[Mauriac, François] Thérèse Desqueyroux

Auteur : François Mauriac
Titre : Thérèse Desqueyroux
Editions: Bernard Grasset, 1927
Les carnets rouges
Nombre de pages : 189
ISBN : 978-2-246-14509-7


Note de l’éditeur :

Falsifiant des ordonnances, Thérèse a tenté d'empoisonner Bernard, son mari, un homme respectable mais froid, buté. Pour préserver sa famille du scandale, ce dernier a déposé en faveur de sa femme; Thérèse a obtenu un non-lieu. Sur le chemin qui la ramène du tribunal vers son mari, la jeune femme fait défiler sa vie, les blessures qui l'ont poussée à commettre ce crime démoniaque. Peut-être la plus belle, la plus violente prière romanesque de Mauriac.

Mon avis :

L'écriture de François Mauriac, le climat oppressant qu'il sait créer, nous transporte immédiatement dans la tragédie romanesque de son récit

C’est le thème récurrent de l’empoisonneuse, celle qui fait peur et dont tout le monde se détourne avec dégout.

Ayant vu le film, actuellement en salle, que je considère comme un chef-d’œuvre, je me suis précipitée sur le livre, espérant trouver une clé me permettant de comprendre, ou tout au moins d’expliquer l’acte de Thérèse…vengeance…cupidité…maltraitance…dégout de l’acte charnel …je n’ai rien trouvé qui puisse justifier cet acte.

Il faut se placer dans le contexte de l’époque, on ne se marie pas par amour mais par intérêt. Les familles s’allient pour agrandir leur propriété.
Thérèse depuis toujours doit épouser Bernard, son destin est tracé, mais dans sa prison domestique, n’aimant ni l’amour, ni son enfant, dans ce coin perdu de campagne ou il fait si chaud, elle étouffe au propre comme au figuré.

Cette femme, n’est pas née à l’époque qui lui convenait, pas plus que dans le lieu qui lui aurait permis de s’épanouir.
C'est à mon sens une femme à l’esprit libre, une féministe avant l’heure faite pour étudier et manier les idées, ce qui est refusé aux femmes de cette époque. Elle en souffre et n’aime aucune des occupations féminines de son temps, de plus les assauts nocturnes de son époux l’importunent et la dégoutent…est-elle faite pour vivre en couple, j’en doute.

Aucune porte de sortie pour Thérèse dans ce milieu bourgeois, catholique, ou l’esprit de famille prime sur l’individu. Aucune communication possible avec un mari préoccupé uniquement de chasse et de bonne chère, une belle famille obsédée par la bienséance et l’opinion d’autrui. Thérèse s’enfonce dans la dépression.

Dans ce geste de désespoir je ne vois qu'une femme voulant se sauver elle-même, sauver ce qu’elle est, et anéantir ce qu’on lui demande de devenir, l’autre Thérèse asservie par les convenances de l’époque.

Ce petit livre de quelques 190 pages prête à réflexion, sait-on toujours pourquoi on agit d'une certaine façon plutôt que d'une autre?
Peut-on envisager seulement une seconde un tel geste sans raison apparente?
Thérèse aurait-elle pu expliquer son geste? la question restera toujours en suspens.

C'est pour moi un gros coup de cœur.

Je l'ai lu il y a de nombreuses années, tu me donnes envie de le relire. Je le note dans ma LAL.
Merci Step.

Merci de m'avoir lue Chocolette, moi aussi je l'avais lu, au temps de ma scolarité, mais c'était bien loin.

Je l'ai relu il y a peu et je l'ai beaucoup aimé. Encore plus que lors de mes études universitaires, la maturité aidant.

Comme tu l'as très bien dit, Thérèse est coupable de son geste, mais on ne parvient pas à lui en vouloir, tellement le milieu dans lequel elle vit est pesant, étriquant, sans aucun espoir de retour. Elle est victime elle-même et le livre dépeint parfaitement son enfermement.

Merci Coshka, c'est vrai qu'il faut une certaine maturité pour lire certaines lectures que nous lisons en général lors de nos études... bien trop tôt.

Bon, je crois qu’on me l’avait survendu… Oui c’est un bon livre, mais je ne l’ai pas trouvé exceptionnel…

Seule, je trouve, la plume de l’auteur m’a vraiment intéressée…

Ce livre, je vais l’étudier l’année prochaine et j’espère donc m’en faire un meilleur avis…

3/5 malheureusement…