[Sorente, Isabelle] La femme et l'oiseau

Éditions JC LAttès
EAN : 9782709668712
370 pages

Présentation de l'éditeur

Lorsque sa fille, Vina, est exclue du lycée pour avoir menacé un camarade, Elizabeth décide de se réfugier avec elle en Alsace chez son grand-oncle Thomas.
Dans cette maison en lisière de forêt, tous trois s'observent et s'apprivoisent. Malgré-nous, pris au piège de combats qu'ils n'ont pas choisis, ils le sont tous les trois : Thomas précipité dans le chaos du front de l'Est; Elizabeth qui ne vit que pour sa fille et son travail; Vina, l'adolescente emportée par une violence qui la dépasse. Bientôt la jeune fille est fascinée par ce grand-oncle qui communique avec les oiseaux et semble lire les pensées.
Ces dons, Thomas les a acquis pendant la guerre. Quand il lui a fallu survivre dans les rangs de l'armée allemande, puis emprisonné au camp de Tambov. Quand il a rencontré le faucon pour la première fois.

Mon avis

Ayant grandi en Moselle dans les années 90, je connaissais l'expression de Malgré-Nous. Les grands-pères de beaucoup de mes amis, lorrains ou alsaciens, ont été mobilisés sous le pavillon de l'Allemagne nazie. Les récits s'arrêtaient souvent là, au moment de la formule "Malgré Nous". Au-delà du terme, tout m'était inconnu : la chronologie, les campagnes auxquelles ces combattants ont participé, la nature de leurs relations avec les soldats allemands et plus encore bien sûr leurs sentiments pendant et après la guerre.

A partir d'un témoignage réel, Isabelle Sorente a inventé l'histoire de Thomas pour incarner ce parcours et en faire perdurer la mémoire. Selon les chapitres, on alterne entre la vie du jeune Thomas parti au front avec son frère et celle du vieil homme âgé qui accueille sa famille éloignée dans les Vosges. La jeunesse est donc toujours présente, celle de Thomas dans les années 1940 et celle de Vina, son arrière-petite-nièce, aujourd'hui. Grâce à leurs points de vue entrecroisés, à la présence obstinée et presque surnaturelle de la forêt et de ses oiseaux, on parvient à traverser le livre sans se laisser engluer dans l'horreur des tranchées et des camps. Comme Thomas, qui, sans détourner les yeux, choisit le camp de la vie. Une longue vie, digne, secrète, que j'ai eu le plus grand plaisir à découvrir dans ces pages.

Merci Algue pour ta belle critique, je me note