[Linhart, Virginie] Une sale affaire
Page 1 sur 1
Votre avis
[Linhart, Virginie] Une sale affaire
Titre : Une sale affaire
Auteur : Virginie Linhart
éditeur : Flammarion
Nombre de pages : 224
Présentation de l’éditeur :
« Ce livre est le récit d’un procès littéraire et des interrogations qu’il a fait naître en moi. Intentée par ma mère et mon ex-compagnon, la procédure visait à empêcher la parution de mon précédent ouvrage, L’Effet maternel. Depuis le jugement et la publication de L’Effet maternel, quatre ans se sont écoulés. Et je n’ai cessé de m’interroger sur l’écriture autobiographique. A qui appartient l’histoire ? C’est à cette question que tente de répondre Une sale affaire. »
Mon avis :
J’ai entendu parler pour la première fois de ce livre en écoutant France info, l’autrice revenait en effet sur la parution de son livre L’effet maternel, et le procès attenté par sa mère et son ex-compagnon. J’avais été curieuse, oui, mais je ne me voyais pas lire ce livre. Comme souvent avec ces sujets « forts » (je pense au Consentement de Vanessa Springora ou à la familia Grande de Camille Kouchner, que l’autrice cite dans son récit), c’est un ami qui m’a prêté cet ouvrage. Je l’ai lu d’une traite cet après-midi, alors que je n’étais pas très en forme, entourée par les tous petits chatons très occupés, Annunziata préférant faire la sieste ailleurs. Voilà pour le contexte.
L’autre contexte, c’est que l’autrice parle des répercussions de mai 68 sur sa famille et leurs proches, l’ultra-sexualisation qu’il en a découlé – dans son milieu. Dans celui de mes parents, cela fut différent. L’engagement politique, oui. Mais s’il est un événement qui a changé les années 70 du tout au tout pour eux, pour toute la famille en fait, c’est la mort de la soeur presque jumelle de ma mère, à l’âge de 23 ans, d’une crise cardiaque. Quelques mois plus tôt, c’était le mari de la soeur aînée de ma mère qui mourrait d’une crise cardiaque, à l’âge de 42 ans – 36 ans, veuve avec six enfants, il est des sujets qui vous passent très haut au-dessus de la tête. Oui, je révèle des événements de leur vie privée, mais je n’ai cité ni leurs prénoms, ni leurs noms de famille, ni leur profession. Et c’est important, comme le découvrira Virginie Linhart.
Ce que je retiens de ce livre ? La dignité. De cette femme, de sa fille aînée, Lune, de ces avocats aussi, brillants et justes, des éditions Flammarion également, qui l’ont soutenu sans condition. Ce procès pose en effet une question simple, celle de la création artistique. Il est impossible de rédiger une autobiographie sans parler des membres de sa famille, même si l’on parle avant tout de soi : petite fille qui a grandi dans les années 70, jeune femme abandonnée, jeune mère qui élève seule sa fille. Ce qui me touche, dans la littérature, c’est quand se parler de soi nous parle d’une époque, trouve des échos dans d’autres vies que la sienne. Combien de jeunes femmes se retrouvent abandonnées en cours de grossesse ? Trop. Combien de belle-mère reste amie vingt ans durant avec l’ex de leur fille, qui n’a jamais souhaité rencontré sa propre fille, au point d’attenter un procès conjointement avec lui pour non respect de la vie privée ? A mon avis, seulement la mère de Virginie Linhart.
L’autrice raconte son besoin viscérale de dire, d’écrire, cette nécessité aussi d’écrire sans parler de ses projets à ses proches, de constater qu’elle n’est pas la seule écrivaine à ne pas parler de ses projets. Si l’on en parle, écrit-on toujours ? Je n’ai pas la réponse. Ce que je pense, en revanche, est que l’accident dont a été victime la jeune femme juste après le procès est lié à toutes les tensions, toutes les douleurs accumulées au cours de ces mois.
Un livre qui nous interroge sur la création littéraire, sur la place que la justice prend parfois dans la création littéraire, sur le fait aussi qu’il est extrêmement rare, de nos jours, qu’un livre soit interdit ou expurgé sur demande d’un tiers.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13141
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Sujets similaires
» [Grimaldi, Virginie] Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie
» [Dru, Marie-Virginie] Aya
» DESPENTES, Virginie
» [Vanos, Virginie] Battue !
» [Vanos, Virginie] L'Exilée
» [Dru, Marie-Virginie] Aya
» DESPENTES, Virginie
» [Vanos, Virginie] Battue !
» [Vanos, Virginie] L'Exilée
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum