[Dordor, Charlotte] Un furieux silence
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[Dordor, Charlotte] Un furieux silence
Titre : Un furieux silence
Auteur : Charlotte Dordor
éditeur : Julliard
Nombre de pages : 223 pages
Présentation de l’éditeur :
« En fait, tu es de ces familles où on est élevé par les bonnes. » Quand sa femme lui lance ces mots, Paul se remémore d’abord les tendresses d’Huguette et de Béatrice, la raideur de son père et le mutisme de sa mère. Puis resurgissent la honte, la violence et les non-dits. Enfant maladif, Paul a grandi tant bien que mal, pour devenir un homme replié sur lui-même, impuissant face aux problèmes de sa propre fille. Un soir d’automne, il revient dans le Limousin, à la Boissonnière, la maison familiale qu’il a quittée trente-trois ans plus tôt, à la suite d’une âpre dispute. Là, il retrouve une histoire qu’il a passé sa vie à essayer d’oublier. La voix de sa sœur Françoise, la petite fille effacée et aimante, et celle de son frère Henri, l’adolescent perspicace et écorché, se mêlent à la sienne pour percer, dans une composition magistrale, les secrets qui ont détruit leur famille et ne cessent, depuis les années 1960, leurs ricochets furieux.
Mon avis :
Peut-on se construire quand on décide de faire table rase du passé, quand on ne veut aucun lien avec son passé ? C’est pourtant ce qu’a fait Paul, 51 ans, qui a rompu tout contact avec son père, qui a eu quelques visites de sa mère, de sa soeur. Il s’est marié, a eu deux enfants. Sa femme, Cléo, lui a toujours dit d’aller de l’avant, de ne pas s’apesentir sur le passé, son passé. Pourtant, aujourd’hui qu’il reste seul, qu’il est le dernier héritier, il doit retourner dans ce qui a été « chez lui », régler quelques affaires, et surtout, comprendre, lui qui n’a pas vu le mal être de sa fille Emilia. Heureusement, de nos jours, les problèmes de santé mentaux sont mieux pris en charge, pour ne pas dire qu’ils sont pris en charge tout court. A une époque, on n’en parlait pas, on en parlait peu, et l’on trouvait moyen de mettre à l’écart ceux qui en souffraient.
L’action se passe en effet entre le passé et le présent. Le passé, ce sont les années 60, sans véritablement qu’elles aient un impact sur l’action, comme si ce qui se passait dans le Limousin était coupé de l’avancée du monde. C’est un monde où monsieur, docteur, dirige sa famille d’une main de maître, c’est à dire tient tout le monde sous son joug, surtout après le décès de sa belle-mère, garante cependant d’un monde rempli de codes immuables, incapable d’aider véritablement sa fille aînée, qui sombre peu à peu et se raccroche à Paul, son petit dernier, enfant perpétuellement malade selon sa mère. Et pourtant, selon Françoise, sa soeur aînée, petite fille délaissée et maltraitée par son frère aîné, il ne faudrait pas grand chose pour qu’il se nourrisse normalement pour ne prendre que cet exemple. Monsieur, cependant, est respecté, parce qu’il respecte les codes, parce qu’il est un homme, un notable, parce que les femmes ont toujours tort, sont toujours les victimes, même aux yeux des autres femmes. Ne pas compter sur la solidarité féminine : à savoir si elle n’existe pas dans ce milieu ou si elle n’existe pas dans ce roman.
Ce qui existe, en revanche, est une nette séparation entre les classes sociales : on ne se mélange pas, les domestiques, les paysans d’un côté, la bourgeoisie de l’autre. Gare aussi à ceux qui auraient des idées subversives, à ceux qui voudraient faire bouger les choses : ce n’est pas bon pour eux non plus. Dans le présent, Paul essaie de comprendre, se rend compte qu’il est désormais trop tard pour poser certaines questions, qu’il est passé (volontairement) à côté de maintes choses. Mal à l’aise aussi, quand il s’agit d’évoquer son frère aîné, Henri – sauf avec André, parce que lui sait. Henri. En dépit de son destin, j’ai détesté ce personnage, et n’ai rien éprouvé à la lecture de son destin tragique, bien au contraire. Tant pis si cela me vaut des commentaires négatifs. Dans ma jeunesse, ma route a trop souvent croisé des Henri qu’on laissait faire en toute impunité.
Un livre étouffant, asphyxiant, un livre dont j’ai eu hâte de sortir.
Auteur : Charlotte Dordor
éditeur : Julliard
Nombre de pages : 223 pages
Présentation de l’éditeur :
« En fait, tu es de ces familles où on est élevé par les bonnes. » Quand sa femme lui lance ces mots, Paul se remémore d’abord les tendresses d’Huguette et de Béatrice, la raideur de son père et le mutisme de sa mère. Puis resurgissent la honte, la violence et les non-dits. Enfant maladif, Paul a grandi tant bien que mal, pour devenir un homme replié sur lui-même, impuissant face aux problèmes de sa propre fille. Un soir d’automne, il revient dans le Limousin, à la Boissonnière, la maison familiale qu’il a quittée trente-trois ans plus tôt, à la suite d’une âpre dispute. Là, il retrouve une histoire qu’il a passé sa vie à essayer d’oublier. La voix de sa sœur Françoise, la petite fille effacée et aimante, et celle de son frère Henri, l’adolescent perspicace et écorché, se mêlent à la sienne pour percer, dans une composition magistrale, les secrets qui ont détruit leur famille et ne cessent, depuis les années 1960, leurs ricochets furieux.
Mon avis :
Peut-on se construire quand on décide de faire table rase du passé, quand on ne veut aucun lien avec son passé ? C’est pourtant ce qu’a fait Paul, 51 ans, qui a rompu tout contact avec son père, qui a eu quelques visites de sa mère, de sa soeur. Il s’est marié, a eu deux enfants. Sa femme, Cléo, lui a toujours dit d’aller de l’avant, de ne pas s’apesentir sur le passé, son passé. Pourtant, aujourd’hui qu’il reste seul, qu’il est le dernier héritier, il doit retourner dans ce qui a été « chez lui », régler quelques affaires, et surtout, comprendre, lui qui n’a pas vu le mal être de sa fille Emilia. Heureusement, de nos jours, les problèmes de santé mentaux sont mieux pris en charge, pour ne pas dire qu’ils sont pris en charge tout court. A une époque, on n’en parlait pas, on en parlait peu, et l’on trouvait moyen de mettre à l’écart ceux qui en souffraient.
L’action se passe en effet entre le passé et le présent. Le passé, ce sont les années 60, sans véritablement qu’elles aient un impact sur l’action, comme si ce qui se passait dans le Limousin était coupé de l’avancée du monde. C’est un monde où monsieur, docteur, dirige sa famille d’une main de maître, c’est à dire tient tout le monde sous son joug, surtout après le décès de sa belle-mère, garante cependant d’un monde rempli de codes immuables, incapable d’aider véritablement sa fille aînée, qui sombre peu à peu et se raccroche à Paul, son petit dernier, enfant perpétuellement malade selon sa mère. Et pourtant, selon Françoise, sa soeur aînée, petite fille délaissée et maltraitée par son frère aîné, il ne faudrait pas grand chose pour qu’il se nourrisse normalement pour ne prendre que cet exemple. Monsieur, cependant, est respecté, parce qu’il respecte les codes, parce qu’il est un homme, un notable, parce que les femmes ont toujours tort, sont toujours les victimes, même aux yeux des autres femmes. Ne pas compter sur la solidarité féminine : à savoir si elle n’existe pas dans ce milieu ou si elle n’existe pas dans ce roman.
Ce qui existe, en revanche, est une nette séparation entre les classes sociales : on ne se mélange pas, les domestiques, les paysans d’un côté, la bourgeoisie de l’autre. Gare aussi à ceux qui auraient des idées subversives, à ceux qui voudraient faire bouger les choses : ce n’est pas bon pour eux non plus. Dans le présent, Paul essaie de comprendre, se rend compte qu’il est désormais trop tard pour poser certaines questions, qu’il est passé (volontairement) à côté de maintes choses. Mal à l’aise aussi, quand il s’agit d’évoquer son frère aîné, Henri – sauf avec André, parce que lui sait. Henri. En dépit de son destin, j’ai détesté ce personnage, et n’ai rien éprouvé à la lecture de son destin tragique, bien au contraire. Tant pis si cela me vaut des commentaires négatifs. Dans ma jeunesse, ma route a trop souvent croisé des Henri qu’on laissait faire en toute impunité.
Un livre étouffant, asphyxiant, un livre dont j’ai eu hâte de sortir.
Sharon- Modérateur
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Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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