[Gudule] Mordre le ciel

Quatrième de couverture :
« Il a sauté. Cyril a sauté. En étendant ses bras comme des ailes, largement. Sept étages plus bas, il y avait la rue. Et une lumière grise de printemps urbain. Il avait dû y réfléchir toute la nuit. A seize ans, on aime claquer les portes et que ça fasse du bruit. »
Pourquoi ce geste ultime, si violent? Si destructeur pour Cyril, pour les autres… Cyril, lui si rieur, si joyeux et apparemment sans soucis. Un roman pour mettre des mots sur les maux, et comprendre qu'un suicide n'a pas de raison, seulement des causes.

Mon avis :
Un petit livre court mais très intense. Il aborde là un sujet très sensible, presque tabou. Pourquoi un jeune homme de presque 16 ans, en apparence bien dans sa peau, se suicide-t-il?
Le récit suit donc "l'enquête" de Maud, la mère de Marie, la petite amie de Cyril au moment du drame. Elle veut comprendre ce geste, pour fuir la culpabilité qui l'assaille. Car elle n'était pas là ce week-end-là, elle les avait laissés seuls, pensant que rien de grave ne pourrait arriver. Seulement voilà... Un enchaînement de petites choses presque futiles individuellement ont donné, avec toute une nuit à ressasser des idées noires, ce résultat. Maud finit par trouver l'association de causes qui ont amenées Cyril à sauter du toit de l'immeuble.
Mais cela suffira-t-il à ce que Marie surmonte cette épreuve? Que Mathieu, le meilleur ami de Cyril, ne soit pas hanté toute sa vie par l'image du corps déchiqueté sur l'asphalte de la rue? On ne le saura jamais. Car ce n'est pas le but de l'auteur ici, comme elle l'explique à la fin du livre. C'est un témoignage poignant, "en mémoire de ceux qui ont brisé la vie de leur entourage en ne croyant briser que la leur".
C'est seulement à cet instant que l'on comprend toute la vérité de la citation en exergue : «La mort fait de nous tous des anges et s'accroche à nos épaules avec ses griffes de corbeau.» (Jim Morrison)

Ce récit m'a bouleversée et une fois commencé, je n'ai pas pu le lâcher. Il adopte un point de vue rare dans la littérature jeunesse, celui d'un adulte (expliqué par l'auteur ainsi : "il s'agit d'une enquête que seul un adulte pouvait mener") ce qui à mon avis fait toute sa richesse. On peut se placer tour à tour dans la peau de Marie, celle de Maud et même celle de Cyril à travers la narration.
Un coup de coeur pour moi, de part la manière dont le sujet, si grave, est abordé.