de ce groupe de KPOP de la 2ème génération, TVXQ! (ou encore DBSK en coréen), car c'est bien du parcours de Kim Jae Joong qu'il est question.
J'avoue que, si je suis devenue comme l'auteure fan de KPOP par la force des choses, ou plutôt par la force de conviction de mes filles, qui sont une véritable encyclopédie vivante du genre, je ne connaissais pas ce groupe, ni même les groupes de la 2nde génération. Et pourtant, jugez plutôt : 3 de ces 5 garçons ont intenté un procès à leur prestigieuse maison de production, la SM, et ont eu gain de cause. Et pourquoi ? Etait-ce en raison des conditions inhumaines dans lesquelles on les faisait vivre ? A savoir 4 heures de sommeil par nuit, 10h d'entraînement par jour, et une semaine de vacances pour voir leur famille à Noël ? Même pas ! Ils sont allés jusqu'au procès, parce que ces jeunes artistes accomplis (entraînement féroce en chant et danse) n'étant que des produits, on allait les séparer en sous-unités pour mieux les vendre dans différents pays, et ils ne voulaient pas être séparés.
Le récit relate cette fin saisissante, et les conditions dans lesquelles le groupe formé par les 3 transfuges, Hero, Micky et Xiah de leurs noms de scène, a pu remonter la pente, malgré une immense détresse et révolte. Pensez que la SM les a fait totalement bannir des médias à l'époque, qu'ils ne pouvaient plus donner de concerts en Corée, puis au Japon, et ont dû enregistrer leur premier album en Californie. On apprend le rôle décisif qu'ont joué les fans, dont on ne dira jamais assez quelle force d'organisation ils peuvent déployer dans le monde entier, allant jusqu'à louer des pages dans les médias pour faire parler de leur groupe, se déplaçant à l'étranger pour voir leurs idoles en concert. On l'a encore constaté récemment lorsqu'ils ont fait capoter un meeting de Donald Trump juste avant les élections présidentielles.
N'allez pas croire que ce récit soit une apologie de la KPOP sans aucun discernement. Au contraire, l'auteure parvient à rester juste, et à donner un aperçu de la société coréenne à travers le prisme de ce phénomène culturel de la hallyu (la "vague coréenne"), d'une manière toujours mesurée et pragmatique. L'écriture étant par ailleurs d'une grande tenue, et sans compromis, je le considère désormais comme un essentiel, à relire.
Citations :
Tour à tour figurant, colporteur ou serveur de restaurant, il travaille la nuit, après avoir chanté et dansé dix heures le jour, abandonne ses études, va jusqu'à donner son sang pour gagner un repas. En gardera une maigreur effrayante pendant des années.
S'il existe une toute petite chance de réussir, à ce stade, il faut juste tenir. Résister, dans une vie monacale où toute notion de loisir disparaît peu à peu, à mesure que s'espacent les contacts avec amis et famille, sous la pression de l'épuisement et du manque de sommeil. Se concentrer seulement sur le fil des progrès hebdomadaires, évalués par les meilleurs des professeurs, certes, mais aux exigences effrayantes. Affronter au quotidien la peur d'être renvoyé, et l'incertitude totale du jour ni même de l'année, où il sera prêt à "débuter". Dans les cabines de chant et les salles de danse de la SM, ils sont plusieurs dizaines à s'entraîner jour et nuit. Le record d'attente est de sept ans. Beaucoup abandonnent bien avant.
La déprime bohème n'a pas de place dans l'esprit des jeunes chanteurs coréens, où priment les valeurs de travail - jusqu'à l'épuisement ; la recherche permanente de l'amélioration - mais avec humilité ; la gentillesse - voire la naïveté confondante - et le respect d'un ordonnancement précis de la société. Chacun jugera à sa façon.
Avec quatre heures de sommeil par nuit, sept jours de travail par semaine, et ce depuis cinq ans avec une semaine de vacances par an à Noël, le premier grief des trois garçons est le mépris total de leur santé.
Sur les plateaux de télé, lorsque les sommes gigantesques représentées par leurs ventes d'albums leur sont citées, leurs sourires gênés passent pour de l'humilité. La réalité est qu'ils ne connaissent pas ces chiffres. Ils gardent toujours en tête les difficultés de leurs débuts au Japon, investissement budgétaire que la SM dit monstrueux, pour un succès obtenu seulement en trois années d'efforts acharnés. Ils ne savent pas combien ils gagnent et n'ont que l'impression de ne rien gagner. Ils vivent d'avances sur frais, infantilisés dans une gestion de leur budget personnel qui ne peut être qu'anarchique - ce qui, bien sûr, ne manquera pas de leur être reproché.
elea2020- Grand sage du forum
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