[Oates, Joyce Carol] Mudwoman

[Oates, Joyce Carol]
Mudwoman
Ed.Philippe Rey novembre 2013
ISBN 978 2 84876 360 6
563 pages

Quatrième de couverture
Abandonnée par sa mère à demi-folle au milieu des marais de l’Adirondacks, Mudgirl, l’enfant de la boue, est sauvée on ne sait trop comment, puis adoptée par un brave couple de Quakers qui l’élèvera avec tendresse en s’efforçant toujours de la protéger des conséquences de son horrible histoire. Devenue Meredith "M.R" Neukirchen, première femme présidente d’une université de grand renom, Mudgirl, brillante et irréprochable, fait preuve d’un dévouement total à l’égard de sa carrière et d’une ferveur morale intense quant à son rôle. Mais précisément épuisée par la conception d’une rigidité excessive qu’elle a des devoirs de sa charge, tourmentée par ses relations mal définies avec un amant secret et fuyant, inquiète de la crise grandissante que traverse les États-Unis à la veille d’une guerre avec l’Iraq (crise qui la contraint à s’engager sur un terrain politique dangereux) et confrontée à la classique malveillance sournoise des milieux académiques, M.R. se retrouve face à des défis qui la rongent de manière imprévisible. Un voyage sur les lieux qui l’ont vue naître, censé lui rendre un peu de l’équilibre qui lui échappe, va au contraire la jeter dans une terrifiante collision psychique avec son enfance et menacer de l’engloutir une fois encore, mais dans la folie. Cette impitoyable exploration des fantômes du passé, doublée du portrait intime d’une femme ayant percé le plafond de verre à un coût gigantesque, fait de ce livre ainsi que l’a proclamé la critique, "un géant parmi les grands romans de Oates".

Mon avis
L’enfant appelée « La boueuse « fut sauvée par un jeune garçon un peu attardé et adoptée par une famille de quakers qui l’a rebaptiseront Meredith Ruth. Cela est le point de départ du roman, elle va grandir dans cette famille chaleureuse mais son grand rêve qui est le point central de l’histoire, c’est d’être admirée et aimée. Etudiante douée, elle devient docteur en philosophie et va gravir rapidement les échelons, jusqu’au jour ou elle sera élue Présidente d(une célèbre Université de New-York. Tout pourrait lui réussir mais voila l’histoire de sa vie la rattrape, ses souvenirs traumatisant de petite fille refont surface, la boue du passé menace d’étouffer son esprit déjà dérangé et cela à mesure qu’elle se forge de nouveaux démons, ce qui la mène au bord de la folie. Je dirais que d’un chapitre à l’autre, le lecteur oscille lors de ses errances dérivant vers les lieux de son enfance et le présent car des intrigues au sein de l’Université la font s’échapper malgré elle vers des limbes ténébreux, sauvage et horrible, bien qu’elle mène un combat bouleversant pour ne plus être une « mudwoman » une fille de la boue. Arrivera t-elle à sortir de cette folie qui menace de l’engloutir et marcher vers son salut en oubliant la boue de son enfance ? Un roman bouleversant et impitoyable du portrait d’une femme ou l’on est comme elle saisi d’angoisse par les fantômes du passé et par la réalité qui s’enfonce dans les gouffres de l’inconscience. Un roman difficile à oublier et l’un des meilleurs que j’ai lu de J.C.Oates. 5/5

Je n'ai pas grand-chose à ajouter à la critique de Lalyre; j'ai également beaucoup apprécié ce roman.
J'ai aimé la façon dont le récit était construit: de façon binaire avec des allers-retours entre la passé et le présent.
Carol Joyce Oates n'a peur de rien: ni de la violence des mots et des scènes, ni des longueurs lors des face à face car elle décortique les relations entre les gens de façon très précise. C'est une écriture sans concessions.
La façon dont la paranoïa s'installe chez le personnage est très bien faite: le lecteur doute sans arrêt.

Deux belles critiques, merci.

merci Lalyre et Erina pour vos deux très belle critique, je n'ai jamais lu de livre de cette auteure et je sens que je vais devoir y remédier...

nouka2000 a écrit:merci Lalyre et Erina pour vos deux très belle critique, je n'ai jamais lu de livre de cette auteure et je sens que je vais devoir y remédier...

Oh oui, il faut y remédier

Vos 2 critiques me donnent également bien envie de découvrir cette auteure... Merci Lalyre et Erina

C'est hier que j'ai commence "Mudwoman" et je voulais voir s'il y a d'autres commentaires. Le mien viendra, pas demain malheureusement, car je lis en francais. J'adore votre belle langue, mais ce n'est pas ma langue maternelle et malgre que le roman me plait enormement, je n'avance pas aussi rapidement que je le voudrais.

Je viens de finir Mudwoman.
Layre et Erina ont redige de beaux commentaires! Que pourrais-je ajourter ?

Joyce Carol Oates est extrêmement  productive. Les critiquent disent que son heroine de Mudwoman repose sur toutes celles qui la precedent dans ses autres romans. Je dirais que M.R. ou Meredith Ruth, ou Jewel ou Jedina ou Mudgirl (-fille de la boue), est sculptee, tout comme ses « sœurs » auxquelles elle succede, dans de la noirceur gothique et avec une imagination dechainee. Oates continue de marquer tres tres fort le roman americain de nos jours.
Ce roman se situe entre un conte de fee terrifiant, un thriller sur les errances d’une ame tourmentee et un livre sur les universites en Amerique.
On y trouve trois milieux sociaux – des ruraux d’un village, des petits bourgeois d’une petite ville et des cadres universitaires.
J'ai lu avec un enorme interet les chapitres qui parlaient des universites aux USA, le parcours torturé de M.R. - la rigide presidente universitaires que les intrigues de ces pretigieux etablissements, la politique et le moral qu'il lui faut reconcilier attaquent tout le temps - tout cela demande une incroyable force interieure, un esprit extremement resistant et solide. Les vieux demons de la belle et brillante presidente qui cherche a chasser "sa Mudgirl", qui decide de "triompher" malgre tout, la destabilisent quand meme. Elle en tombe malade, elle se releve. Souvent ses cauchemars sont des symboles comme le reve ou elle est abattue et violee a cote de la piscine.
J'ai aussi aime le cote "conte de fee" - les bon et sages parents quakers. C'est d'eux que Meredith tient la force-lumiere vitale qui la sauve du trou noir.
Malgre la grande noirceur du roman, il n'est pas pessimiste.

Une question

Spoiler:

Roman centré sur le portrait d'une femme qui a subi des gros traumatismes quand elle était enfant et qui essaie de se reconstruire.
Cauchemars, hallucinations, fantasmes, retours fréquents à l'enfance.
Une femme obsédée par la réussite, torturée, centrée sur elle.
L'ambiance est lourde, pénible, sombre.
Trop d'intrigues et de politique dans le milieu universaitaire, trop de longueurs.
Je n'ai pas apprécié ce roman malgré qu'il soit très bien écrit.