[Delmond, Félix] Aedes Magnificens

Description (source Amazon) :

Serge, jeune médecin terminant sa formation en Afrique de l’Ouest, constate que de nombreuses femmes fréquentant son hôpital développent d’étranges symptômes. Contre toute attente, son supérieur ne semble pas être enclin à lui accorder un quelconque crédit. Alors qu’il tente d’en découvrir la cause, il a le désagréable sentiment d’être surveillé.

Constant, jeune reporteur, est enfin chanceux. Alors qu’il vivotait de petits boulots, il remporte un concours d’écriture. Il vient de remporter le prix du « Jeune reporter Francophone ». À la clef, un voyage pour participer la conférence mondiale sur le climat.

Alors que le changement climatique s’accentue, l’ONU tente désespérément de susciter un engagement des Nations. Ange Jouno, en homme d’affaires avisé, espère bien profiter de la situation en anticipant les bouleversements mondiaux futurs. Il investit dans les secteurs clefs, bien décidé à en tirer le plus grand profit. Avec ses associés, il va dévoiler à l’ONU son dernier projet d’une ampleur pharaonique, mais en sous-main, il mène un dessein qui pourrait bien changer la face du monde.

Sans se connaître et sans le savoir, les deux jeunes hommes sont malencontreusement les grains de sables qui pourraient compromettre les projets de Jouno.


Mon avis :

Je dois l'avouer, la couverture ne m'inspirait pas et j'ai failli passer à côté d'un excellent roman.
Pour le coup, ce qui m'a convaincue, c'est la biographie de l'auteur qui est ingénieur chercheur dans les domaines de l’environnement et du développement durable depuis plus de 25 ans. Il sait donc de quoi il parle.

Et ça se ressent. Son thriller écolo est glaçant tellement c'est crédible.
Complots, machinations, manipulations, politique "environnementale"... tout est décrypté et la seule chose qu'on peut en conclure, c'est que l'humanité a du soucis à se faire... Les organes politiques devant changer les choses s'écoutant plus parler et protégeant leurs intérêts individuels avant toute chose.
"Il y discerna les derniers soubresauts d'un mastodonte à l'agonie dont les ultimes efforts seraient sans conséquence. Le destin du monde était déjà scellé, et rien ne viendrait y remédier."

A l'heure actuelle, on sait. Le nier serait mentir. Mais je crois que c'est tellement gros, tellement lointain et tellement affolant aussi que les individus font l'autruche. Difficile d'admettre que notre espèce est en train de s'éteindre...
"Cette catastrophe annoncée, il fallait en convenir, ne semblait nullement inquiéter le citoyen lambda, pour qui la perte momentanée de sa connexion wifi ou l'absence de réseau pour son Smartphone était bien plus préoccupante... Le miroir aux alouettes du monde du paraître..."
"Si nous vivions bien à l'ère de la sixième extinction massive, la Terre n'avait rien à craindre. En revanche l'humanité arriverait-elle à survivre, là était la véritable question. Pour la première fois, une seule espère était à l’origine de la catastrophe et elle en serait également probablement l'une des innombrables victimes."

Du reste, personnellement, je pense qu'il faut arrêter de parler de la planète (qui s'en remettra sûrement malgré les graves séquelles) mais de l'espèce humaine. Si l'économie est plus importante que l'écologie, l'est-elle plus que notre survie ? Actuellement, peut-on encore dire que l'économie est au service de l’humanité et non le contraire ?
"En premier lieu, il fallait sauver l'économie ! Comme si l'argent pouvait se manger."
"Limiter ou même réduire la pollution atmosphérique impliquait trop de répercussions en matière de politiques énergétiques, industrielles ou de transports. Sans évoquer les pertes économiques considérables. La remise en cause de la prédominance de l'énergie fossile et d'une économie mondialisée basée sur le pétrole ne s'inscrivait manifestement toujours pas à l'ordre du jour. Ni souhaitable ni souhaitée par les "grands" qui gouvernent la destinée du monde."

Concernant les personnages, ils sont extrêmement bien travaillés et très différents, c'est le moins qu'on puisse dire. L'un d'eux est particulièrement effrayants. Par son cynisme et son intelligence. Épouvantable mais captivant ! Mon petit coup de cœur va à Serge, seul contre tous. Et Anita, ah Anita...
L'intrigue est très bien construite, la toile se resserre à chaque nouveau chapitre...

Je m'arrête là car je pourrais parler de ce livre longtemps tellement il est impactant. Ma liseuse comporte des dizaines de surlignages et de notes, mais j'en parlerais forcément moins bien que Félix, je vous invite donc à lire ce livre. Même si, et c'est là l'unique point négatif qui empêche ce roman d'être non seulement un coup de cœur, mais aussi d'intégrer mon top 5 absolu (ces thèmes sont tellement importants et si bien abordés ici !) il y a de nombreuses coquilles. Le vocabulaire est riche, on sent l'érudition de l'auteur, mais quelque soit son niveau, il manque une relecture effectuée par un professionnel et ça se sent. J'aime tellement ce livre que je me suis permise d'envoyer un message à l'écrivain à ce sujet, j'espère qu'il pourra remédier à la situation très vite pour que vous ayez un confort de lecture optimal et que ce texte, ce cri d'alerte, soit bien plus connu car il rend certains concepts accessibles aux profanes.

Je terminerai juste sur cette citation, qui reflète bien mon état d'esprit à la lecture :
"Une forme de paranoïa s'emparait insidieusement de son esprit. Il passait du monde des Bisounours à celui de la "matrice". Il voyait l'envers du décor, et ça lui foutait la trouille."