[Manière, Michel] Parfois, dans les familles

par Véronique M. Lun 18 Fév 2013 - 11:48

Titre: Parfois, dans les familles
Auteur: Michel MANIERE
Editeur: Seuil
2009
143 pages
ISBN 978.2.02.098714.1

[Manière, Michel] Parfois, dans les familles Parfoi10

[Manière, Michel] Parfois, dans les familles Parfoi10

Quatrième de couverture:

"Je pensais que des fois même des choses qu'on aime pas on peut les aimer. Par exemple moi les champignons je déteste, ça sent le cimetière, cueillir des champignons c'est marcher sous la terre. Pourtant un jour je les aimerai, je le sais. Alors forcément c'est que je les aime déjà.
C'est comme les baisers sur la bouche, c'est dégoûtant, évidemment y a la langue et on bave, mais si on est amoureux, plus c'est dégoûtant plus on aime. Moi ce que j'aimerais, c'est être amoureux. Si j'étais amoureux des pleupliers, je pourrais les aimer. Pareil pour les champignons. Dans la vie c'est être amoureux qu'il faut. Mon père et maman, c'est ça qui va pas: l'amour."
Parfois, dans les familles, naît sur le tard un enfant imprévu qui, faute de trouver sa juste place, prend celle que chacun lui réserve à la mesure de sa propre détresse. C'est de cette place qui en fait un observateur privilégié, que Paul nous raconte sa famille, qu'il nous dit, avec le génie propre à l'enfance, l'amour empoisonné des mères, l'inconsistance des pères, la beauté trouble des soeurs et la foncière étrangeté des frères. De là aussi qu'il crie au secours.

Mon avis:

Un roman qui se lit très vite mais qui hante longtemps. Les pages tournent et les sentiments s'entrechoquent, affluent de toutes parts. Les membres de cette famille semblent évoluer en parallèle sans vraiment communiquer. Chacun découvre donc au fil du temps des aspects des autres qu'il ne soupçonnait même pas. Les actes en disent plus long que les mots. De l'enterrement de la mariée aux errances du père, le narrateur nous livre le ressenti de chacun sans pour autant nous dévoiler tous les secrets. Il s'agit donc de violence ordinaire et insidieuse, la violence de l'indifférence et de l'incommunicabilité. Avec le goût amer d'un destin qui va devoir se construire sur une incompréhension et une impression de "trop tard".