[Shimazaki, Aki] Le poids des secrets - Tome 1: Tsubaki

Ce sont cinq petits livres que j'ai dévoré en un temps record tellement les histoires et les personnages me prenaient dans leurs filets. Des sujets graves traités avec tellement de pudeur et de délicatesse. De plus j'aime beaucoup l'écriture de Shimazaki. J'ai vu qu'à ma médiathèque ils avaient d'autres livres de lui, je ne manquerai pas d'en emprunter.

Aki Shimazaki est une femme née au Japon et qui vit au Canada

Pinky a écrit:Aki Shimazaki est une femme née au Japon et qui vit au Canada

Oui effectivement, quand j'ai écrit le post je suis allée trop vite sans relire . Merci de le préciser Pinky.

de rien Mariejo, il y a sa dernière trilogie qui est sortie dernièrement, c'est génial...

Pinky a écrit:de rien Mariejo, il y a sa dernière trilogie qui est sortie dernièrement, c'est génial...

vivement que cette trilogie sorte en poche !

binou a écrit:

Pinky a écrit:de rien Mariejo, il y a sa dernière trilogie qui est sortie dernièrement, c'est génial...

vivement que cette trilogie sorte en poche !

Je crois bien que ma médiathèque les a en rayon. Donc......

mariejo a écrit:

binou a écrit:

Pinky a écrit:de rien Mariejo, il y a sa dernière trilogie qui est sortie dernièrement, c'est génial...

vivement que cette trilogie sorte en poche !

Je crois bien que ma médiathèque les a en rayon. Donc......

peut-être que je devrais finalement m'inscrire à une bibliothèque ???? J'aime pas trop mais ici c'est pour la bonne cause

binou a écrit:
peut-être que je devrais finalement m'inscrire à une bibliothèque ???? J'aime pas trop mais ici c'est pour la bonne cause

C'est ton porte-monnaie qui apprécierait je suis sûre.
C'est pour ça que je reste raisonnable pour ma PAL, ma médiathèque est là pour m'approvisionner. Bon elle a pas tout, mais il y a du choix.

J'ai voté : très apprécié

Ne sachant comment exprimer mon ressenti, j'ai d'abord lu les autres critiques.
Et celle de Binou dit exactement ce que je voulais dire :

binou a écrit:J'ai passé un très agréable moment de lecture.
Écriture simple, poétique, on ne voit pas le temps passer et tout à coup on tourne la dernière page. Quel dommage !
Vite le suivant

En effet, le gros bémol est la brièveté du récit : pourquoi avoir fait 5 tomes ?
Si les 4 autres ne font également qu'une centaine de pages, il aurait été plus simple de tout regrouper, non ?
Donc je reste un peu sur ma faim, n'ayant pas le tome 2 sous la main...

4e de couverture:
Dans une lettre laissée à sa fille après sa mort, Yukiko raconte le quotidien d'une adolescente pendant la Seconde Guerre mondiale, son déménagement à Nagasaki avec ses parents, le travail à l'usine, les amitiés et les amours naissantes avec son voisin. En révélant peu à peu une trame familiale nouée par les mensonges de son père, elle confesse les motifs qui l'ont poussée à commettre un meurtre, quelques heures avant que la bombe atomique tombe sur sa ville.

Mon avis:
Il s'agit du premier tome de la pentalogie "Le poids des secrets", écrit par l'auteur canadienne d'origine japonaise, Aki Shimazaki. Je ne connaissais pas cet auteur, j'ai été happée par la couverture: chaque couverture de la pentalogie reprend le titre, ici les fleurs préférées du personnage principal de ce tome, Yukiko, les camélias.
C'est écrit en courts chapitres, en phrases concises et affutées, on est pris dans la vivacité de l'écriture et dans la découverte des secrets de famille, des personnages qui se lient et se défont... Les amours et les drames.
Il n'y a pas de chichis, pas d'effet de style fou, mais ça fait mouche.
J'ai eu envie de découvrir Yukiko, par le prisme du regard de sa fille et la lettre posthume qu'elle lui laisse. J'ai vécu pendant ces quelques pages dans le coeur du Japon des années trente-quarante, très difficile de le refermer sans la suite!
Bref, un coup de coeur.

Ma note: 10/10

Un coup de cœur pour cette sombre histoire familiale. Déjà, je dois dire que c'est très bien écrit (et traduit) et c'est selon moi important de le souligner car les traductions de romans asiatiques sont parfois d'un style très indigeste.
Ensuite, en fort peu de pages l'auteur parvient à nous captiver. Tout y concourt: un regard différent sur le lâcher des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, un regard qui bouscule nos "savoirs" établis; une histoire de famille qui aurait pu se produire dans la France des années 50; enfin une vision synthétique de ces vies, vision nommée destin, implacable et inexorable.
Bref, un excellent moment de lecture, une splendide découverte.

Namiko découvre, dans une lettre posthume, la passé de sa mère Yukiko, survivante de la bombe atomique à Nagasaki.Elle lui révèle avoir commis un meurtre quelques heures avant que la bombe ne soit lâchée sur la ville et la charge de retrouver son demi-frère dont elle n'avait jamais évoqué l'existence.

Mon avis :
Je suis très contente d'avoir les autres tomes sous la main : ils sont effectivement très courts et se lisent très vite. L'écriture est simple, poétique, délicate, mais elle sert magnifiquement l'histoire de Yukiko et de sa jeunesse à Nagasaki. Au début du roman, Yukiko répond aux questions de son petit fils qui l'interroge sur la guerre et sur la raison pour laquelle la bombe a été lâchée sur Nagasaki.J'ai trouvé intéressante les différentes versions et interprétations qui étaient alors abordées, l'histoire se construisant au fil des rapports de force entre nations. Que dire de plus, sinon que j'ai hâte de lire la suite de cette saga.
Encore une très belle découverte dans le cadre de mon challenge partage lecture 2015/2016.

Je vote très apprécié.
Ma note 9/10

Lu dans le cadre du challenge PL 2015/2016

Je redoutais un peu cette lecture décrite comme poétique. Ce n'est pas vraiment mon style mais là, j'ai accroché sans soucis. Les pages se sont tournées toutes seules et en une heure, j'avais terminé avec une seule envie : la suite !
Maintenant, je vais voir avec la bibliothèque s'ils prévoient de l’acheter...

Comme Virgule, vu la brièveté des livres (en supposant que les autres fassent le même nombre de pages), je suis déçue de ne pas avoir un seul gros tome. Est-ce commercial ?

Je vote très apprécié

Lu dans le cadre du challenge partage lecture 2016/2017. Une écriture et une histoire qui nous transportent. Je lirai sans hésitation les suivants

Mon avis :
Je reviens à Aki Shimazaki après avoir lu la pentalogie L'Ombre du chardon. Peut-être l'effet découverte m'est-il passé, parce que je vais voter "très apprécié" et non "coup de coeur". En lisant ce premier tome, j'ai également plus réfléchi aux procédés et thèmes récurrents de l'auteure, je me suis moins laissé happer par l'histoire - mais ça ne veut pas dire que je ne l'ai pas appréciée, au contraire.

Une femme dont on sait assez peu dans ce premier tome recueille sous la forme d'un héritage, au lendemain de la mort de sa mère, deux paquets : l'un comprenant un cahier, qui contient une lettre adressée à elle, l'autre à remettre à un homme dont elle n'a jamais entendu parler par sa mère, le demi-frère de celle-ci.

Rapidement, cette femme se plonge dans le récit de sa mère, et découvre des faits dont elle n'a jamais eu connaissance, à l'époque de l'enfance et l'adolescence de sa mère. Il est assez incroyable que l'auteure puisse faire tenir autant de matière dans un si court récit, et c'est à attribuer à une science toute particulière de l'esquisse, d'une stylisation extrême, comme le sumi-e (aquarelle japonaise s'apparentant à la calligraphie, on pourrait parler de "dessin calligraphié") - on médite, puis on trace un trait, et c'est ça : le rendu intensément vivant de l'image.

Je ne tiens pas à trop en dire, car cela gâcherait la lecture : les romans d'Aki Shimazaki sont empreints de traces, de motifs récurrents, à commencer par les motifs floraux (qui forment de si belles couvertures). Les symboles visuels sont hautement pensés et condensent beaucoup de significations. Ainsi, le camélia est une offre d'amour, au-delà même de l'absence, il s'apparente aussi à une mort paisible, parfaite, désirée lorsqu'on est en paix, et prêt(e) à quitter ce monde.

L'histoire des personnages principaux est douloureuse, mais riche d'enseignements, une fois dépassée la douleur, après une vie entière : ici Yukiko, qui était dans un village en bordure de Nagasaki lorsque la bombe a été lâchée, son demi-frère Yukio, auquel la lie une relation pudique et intensément belle, les deux couples de parents et leurs secrets... J'aime beaucoup la manière dont Yukiko découvre le secret, dans le grenier, le passage secret de son père... Je comprends moins son choix de garder le secret toute sa vie, j'ai du mal avec ça. Il n'est toutefois pas anodin que ce soit les questions du petit-fils qui fassent surgir longtemps après l'exigence de vérité, et, puisqu'on le lui demande, Yukiko satisfait du mieux qu'elle peut à cette exigence.

Enfin, la bombe : encore une fois, j'ai admiré la retenue avec laquelle Aki Shimazaki aborde des événements réels, ou des questions sociales parfois difficiles, en en disant peu, mais juste ce qu'il faut. Elle se livre parfois, par la voix de ses personnages, à des remarques, critiques, de la politique expansionniste de son pays, de la cruauté de l'armée envers les prisonniers de guerre, de l'inutilité des faits cruels de l'histoire, des décombres qui écrasent ensuite des vies singulières, sans espoir. Yukiko porte dans sa chair la mort présente sur le site de Nagasaki, même pour les survivants ; elle a été affectée par une maladie pulmonaire. La réflexion à tonalité bouddhiste sur le destin n'est jamais loin de l'oeuvre, elle se lit justement dans le dessin tracé par les symboles, comme les pas japonais dans le jardin, qui en guidant les pieds libèrent le regard, et lui permettent de se livrer à la poésie de la nature, et de ses infimes détails, dont chacun contient toute la vie.

Extrait :
"Il portait un gros manteau de son père. Il l'ouvrit pour que je puisse m'y réchauffer. Bien que son geste m'ait étonnée, je m'appuyai contre sa poitrine. La chaleur courait dans mon corps.
Couverte du manteau,je restais immobile. J'entendais le vent souffler doucement dans les feuilles de bambous. La tranquillité et la paix étaient entre nous et autour de nous. Le temps s'arrêtait.
Je voyais des boutons de camélias, bien tenus par les calices. C'étaient les camélias qui fleurissent en hiver. Dans la campagne près de Tokyo, quand il neigeait, je trouvais les fleurs dans le bois de bambous. Le blanc de la neige, le vert des feuilles de bambous et le rouge des camélias. C'était une beauté sereine et solitaire." (page 49-50)

Pinky a écrit:je suis ravie que ce livre trouve une nouvelle adepte, il le mérite, c'est un livre magnifique

Une de plus, @Pinkie : l'un dans l'autre, tu es responsable de mon premier Challenge Suivi d'auteur sur le forum.

Au soir de sa vie, Yukiko décide de se libérer enfin du terrible secret qui pèse sur son âme depuis plus de cinquante ans. Dans une lettre à sa fille rédigée juste avant de se donner la mort, elle raconte son enfance et son adolescence, jusqu’à ce jour pour elle doublement fatidique du 9 août 1945, où la bombe atomique qui anéantissait Nagasaki effaçait du même coup toute trace de l'acte indicible qu’elle, Yukiko, venait de commettre à quatorze ans.

La concision et le dépouillement du texte, sa manière de ne laisser qu’entrevoir les abîmes intérieurs de ses personnages, démultiplient la force de cette histoire, toute de pudeur, de délicatesse et de non-dit. L’essentiel de la charge émotionnelle du roman vient de ce qu’il suggère au-delà des mots et du récit lui-même : en particulier, la béance qu’a dû devenir la vie de Yukiko, quand l’atroce et inimaginable destruction de sa ville, bientôt suivie par l’effondrement de son pays, est venue, telle un terrible châtiment, démultiplier son crime à l’infini, en même temps que le réduire à l’état d’un minuscule et invisible fait divers. L’adolescente se retrouvait désormais, et à jamais, sous le poids d'un secret familial et d'une culpabilité d’autant plus écrasants qu’ils étaient devenus dérisoires et indécents face à l’Histoire.

En un tour de force d’une seule centaine de pages, drame personnel et tragédie historique s’entremêlent dans une confusion de douleur, de stupeur et de honte qui, malgré le temps, le silence et la poursuite de la vie, laisseront des traces indélébiles destinées à resurgir malgré tout. L’on demeure durablement hanté par la puissance d’évocation, les profondeurs abyssales et la beauté épurée de cette œuvre. Coup de coeur. (5/5)