[Collette, Sandrine] Madelaine avant l'aube
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[Collette, Sandrine] Madelaine avant l'aube
[Collette, Sandrine] Madelaine avant l'aube
Date de parution : 21/08/2024
Editeur Lattes
Collection Littérature française
Nombre de pages : 252
Résumé :
C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.
Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.
Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.
Avec Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette questionne l’ordre des choses, sonde l’instinct de révolte, et nous offre, servie par une écriture éblouissante, une ode aux liens familiaux.
Ce roman est dans la première sélection Goncourt et Goncourt lycéen.
Mon avis :
Bienvenue à La Foye, et plus précisément Les Montées, petit village appartenant à un grand Seigneur, entouré de forêts et d'une rivière d'un bleu grandiose. Il n'est pas possible de situer précisément la temporalité du roman. Le climat est rude, et les temps sont difficiles pour les habitants alternant les périodes de grand froid et les famines.
C'est certainement après une famine qu'arrive Madelaine.
C'est d'abord Rose, la vieille guérisseuse qui la recueille puis les jumelles Ambre et Aelis prennent le relais. Les saisons vont s'écouler avec Madelaine mais elle restera toujours sauvage, jusqu'au jour où tout bascule...
Incroyable roman de Sandrine Collette, la rudesse est perceptible au lecteur, l'injustice et la détermination aussi. Son style d'écriture est inimitable et son univers si caractéristique.
Je pourrais vous en écrire tant et tant mais je dévoilerai trop de l'histoire...alors je vais être concise.
Juste vous écrire que je me suis pris une claque car j'ai découvert à mi-roman qui était le narrateur de la première "grande" partie de l'histoire, et que je ne suis toujours pas certaine de qui est le second narrateur.
J'aime la façon dont Sandrine Collette bouscule nos certitudes, dès le début on sait qu'il y a un point de retour qui va bouleverser l'ordre du monde mais même en le sachant le lecteur se trouve happé. Une grande force narrative. Un roman qui est une magnifique ode aux liens familiaux, par delà le sang ; et à l'amour. Car sans amour, il n'y a pas de volonté de vivre dans des conditions si rudes.
Un coup de cœur
Elo- Grand sage du forum
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Re: [Collette, Sandrine] Madelaine avant l'aube
Une campagne où les paysans vivent sous le joug d’un « seigneur » qui a tout les droits.
Une petite fille qui vient dont on ne sait d’où bouleverse l’ordre établi par ses colères.
Il y a un drame, on le sait dès le début, mais quel drame, comment en est-on arrivé là ?
Un très bon Sandrine Collette comme d’habitude !
Une petite fille qui vient dont on ne sait d’où bouleverse l’ordre établi par ses colères.
Il y a un drame, on le sait dès le début, mais quel drame, comment en est-on arrivé là ?
Un très bon Sandrine Collette comme d’habitude !
marie do- Grand sage du forum
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Re: [Collette, Sandrine] Madelaine avant l'aube
Elle est arrivée, haute comme trois pommes cette petite Madelaine, dans ce coin du bout du monde, un coin si triste, si pauvre, si terne, un coin où pourtant la beauté est présente. On ne lui a pas posé de questions, aurait-elle pu répondre d’ailleurs, elle est là, elle a faim, alors on la nourrit.
La beauté des jumelles Ambre et Aelis illumine ce sombre lieu qui semble végéter au moyen-âge. La gentillesse de Rose aussi, qui soulage bien des maux. Alors ils se serrent les coudes, partagent le peu qu’ ils ont, bien conscients qu’il y va de la survie de tous. Peu partent, ceux qui partent finissent par oublier d’où ils viennent.
Sandrine Collette nous décrit ce monde triste où même le révolte n’existe pas tant la fatigue, la faim et la rudesse du climat assomment les hommes, les femmes.
Et comme toujours, elle nous prend aux tripes, elle nous fait vivre le pire pour nous mener vers le meilleur.
Encore un moment de lecture intense, magique. Un grand merci à Sandrine Collette.
Les lectures de Joëlle.
La beauté des jumelles Ambre et Aelis illumine ce sombre lieu qui semble végéter au moyen-âge. La gentillesse de Rose aussi, qui soulage bien des maux. Alors ils se serrent les coudes, partagent le peu qu’ ils ont, bien conscients qu’il y va de la survie de tous. Peu partent, ceux qui partent finissent par oublier d’où ils viennent.
Sandrine Collette nous décrit ce monde triste où même le révolte n’existe pas tant la fatigue, la faim et la rudesse du climat assomment les hommes, les femmes.
Et comme toujours, elle nous prend aux tripes, elle nous fait vivre le pire pour nous mener vers le meilleur.
Encore un moment de lecture intense, magique. Un grand merci à Sandrine Collette.
Les lectures de Joëlle.
joëlle- Modérateur
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Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Collette, Sandrine] Madelaine avant l'aube
Dans cette campagne française d’autrefois ravagée par les pluies et les hivers glaciaux, la famine et les épidémies, le tout sous le joug impitoyable et brutal du servage – pourquoi pas durant le Grand Hiver 1709 dans le Morvan cher à l’auteur ? –, l’ordre pyramidal du monde féodal semble immuable, les gueux écrasés par l’impôt et l’arbitraire d’un pouvoir sans limite si tant est qu’il leur arrive de survivre aux conditions extrêmes qui les réduisent à l’état d’êtres « rachitiques, minuscules et fripés », usés et sans espoir. Pourtant, si les hommes « se plient [et] s’habituent à tout [parce qu’]ils ne veulent pas mourir », la révolte finit souvent par venir des femmes, « prêtes à donner leur sang pour leurs enfants ». Ainsi adviendra-t-il dans cette histoire que son imprécision de lieu et d’époque, comme ces contes commençant par « il était une fois », pare d’une tonalité universelle et atemporelle.
Isolé sur un pan de terre ingrate par le Basilic, un fleuve au nom de reptile légendaire, démoniaque et mortel, le hameau des Montées ne compte que trois minuscules et misérables fermes, comme toutes celles de la région la propriété du seigneur d’Ambroisie, nom encore une fois mythologique évocateur d’onction divine. Menés par le goût du sang, les hommes du château, qui, lorsqu’ils ne guerroient pas, aiment à chasser aussi bien serfs que cerfs aventurés hors de leurs tanières, saignent si bien leurs paysans dans tous les sens du terme que, sur leurs terres exsangues, l’on meurt aussi bien de faim, de froid et de maladie, que de la terreur meurtrière qu’ils y font régner. Adultes et enfants y triment du lever au coucher, avec pour seul prix de leurs efforts l’épuisement qui leur permettra peut-être d’échapper encore un peu à la mort qui décime silencieusement leurs rangs. Pas « le droit d’être chagrin », juste « les coups et l’entêtement à [se] redresser pour [se] rendre forts ». « Obligés d’être invulnérables, de refouler peurs et désespoirs au fond des ventres, [ils] crèv[ent] du manque d’amour ».
C’est alors que, « fille de faim » condamnée à l’errance sauvage par les siens « crevés des famines », une enfant se laisse attraper aux Montées alors qu’elle venait y voler quelque rognure perdue. Prise sous l’aile des femmes promptes à défendre et aimer une de leurs semblables dans le monde sec et sans âme de leurs hommes et fils endurcis, la fillette grandira, pleine de courage mais aussi la rage au coeur, menant irrémédiablement les habitants des Montées au drame qui fera exploser leur vie en même temps que leur soumission ancestrale. La bascule du récit interviendra en son milieu, en une surprise narrative des plus réussies et originales.
Une fois de plus, Sandrine Collette réussit à nous tenir dans le poing d’une narration tout en force et en intensité, tendue et rythmée par l’affrontement entre humanité et sauvagerie, que ce soit celle des hommes entre eux ou des hommes face à une nature puissamment âpre et impérieuse, aux débordements dévastateurs. Ce sont encore les liens familiaux qui sous-tendent la lutte pour la survie dans l’ébranlement d’un monde condamné à terme à l’écroulement. Terriblement noir et pourtant lumineux dans son combat entre tendresse et cruauté, injustice et liberté, c’est aussi un livre poétique d’une grande beauté, sur la survenance, à force de douleur et de rage, de l’étincelle qui finira par mettre le feu aux ténèbres, annonçant l’aube d’un monde nouveau et plein d’espoir. Coup de coeur. (5/5)
Isolé sur un pan de terre ingrate par le Basilic, un fleuve au nom de reptile légendaire, démoniaque et mortel, le hameau des Montées ne compte que trois minuscules et misérables fermes, comme toutes celles de la région la propriété du seigneur d’Ambroisie, nom encore une fois mythologique évocateur d’onction divine. Menés par le goût du sang, les hommes du château, qui, lorsqu’ils ne guerroient pas, aiment à chasser aussi bien serfs que cerfs aventurés hors de leurs tanières, saignent si bien leurs paysans dans tous les sens du terme que, sur leurs terres exsangues, l’on meurt aussi bien de faim, de froid et de maladie, que de la terreur meurtrière qu’ils y font régner. Adultes et enfants y triment du lever au coucher, avec pour seul prix de leurs efforts l’épuisement qui leur permettra peut-être d’échapper encore un peu à la mort qui décime silencieusement leurs rangs. Pas « le droit d’être chagrin », juste « les coups et l’entêtement à [se] redresser pour [se] rendre forts ». « Obligés d’être invulnérables, de refouler peurs et désespoirs au fond des ventres, [ils] crèv[ent] du manque d’amour ».
C’est alors que, « fille de faim » condamnée à l’errance sauvage par les siens « crevés des famines », une enfant se laisse attraper aux Montées alors qu’elle venait y voler quelque rognure perdue. Prise sous l’aile des femmes promptes à défendre et aimer une de leurs semblables dans le monde sec et sans âme de leurs hommes et fils endurcis, la fillette grandira, pleine de courage mais aussi la rage au coeur, menant irrémédiablement les habitants des Montées au drame qui fera exploser leur vie en même temps que leur soumission ancestrale. La bascule du récit interviendra en son milieu, en une surprise narrative des plus réussies et originales.
Une fois de plus, Sandrine Collette réussit à nous tenir dans le poing d’une narration tout en force et en intensité, tendue et rythmée par l’affrontement entre humanité et sauvagerie, que ce soit celle des hommes entre eux ou des hommes face à une nature puissamment âpre et impérieuse, aux débordements dévastateurs. Ce sont encore les liens familiaux qui sous-tendent la lutte pour la survie dans l’ébranlement d’un monde condamné à terme à l’écroulement. Terriblement noir et pourtant lumineux dans son combat entre tendresse et cruauté, injustice et liberté, c’est aussi un livre poétique d’une grande beauté, sur la survenance, à force de douleur et de rage, de l’étincelle qui finira par mettre le feu aux ténèbres, annonçant l’aube d’un monde nouveau et plein d’espoir. Coup de coeur. (5/5)
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