[Héléa, Rose] Le Vide de leurs entrailles tome 1 - Quand on n'a que l'amour
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[Héléa, Rose] Le Vide de leurs entrailles tome 1 - Quand on n'a que l'amour
Le Vide de leurs entrailles
Tome 1
Quand on n'a que l'amour
Rose Héléa
438 pages
Auto-édition
31/10/2020
EAN : 9798551007319
Tome 1
Quand on n'a que l'amour
Rose Héléa
438 pages
Auto-édition
31/10/2020
EAN : 9798551007319
Résumé de couverture :
Notre coquine de cigogne a dû boire un mojito de trop et déposer notre bébé dans un champ de patates et pas dans un chou ! »
Marie est solaire et passionnée. Avec Jo, ils forment un couple joyeux, amoureux et rêvent d’une farandole d’enfants.
Après des années d’attente, de FIV et de deuil, Marie traite la cigogne d’ivrogne et de conne. Arrivera-t-elle à concevoir l'extraordinaire ? Son couple survivra-t-il aux épreuves de la procréation médicalement assistée ?
Ce récit relate non seulement la quête d’un couple, mais également les soubresauts d’un monde en décomposition. Avec sa galerie de personnages attachants, il scanne notre société, questionnant l’amour et l’amitié au 21ème siècle. Le récit de la naissance du Mouvement du Vrai Peuple dont le Président s’arroge un pouvoir croissant en s’appuyant sur la peur des microbes et l’urgence climatique donne à ce roman un ton terriblement actuel.
"Quand on a que l'amour" est le premier tome de la saga "Le vide de leurs entrailles"
Un roman d’amour. Un roman d’amitié. Un roman de société. Une dystopie angoissante dans laquelle vous vous reconnaitrez.
Mon avis :
J'ai beaucoup apprécié ce premier tome, découvert tardivement après avoir lu le deuxième. Rose Héléa, auteure rencontrée par facebook, a su conjuguer une expérience très concrète, celle d'un couple engagé dans le parcours de la PMA, du désir d'enfant en souffrance, des effets de ces traitements sur un couple qui "n'a que l'amour", comme le chantait de manière si poignante Jacques Brel, et un arrière-plan dystopique, sur fond de pandémie et de montée des extrêmes...
Nous suivons au fil de ce premier tome d'une "saga" la rencontre de Marie, jeune doctorante, et Jo, dont la formation d'ingénieur n'exclut pas des prises de position marginales et rebelles. Après une seconde rencontre, c'est l'évidence : ils s'aiment et désirent fonder une famille, avoir des enfants ensemble. Mais chacun a ses secrets, notamment Jo, qui a été victime d'une maladie orpheline et a failli mourir quelques années plus tôt, situation qu'il a cachée à tous.
Le couperet tombe lorsque leurs essais infructueux pour que Marie tombe enceinte les amène chez un spécialiste : Jo est stérile. Il va dès lors falloir entamer le parcours des FIV, avec stimulation ovarienne et implantation du fœtus dans l'espoir d'une grossesse. Au commencement était donc l'espoir, mais Marie aura du mal à se relever d'une fausse couche. Elle culpabilise, et son esprit acéré lui fait regarder autour d'elle et analyser sans relâche le fonctionnement de la société, de l'hôpital, les réactions parfois indélicates de leur entourage - ah, le classique des gens qui ne vous entendront pas "vous plaindre", parce qu'ils se protègent du mal que leur fait votre souffrance... De son côté, Jo se renferme, d'autant plus qu'il vit aussi très mal le contexte politique : une épidémie de norovirus a gagné la population, ce qui a fait monter en puissance un nouveau mouvement, le MVP (Mouvement pour le Vrai Peuple), un Parti qui ne dit pas son nom, mais fonctionne à guichets fermés, infiltre toutes les couches de la société, et surtout les médias et réseaux sociaux, rassurant les gens autour du leader charismatique, le Président.
Jo et Marie sauront-ils faire triompher l'amour et non la déception, et retrouver un second souffle ?
Alors que la narration, quoique à la troisième personne, suit de très près les états d'âme de Marie, nous en apprenons énormément sur cette situation particulière des parents à qui une grossesse n'est pas donnée, leur sentiment d'abandon, d'injustice, et l'épée de Damoclès du temps qui passe, ainsi que les choix financiers et professionnels à effectuer. Marie n'est pas toujours tendre envers les réactions et motivations de ses ami.e.s (ou pseudo-ami.e.s), mais jamais elle ne se départ de sa lucidité sur elle-même, d'une admirable capacité à ne pas s'abuser sur ses propres ambivalences et faux-semblants. J'ai rarement lu un roman reposant à ce point sur des dialogues, des analyses poussées de tous nos fonctionnements humains, si humains, avec en même temps cette générosité, cette intelligence du cœur - même si parfois Marie va un peu loin dans l'agressivité, voire une certaine vulgarité. Ce n'est pas pour rien que Marie est celle qui défend toujours l'autre, lui trouve des raisons pour agir, ce qui agace passablement son entourage, qui apprécierait qu'elle ne se fasse pas perpétuellement l'avocat du diable...
J'ai suivi avec un intérêt continu, et même une certaine passion, le parcours des personnages, Marie et Jo bien sûr, mais aussi Karine et ses études de médecine, Paul et ses origines qui deviennent gênantes avec la montée du MVP, Ellie, l'épouse et mère modèle qui n'en peut plus, la famille d'Edouard et Antoine, les deux "frères ennemis" on ne peut plus dissemblables... Chacun des personnages est vrai, attachant et présent, j'ai l'impression de les compter au nombre de mes amis également, et je vais lire rapidement le tome 2 pour retrouver leur compagnie. Le fait d'associer une réalité particulière comme la PMA et un contexte d'anticipation politique dystopique est surprenant, mais il fonctionne bien, d'autant plus qu'il est intéressant de voir comment chacun.e réagit et se positionne par rapport au MVP qui gagne du terrain. On n'aura pas de mal à y voir un parti d'extrême-droite, dans la mesure où il incrimine les étrangers, ces "Sardanapale", de la prétendue incurie de la société moderne. Le MVP prône une santé éclatante, sur la base d'un hygiénisme contraignant, du refus des microbes et de la promiscuité, et de l'usage des nouvelles technologies.
C'est le seul point où pour moi le bât blesse, un point de pure logique : nous étions déjà en 2020 dans un contexte pandémique, et les sujets abordés par Rose Héléa ont été on ne peut plus rebattus et mis en avant. Toutefois, je n'ai pu que constater que la présence de l'extrême-droite était plutôt du côté anti-hygiène, prônant le laisser-faire, niant même l'épidémie et les morts qu'elle a entraînés, par suite des déclarations fracassantes d'un certain Président des États-Unis ; puis basculant totalement dans les fake-news à partir du moment où le vaccin anti-COVID est arrivé sur le marché et dans nos vies. J'ai du mal de ce fait à situer les personnages qui vont résister au MVP : seront-ils comme Marie réticents à la médecine consensuelle, et réceptifs aux médecines douces (impressionnant marché financier pourtant, et non des moindres) ? Je reste toutefois attentive, cette réserve faite, à la suite de cette intéressante série tout juste commencée.
Citations :
- Ces repas sont conçus pour leur équilibre nutritionnel, pour vous apporter suffisamment de vitamines.
(...)
- Ça, c'est le discours officiel. Officieusement, l'objectif de ces plats est de nous passer l'envie de vivre afin d'alléger le budget trop fragile de l'État. Par dégoût, on se fout en l'air et on coûte moins cher. Parce que, personnellement, la note de ma prise en charge doit être plus salée que ma pauvre soupe. (Page 60)
Marie réalisait que, dans l'âpreté du combat quotidien, pour survivre ou pour donner la vie, le goût des choses simples s'évaporait. Dans le deuil, dans la maladie, dans la pauvreté, dans l'exil, dans la guerre, dans le simple ennui, la beauté de la vie s'effilochait. La laideur distillait son venin dans chaque interstice du quotidien, comme le sang s'insinue entre les lames d'un parquet ou au cœur de chaque fibre d'un tissu. (Page 238)
Se promener représentait un risque. Il pouvait y avoir un ventre en approche, pointé vers elle. En attaque. Marie tentait de les éviter, allant jusqu'à changer de trottoir. Sans aucune échappatoire possible, elle se sentait coincée, face à cette affirmation ronde qui semblait opérer un piqué en direct vers elle, tel un vautour ayant repéré une proie à l'agonie. (Page 239)
Tour à tour et parfois dans la même journée, elle était professeure particulière, caissière, vendeuse. Elle avait, pendant un trimestre, occupé le poste de magasinière dans une grande surface, elle rentrait épuisée et écœurée d'avoir dû jeter non seulement des lots de fruits et légumes tout à fait comestibles, mais surtout des livres invendus. Il lui était arrivé d'en sauver discrètement et elle avait été congédiée. (Page 265)
On n'est pas des candidats à la maternité. Pourtant Jo et moi, cette attente nous définit. Comme elle définit ceux qui sont porteurs d'une maladie mortelle. Ceux qui sont dans l'expectative des résultats d'une biopsie, d'une IRM, d'une prise de sang connaissent ça. Nous on ne vit plus que dans l'attente. Des fantômes de salle d'attente. Incapables de vivre dans le présent et perdant leur temps à se projeter dans un avenir où tout est incertain. (Page 272)
Dernière édition par joëlle le Lun 25 Avr 2022 - 8:42, édité 1 fois (Raison : Mises aux normes du nom de l'auteur.)
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