[Sanaïev, Pavel] Enterrez moi sous le carrelage

par Invité Jeu 6 Mai 2010 - 9:16

Titre: enterrez moi sous le carrelage
Auteur: Sanaïev Pavel
[Sanaïev, Pavel] Enterrez moi sous le carrelage 97822611

Présentation de l'éditeur
Enterrez-moi sous le carrelage est la première œuvre littéraire de Pavel Sanaïev. Il y brosse un tableau étonnant de la « folie ordinaire » d’une famille russe, à l’aide d’une écriture qui en fait un auteur à part dans les lettres russes contemporaines.

Le récit est articulé autour du personnage d’un enfant, Sacha Savéliev, qui se fait le narrateur de son propre martyre. Arraché à sa mère par ses grands-parents, l’enfant malade est malmené par sa terrible grand-mère, égarée dans un mélange de folie et d’amour sans limites pour son petit fils, qu’elle protège tout en le couvrant d’injures et en le gavant de médicaments La succession de scènes montrant Sacha aux prises avec une réalité absurde contribue à donner au style de Sanaïev un caractère théâtral et comique. Le personnage de la grand-mère, à la fois pathétique dans sa démence et admirable dans son dévouement, incarne la folie mêlée de tendresse qui imprègne l’atmosphère de ce roman tendre et burlesque.

Mon avis:
Aux premières lignes j'avais déjà accroché! Un style décapant, une grand mère vulgaire à souhait, dans le burlesque même. Puis, au bout d'un moment j'ai eu un doute...L'auteur n'en fait il pas un peu trop? Mais finalement je l'ai lu d'une traite, en me disant qu'après tout, puisque cette femme était folle, autant jouer la carte du délirant jusqu'au bout!
«- Maudit chourineur, Tatar de malheur ! hurle grand-mère en secouant le radiateur d'un geste belliqueux et en tapotant de son autre main sa jupe fumante. Que le ciel, que Dieu, que la terre, les oiseaux, les poissons, les hommes, les océans, que l'air te maudissent !
C'était la malédiction préférée de grand-mère.»
Cette grand mère, sa "petite mémé" tente envers et contre tout de protéger son petit fils sacha, contre la pourriture certaine qui le guette pour ses 16ans. Et oui, car Sacha, loin d'être un petit garçon normal est malade, il a, aux dires de sa grand mère: un staphylocoque doré, de l’asthme, une colite, une pancréatite, une sinusite chronique, et bien d’autres maux encore…Régime drastique, lubies étranges, médicaments à tous vents, bonnets en éponges et bien d'autres élucubrations surprenantes protègent donc Sacha d'une pourriture promise.
Cette grand mère, complètement folle, nous touche pourtant, la folie qui la dévore, l'amour fou qu'elle a pour son petit fils, son histoire...Sa haine de sa fille, sa colère, sa peur, toutes ces émotions brutes qui lui permettent de survivre et de vivre!
Et puis Sacha là dedans qui essaie tant bien que mal de grandir, de rêver et de comprendre la folie qui l'entoure.
J'ai adoré ce livre qui m'a touché par la justesse de ce qu'il raconte: la folie de l'amour maternelle(car c'est bien de cela qu'il s' agit, de cette femme qui essaie de réparer son échec en tant que mère) et sa destructivité, sa violence et la façon dont celà nous touche en même temps!
Tour à tour, c'est Sacha, son grand père, sa mère et sa grand mère que l'on aimerait prendre dans ses bras pour les consoler des maux de la vie!

Petit extrait que j'ai noté car j'ai trouvé qu'il racontait ce que tant de maman pourrait dire de leurs enfants:
" la peur que j'éprouve pour lui c'est comme un fil que me relie à lui, qui s'étire et où qu'il soit, je ressent tout, s'il tombe, mon âme tombe comme un caillou, s'il se coupe, son sang coule sur mes nerfs à vif; quand il court tout seul dans la cour, c'est comme si mon coeur y courait tout seul et qu'il piétinait la terre abandonnée. Un amour pareil est pire qu'un châtiment il n'en résulte que de la douleur, mais qu'y puis s'il en est ainsi? Je pourrais hurler à cause de cet amour, mais sans lui, pourquoi devrais-je vivre? Ce n'est qu'en son nom que j'ouvre les yeux le matin, je les fermerais toujours et avec joie si je ne savais pas que je lui suis nécessaire, que je peux abréger ses souffrances. "