[Dugain, Marc] En bas, les nuages
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En bas, les nuages, Marc Dugain
[Dugain, Marc] En bas, les nuages
En bas, les nuages, Marc Dugain (Flammarion, 2009)
Quatrième de couverture :
Sept récits liés par un fil narratif : comme un détail détaché d’une photo, c’est un fait anodin dans l’un qui déclenchera le suivant. Marc Dugain suit sept hommes vivant aujourd’hui, en Dordogne, au Maroc, aux Etats-Unis ou dans une île lointaine. Les uns sont cyniques, les autres doux et rêveurs, mais tous sont plongés dans les eaux troubles de la vie quotidienne. Ils surnagent, ils s’adaptent, ils essayent de s’en sortir.
Tous perdants ?
Dugain ne nous éclairera pas là-dessus. Il choisit de raconter, tout simplement raconter, et son art de la mise en scène nous surprend à chacune de ses histoires.
Mon avis :
La quatrième de couverture est, outre une légère exagération sur le pseudo « enchaînement » de ces récits, plutôt fidèle au contenu : des destins différents qui ont tous en commun d’être ceux de personnages plus ou moins abîmés, et en pleine tourmente. Maintenant, j’avoue avoir attendu une éblouissante transposition écrite de ce qui, au cinéma, aurait été un film choral*. Déception sur ce coup : en fait de destins croisés, d’éléments anodins déclencheurs d’autre chose dans la vie d’un autre, cette notion-là est vraiment anecdotique. Au fil de la lecture, on se dit tout au plus : « Ah, tiens, c’est là qu’il a recasé ça ! ». Ca n’a rien de bluffant, à tel point que j’ai dû relire certaines histoires en diagonale pour repérer où étaient ces fameux « déclencheurs » (signe que, malgré tout, on se prend un peu au jeu quand même et qu’on ne peut pas reprocher à l’auteur d’avoir cousu tout ça de fil blanc !). Mais j’avoue avoir espéré quelque chose de plus spectaculaire.
Ce livre contient donc 7 nouvelles :
- Eileen
- La bonté des femmes
- Légende naïve de l’ouest lointain
- Les vitamines du soleil
- Montparnasse
- Vent d’est
- Les lucioles de jade
C’est toujours difficile je trouve de résumer une nouvelle parce que l’intérêt réside dans la situation, plus que dans les péripéties, mais voilà un peu ce qu’on peut croiser dans En bas, les nuages : une femme, vivant en marge de la société dans une île lointaine, qui recueille un jeune déserteur de l’armée américaine ; un éditeur qui, face à une épidémie dont la menace s’avère sérieuse, veut protéger sa maîtresse et son fils illégitime, et les accueille dans son bunker à la campagne au milieu de sa femme et ses enfants ; un jeune homme sur la route du succès qui va voir son « rêve américain » balayé par les attentats du 11 septembre ; un dramaturge autrefois impliqué dans une affaire de meurtre qui se retrouve face à la juge d’instruction qui était responsable de l’enquête ; un homme qui va donner un nouvel élan à sa vie et son couple ; un artiste peintre, dont la place dans le monde social et économique est pour le moins floue, qui s’isole à la campagne ; un homme solitaire d’une cinquantaine d’années qui rencontre une jeune fille un peu désenchantée.
Les thèmes évoqués me sont chers pour certains : la solitude, la difficulté à trouver sa place dans la société, l’ambivalence de nos caractères face à un choix ou une épreuve, un certain désenchantement mêlé de légèreté, et les questions existentielles (qui suis-je, où cours-je, dans quel état j’erre ?) … Ca laisse un goût mélancolique pas désagréable.
Les situations sont plutôt intéressantes même si, une fois lues, toutes les nouvelles ne le sont pas : la première et la dernière sont les plus réussies (les plus courtes aussi), et fonctionnent en miroir. Deux personnages d’âge mur et en marge de la société rencontrent deux jeunes gens en quête d’un refuge, qu’il soit physique ou psychologique. Hormis celles-ci, seule la "Légende naïve de l’ouest lointain" reste un peu plus en mémoire que les quatre autres. J’ai dû, là encore, relire le reste en diagonale pour pouvoir écrire ma critique alors que j’ai fini le livre hier…
L’ensemble forme un tout assez équilibré, dont la continuité est assurée par ce fameux « fil » qui lie une histoire à l’autre ainsi que par la nature précaire, instable, délicate de chacune des situations, et les fait que tous sont face à des tempêtes. Ainsi on peut quand même presque parler plus de roman choral que d’un simple recueil de nouvelles alignées (d’ailleurs, pour l’anecdote, Pulp Fiction est à l’origine la réunion de trois courts métrages, forme dont on peut estimer qu’elle est au long métrage ce que la nouvelle est au roman). Je ne remets donc pas en cause l’intérêt formel, d’autant que les nouvelles répondent bien à ce qui pour moi est l’atout majeur de ce style littéraire, comme celui d’un court métrage : l’absence de schéma narratif conventionnel.
A mon sens, En bas, les nuages pêche par le contenu : malgré des idées très intéressantes, et des passages qui méritent citation (c’est fait !), ça part dans tous les sens. Politique, religion, couple, société, art, sexe, famille, … Tout y passe. Ça ne manque certes pas d’intérêt, mais c’est trop dense. On pourrait faire ici le reproche qu’on fait à certains réalisateurs sur leurs premiers films, qui veulent faire dans l’épate : une forme ambitieuse pour un fond qui, à force d’accumuler les bonnes idées sans en choisir vraiment aucune, sonne creux. Dommage de la part d’un auteur qui, pourtant, n’est pas un débutant…
En définitive : on en sort comme d’une séance de cinéma où le film était très joli visuellement, mais où le reste nous a laissés perplexes : on se demande si on a aimé ou pas. De bonnes choses qui font qu’on porte sur l’ensemble un regard bienveillant, mais rien de plus. Férus de nouvelles, amateurs de curiosités, allez-y, mais ne vous attendez pas aux récits qui vont bouleverser votre vie de lecteur (prenez-le à la bibliothèque, ou attendez l’édition poche). Quant à ceux qui ne sont pas familiers du genre, je déconseille de commencer par là !
*nb : pour ceux qui ne sont pas familiers de la notion de film choral, c’est l’idée de destins croisés, de personnages qui n’ont rien à voir les uns avec les autres mais qui sont reliés d’une façon ou d’une autre par un élément ou un instant de leur vie. Parmi les plus emblématiques on trouve Pulp Fiction de Quentin Tarantino, et parmi les plus réussis (à mon goût !) Babel de Alejandro Gonzalez Inarritu et Paris de Cédric Klapisch.
Quatrième de couverture :
Sept récits liés par un fil narratif : comme un détail détaché d’une photo, c’est un fait anodin dans l’un qui déclenchera le suivant. Marc Dugain suit sept hommes vivant aujourd’hui, en Dordogne, au Maroc, aux Etats-Unis ou dans une île lointaine. Les uns sont cyniques, les autres doux et rêveurs, mais tous sont plongés dans les eaux troubles de la vie quotidienne. Ils surnagent, ils s’adaptent, ils essayent de s’en sortir.
Tous perdants ?
Dugain ne nous éclairera pas là-dessus. Il choisit de raconter, tout simplement raconter, et son art de la mise en scène nous surprend à chacune de ses histoires.
Mon avis :
La quatrième de couverture est, outre une légère exagération sur le pseudo « enchaînement » de ces récits, plutôt fidèle au contenu : des destins différents qui ont tous en commun d’être ceux de personnages plus ou moins abîmés, et en pleine tourmente. Maintenant, j’avoue avoir attendu une éblouissante transposition écrite de ce qui, au cinéma, aurait été un film choral*. Déception sur ce coup : en fait de destins croisés, d’éléments anodins déclencheurs d’autre chose dans la vie d’un autre, cette notion-là est vraiment anecdotique. Au fil de la lecture, on se dit tout au plus : « Ah, tiens, c’est là qu’il a recasé ça ! ». Ca n’a rien de bluffant, à tel point que j’ai dû relire certaines histoires en diagonale pour repérer où étaient ces fameux « déclencheurs » (signe que, malgré tout, on se prend un peu au jeu quand même et qu’on ne peut pas reprocher à l’auteur d’avoir cousu tout ça de fil blanc !). Mais j’avoue avoir espéré quelque chose de plus spectaculaire.
Ce livre contient donc 7 nouvelles :
- Eileen
- La bonté des femmes
- Légende naïve de l’ouest lointain
- Les vitamines du soleil
- Montparnasse
- Vent d’est
- Les lucioles de jade
C’est toujours difficile je trouve de résumer une nouvelle parce que l’intérêt réside dans la situation, plus que dans les péripéties, mais voilà un peu ce qu’on peut croiser dans En bas, les nuages : une femme, vivant en marge de la société dans une île lointaine, qui recueille un jeune déserteur de l’armée américaine ; un éditeur qui, face à une épidémie dont la menace s’avère sérieuse, veut protéger sa maîtresse et son fils illégitime, et les accueille dans son bunker à la campagne au milieu de sa femme et ses enfants ; un jeune homme sur la route du succès qui va voir son « rêve américain » balayé par les attentats du 11 septembre ; un dramaturge autrefois impliqué dans une affaire de meurtre qui se retrouve face à la juge d’instruction qui était responsable de l’enquête ; un homme qui va donner un nouvel élan à sa vie et son couple ; un artiste peintre, dont la place dans le monde social et économique est pour le moins floue, qui s’isole à la campagne ; un homme solitaire d’une cinquantaine d’années qui rencontre une jeune fille un peu désenchantée.
Les thèmes évoqués me sont chers pour certains : la solitude, la difficulté à trouver sa place dans la société, l’ambivalence de nos caractères face à un choix ou une épreuve, un certain désenchantement mêlé de légèreté, et les questions existentielles (qui suis-je, où cours-je, dans quel état j’erre ?) … Ca laisse un goût mélancolique pas désagréable.
Les situations sont plutôt intéressantes même si, une fois lues, toutes les nouvelles ne le sont pas : la première et la dernière sont les plus réussies (les plus courtes aussi), et fonctionnent en miroir. Deux personnages d’âge mur et en marge de la société rencontrent deux jeunes gens en quête d’un refuge, qu’il soit physique ou psychologique. Hormis celles-ci, seule la "Légende naïve de l’ouest lointain" reste un peu plus en mémoire que les quatre autres. J’ai dû, là encore, relire le reste en diagonale pour pouvoir écrire ma critique alors que j’ai fini le livre hier…
L’ensemble forme un tout assez équilibré, dont la continuité est assurée par ce fameux « fil » qui lie une histoire à l’autre ainsi que par la nature précaire, instable, délicate de chacune des situations, et les fait que tous sont face à des tempêtes. Ainsi on peut quand même presque parler plus de roman choral que d’un simple recueil de nouvelles alignées (d’ailleurs, pour l’anecdote, Pulp Fiction est à l’origine la réunion de trois courts métrages, forme dont on peut estimer qu’elle est au long métrage ce que la nouvelle est au roman). Je ne remets donc pas en cause l’intérêt formel, d’autant que les nouvelles répondent bien à ce qui pour moi est l’atout majeur de ce style littéraire, comme celui d’un court métrage : l’absence de schéma narratif conventionnel.
A mon sens, En bas, les nuages pêche par le contenu : malgré des idées très intéressantes, et des passages qui méritent citation (c’est fait !), ça part dans tous les sens. Politique, religion, couple, société, art, sexe, famille, … Tout y passe. Ça ne manque certes pas d’intérêt, mais c’est trop dense. On pourrait faire ici le reproche qu’on fait à certains réalisateurs sur leurs premiers films, qui veulent faire dans l’épate : une forme ambitieuse pour un fond qui, à force d’accumuler les bonnes idées sans en choisir vraiment aucune, sonne creux. Dommage de la part d’un auteur qui, pourtant, n’est pas un débutant…
En définitive : on en sort comme d’une séance de cinéma où le film était très joli visuellement, mais où le reste nous a laissés perplexes : on se demande si on a aimé ou pas. De bonnes choses qui font qu’on porte sur l’ensemble un regard bienveillant, mais rien de plus. Férus de nouvelles, amateurs de curiosités, allez-y, mais ne vous attendez pas aux récits qui vont bouleverser votre vie de lecteur (prenez-le à la bibliothèque, ou attendez l’édition poche). Quant à ceux qui ne sont pas familiers du genre, je déconseille de commencer par là !
*nb : pour ceux qui ne sont pas familiers de la notion de film choral, c’est l’idée de destins croisés, de personnages qui n’ont rien à voir les uns avec les autres mais qui sont reliés d’une façon ou d’une autre par un élément ou un instant de leur vie. Parmi les plus emblématiques on trouve Pulp Fiction de Quentin Tarantino, et parmi les plus réussis (à mon goût !) Babel de Alejandro Gonzalez Inarritu et Paris de Cédric Klapisch.
Invité- Invité
Re: [Dugain, Marc] En bas, les nuages
Merci pour ta critique Cha-Mallow, mais sincèrement, je crois que je ne lirai pas ce recueil de nouvelles. Pourtant, j'aime ce genre littéraire quoique je pense qu'un recueil de nouvelles ne relie pas nécessairement ces textes par un fil conducteur et j'apprécie un bon film choral de temps en temps (si ce n'est qu'un film choral réussi est une denrée rare).
Sharon- Modérateur
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Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Dugain, Marc] En bas, les nuages
bien sûr il n'y a pas nécessairement de fil conducteur, il y en a même rarement. C'est ce qui fait l'originalité de celui-là. Quoi qu'il en soit, je pense que tu ne rates pas grand chose en ne le lisant pas. Quand 1/4 seulement d'un livre "vaut le coup", on se demande si ça en vaut bien la peine...
Invité- Invité
Re: [Dugain, Marc] En bas, les nuages
Je suis aussi mitigée sur ce livre de nouvelles. Je n'ai pas toujours réussi à trouver le fil conducteur, mais cela n'est pas important. Sur les sept histoires, seules deux m'ont vraiment plu : Eileen et la légende naïve de l'ouest lointain. Pour ces deux nouvelles, je ne regrette pas ma lecture, même si j'ai eu moins de plaisir dans les autres.
beagle- Membre assidu
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Date d'inscription : 21/08/2010
Re: [Dugain, Marc] En bas, les nuages
Je suis en train de le lire et... bof. Je n'ai pas pu lire la première car j'ai vu le film ou téléfilm que j'avais aimé et je ne peux pas lire après avoir vu le film !!! pour le reste, bof
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