[Halimi, Ruth & Frèche, Emilie] 24 jours La vérité sur la mort d'Ilan Halimi
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Notre avis:
[Halimi, Ruth & Frèche, Emilie] 24 jours La vérité sur la mort d'Ilan Halimi
Titre : 24 jours
Auteur : Ruth Halimi, Emilie Frèche
Editeur : Points
224 pages
2014
ISBN 978-2-7578-4165-5
Quatrième de couverture :
Ilan Halimi avait 23 ans. Il travaillait boulevard Voltaire, à Paris, dans une boutique de téléphonie. Le 17 janvier 2006, Yalda, 17 ans, jolie brune juchée sur de hauts talons, est entrée dans son magasin. Elle lui a demandé son numéro. Ilan l’a donné sans savoir qu’elle l’attirait dans un piège. Quelques jours plus tard, ils se sont retrouvés dans un café. Ce fut le début du cauchemar.
« Ilan a été choisi parce qu’il était juif. Ils se sont acharnés sur lui, ils l’ont lynché vivant, parce qu’il était juif. » Ruth Halimi.
Mon avis :
C’est un livre qui m’a bouleversée.
Ce livre est un document, composé de deux parties. La première, 24 jours, est le récit de la détention d’Ilan par le gang des Barbares, raconté par Ruth Halimi, la mère de la victime. La deuxième partie, "la mort d'un pote" est un texte plus sociologique écrit par Emilie Frèche, à chaud, quelques temps après les faits. Ces deux écrits se complètent parfaitement, l’un s’attardant sur la mort d’Ilan, la décortiquant, l’autre, prenant du recul et replaçant les faits dans un contexte plus large.
Le récit des faits par Mme Halimi est poignant. On vit les événements, chronologiquement, de l’intérieur et je dois dire, très dignement car cette dame ne s’attarde pas sur les états d’âme de chacun alors qu’on imagine bien que ce devait être l’horreur au quotidien. J’ai pour ma part été frappée par le contraste entre l’amateurisme apparent des bourreaux, qui cache en fait une détermination et une haine absolues et la ligne de conduite, rigide, des policiers, dont on se rend compte qu’elle ne colle pas avec les malfaiteurs poursuivis, qui ne font pas partie du milieu du grand banditisme mais plutôt de la délinquance de banlieue poussée à l’extrême. Ce décalage crée un climat d’autant plus angoissant que l’on sent bien qu’il n’y a pas d’interaction entre les deux parties et que rien n’empêchera les premiers d’aller jusqu’au bout. Par ailleurs, Ruth Halimi ponctue son récit des choses qu’elle a appris à postériori, orientant ainsi l’éclairage et nous permettant de mieux comprendre ce qu’il s’est passé.
Nous apprenons donc toutes les complicités qui ont été nécessaires à la réussite de l’enlèvement et de la séquestration d’Ilan, nous réalisons peu à peu l’horreur et l’ampleur de ce « fait divers » : 29 personnes ont été impliquées, de près ou de loin, agissant pour la plupart dans un seul but : gagner facilement de l’argent !!
L’autre aspect, qui m’a beaucoup touchée, c’est la place laissée par les policiers à la famille. Elle est presque nulle. Aucune marge de manœuvre ne lui est laissée, et on peut le comprendre mais surtout on ne l’écoute pas. L’argument de l’antisémitisme par exemple, ne sera jamais pris en compte.
Le deuxième texte, celui d’Emilie Frèche, éclaire le premier par une approche plus générale et sociologique de cette période. Emilie Frèche nous remémore d’autres faits divers, dans la même période, qui réutilisent tous les mêmes ingrédients que le drame d’Ilan : un antisémitisme grandissant et se banalisant, une omniprésence de la violence dans notre quotidien, un appétit grandissant pour l’argent facilement gagné. Ce n’est pas gai mais ça a le mérite d’être formateur et de rouvrir le débat sur « comment faire pour que cela change ? » Quel est le rôle des institutions (écoles…) et celui des familles ? Comment remettre les valeurs éducatives fondamentales au centre de nos préoccupations. Comment aussi réapprendre à vivre en faisant plus attention aux autres, en prenant en compte ceux que l'on côtoie chaque jour sans même les voir...
Un grand merci aux éditions Points et à Partage Lecture pour ce livre très intéressant.
Auteur : Ruth Halimi, Emilie Frèche
Editeur : Points
224 pages
2014
ISBN 978-2-7578-4165-5
Quatrième de couverture :
Ilan Halimi avait 23 ans. Il travaillait boulevard Voltaire, à Paris, dans une boutique de téléphonie. Le 17 janvier 2006, Yalda, 17 ans, jolie brune juchée sur de hauts talons, est entrée dans son magasin. Elle lui a demandé son numéro. Ilan l’a donné sans savoir qu’elle l’attirait dans un piège. Quelques jours plus tard, ils se sont retrouvés dans un café. Ce fut le début du cauchemar.
« Ilan a été choisi parce qu’il était juif. Ils se sont acharnés sur lui, ils l’ont lynché vivant, parce qu’il était juif. » Ruth Halimi.
Mon avis :
C’est un livre qui m’a bouleversée.
Ce livre est un document, composé de deux parties. La première, 24 jours, est le récit de la détention d’Ilan par le gang des Barbares, raconté par Ruth Halimi, la mère de la victime. La deuxième partie, "la mort d'un pote" est un texte plus sociologique écrit par Emilie Frèche, à chaud, quelques temps après les faits. Ces deux écrits se complètent parfaitement, l’un s’attardant sur la mort d’Ilan, la décortiquant, l’autre, prenant du recul et replaçant les faits dans un contexte plus large.
Le récit des faits par Mme Halimi est poignant. On vit les événements, chronologiquement, de l’intérieur et je dois dire, très dignement car cette dame ne s’attarde pas sur les états d’âme de chacun alors qu’on imagine bien que ce devait être l’horreur au quotidien. J’ai pour ma part été frappée par le contraste entre l’amateurisme apparent des bourreaux, qui cache en fait une détermination et une haine absolues et la ligne de conduite, rigide, des policiers, dont on se rend compte qu’elle ne colle pas avec les malfaiteurs poursuivis, qui ne font pas partie du milieu du grand banditisme mais plutôt de la délinquance de banlieue poussée à l’extrême. Ce décalage crée un climat d’autant plus angoissant que l’on sent bien qu’il n’y a pas d’interaction entre les deux parties et que rien n’empêchera les premiers d’aller jusqu’au bout. Par ailleurs, Ruth Halimi ponctue son récit des choses qu’elle a appris à postériori, orientant ainsi l’éclairage et nous permettant de mieux comprendre ce qu’il s’est passé.
Nous apprenons donc toutes les complicités qui ont été nécessaires à la réussite de l’enlèvement et de la séquestration d’Ilan, nous réalisons peu à peu l’horreur et l’ampleur de ce « fait divers » : 29 personnes ont été impliquées, de près ou de loin, agissant pour la plupart dans un seul but : gagner facilement de l’argent !!
L’autre aspect, qui m’a beaucoup touchée, c’est la place laissée par les policiers à la famille. Elle est presque nulle. Aucune marge de manœuvre ne lui est laissée, et on peut le comprendre mais surtout on ne l’écoute pas. L’argument de l’antisémitisme par exemple, ne sera jamais pris en compte.
Le deuxième texte, celui d’Emilie Frèche, éclaire le premier par une approche plus générale et sociologique de cette période. Emilie Frèche nous remémore d’autres faits divers, dans la même période, qui réutilisent tous les mêmes ingrédients que le drame d’Ilan : un antisémitisme grandissant et se banalisant, une omniprésence de la violence dans notre quotidien, un appétit grandissant pour l’argent facilement gagné. Ce n’est pas gai mais ça a le mérite d’être formateur et de rouvrir le débat sur « comment faire pour que cela change ? » Quel est le rôle des institutions (écoles…) et celui des familles ? Comment remettre les valeurs éducatives fondamentales au centre de nos préoccupations. Comment aussi réapprendre à vivre en faisant plus attention aux autres, en prenant en compte ceux que l'on côtoie chaque jour sans même les voir...
Un grand merci aux éditions Points et à Partage Lecture pour ce livre très intéressant.
Véronique M.- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 1701
Age : 55
Localisation : 04
Emploi/loisirs : prof d'écoles/ lecture randonnée jeux de société, puzzles
Genre littéraire préféré : un peu de tout, romans en tous genres,biographies, essais mais pas trop la science fiction.
Date d'inscription : 12/02/2010
Re: [Halimi, Ruth & Frèche, Emilie] 24 jours La vérité sur la mort d'Ilan Halimi
Merci Véronique M pour cette critique. Moi je "digère" encore un peu ce livre et je finis de rédiger ma critique car il m'a bouleversé.
Re: [Halimi, Ruth & Frèche, Emilie] 24 jours La vérité sur la mort d'Ilan Halimi
Je comprends Bella c'est un livre qu'on n'oubliera pas de sitôt...
Véronique M.- Grand sage du forum
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Re: [Halimi, Ruth & Frèche, Emilie] 24 jours La vérité sur la mort d'Ilan Halimi
Tout d’abord je remercie les éditions points et Partage Lecture pour ce partenariat.
En 2006 lorsque j'ai découvert aux informations la nouvelle de la mort d'Ilan, j'ai été choquée. J'ai eu les larmes aux yeux. Comment de nos jours peut on voir ce genre de chose arriver? Peut-on y rester insensible? Il avait mon âge!
Pourtant c'est bien le cas d'une vingtaine de personnes car pour mettre à bien son projet Youssouf Fofana se sera entouré d'une équipe d'hommes et de femmes qui ne se sont pas rendus compte de la gravité de leur geste. Ils faisaient ça pour "aider" et gagner un peu d'argent.
Tout commence un jour de janvier lorsqu' Ilan ne rentre pas à la maison pour le repas familial. L'inquiétude monte dans cette famille soudée car ce n'est pas le genre du jeune homme. Lorsque la petite amie d'Ilan appelle son beau-frère, elle lui délivre la nouvelle: elle a reçu un message inquiétant avec une photo d'Ilan une arme sur la tempe.
L'engrenage se met en route: les appels du kidnappeur, les mails, la police qui est dépassée... et l'angoisse d'une mère qui ne peut rien pour son fils, la douleur d'une famille.
Cette histoire est dure car véridique. J'ai plus d'une fois posé ce livre les larmes aux yeux et l'angoisse au coeur. Angoisse car ce qui s'est passé c'est dans notre pays et de nos jours!
Pourquoi? à cause d'un homme bourré de préjugés et qui veut de l'argent facile. Pour cela il entraîne sans trop de difficultés une bande d'individus de tout âge qui sont ravis de voir l'argent tomber rapidement. Ils ne voient pas où est le mal.
C'est Ruth Halimi (la mère d'Ilan) qui raconte son histoire, son point de vue avec l'aide d'Emilie Frèche. Avec son coeur de mère elle nous explique le calvaire que sa famille a enduré. Elle explique l'impuissance de la police. Elle s'offusque de certaines de leurs réactions. Mais la police ne pouvait pas imaginer que les choses prendraient cette tournure. Je ne pense pas qu'on puisse blâmer quiconque car ces représentants de la loi ne pouvaient savoir qu'ils avaient à faire à des "barbares" . Ils n'ont jamais cru que cela irait si loin.
D'ailleurs ils demandent à Ruth de reprendre le travail, de faire comme si de rien n'était. Comme si dans ce genre de cas on pouvait vraiment faire semblant.
Ce livre est dur car c'est le coeur de mère de Ruth Halimi, brisé, qui parle. C'est un hommage à Ilan pour qu'on ne l'oublie pas et que l'on dise: plus jamais ça.
La deuxième partie est un écrit d'Emilie Frèche juste après les événements. Si ce texte m'a moins intéressée il n'en est pas moins important car il montre en chiffre les dérives d'une société qui n'a plus de repère. Les jeunes veulent tout, tout de suite et par n'importe quel moyen. Ils ne croient plus en rien. L'auteur pose les questions: comment en est on arrivé là? Que doit on faire? Quel rôle pour l'école et les institutions? Ces deux textes se complètent.
Un livre bouleversant.
En 2006 lorsque j'ai découvert aux informations la nouvelle de la mort d'Ilan, j'ai été choquée. J'ai eu les larmes aux yeux. Comment de nos jours peut on voir ce genre de chose arriver? Peut-on y rester insensible? Il avait mon âge!
Pourtant c'est bien le cas d'une vingtaine de personnes car pour mettre à bien son projet Youssouf Fofana se sera entouré d'une équipe d'hommes et de femmes qui ne se sont pas rendus compte de la gravité de leur geste. Ils faisaient ça pour "aider" et gagner un peu d'argent.
Tout commence un jour de janvier lorsqu' Ilan ne rentre pas à la maison pour le repas familial. L'inquiétude monte dans cette famille soudée car ce n'est pas le genre du jeune homme. Lorsque la petite amie d'Ilan appelle son beau-frère, elle lui délivre la nouvelle: elle a reçu un message inquiétant avec une photo d'Ilan une arme sur la tempe.
L'engrenage se met en route: les appels du kidnappeur, les mails, la police qui est dépassée... et l'angoisse d'une mère qui ne peut rien pour son fils, la douleur d'une famille.
Cette histoire est dure car véridique. J'ai plus d'une fois posé ce livre les larmes aux yeux et l'angoisse au coeur. Angoisse car ce qui s'est passé c'est dans notre pays et de nos jours!
Pourquoi? à cause d'un homme bourré de préjugés et qui veut de l'argent facile. Pour cela il entraîne sans trop de difficultés une bande d'individus de tout âge qui sont ravis de voir l'argent tomber rapidement. Ils ne voient pas où est le mal.
C'est Ruth Halimi (la mère d'Ilan) qui raconte son histoire, son point de vue avec l'aide d'Emilie Frèche. Avec son coeur de mère elle nous explique le calvaire que sa famille a enduré. Elle explique l'impuissance de la police. Elle s'offusque de certaines de leurs réactions. Mais la police ne pouvait pas imaginer que les choses prendraient cette tournure. Je ne pense pas qu'on puisse blâmer quiconque car ces représentants de la loi ne pouvaient savoir qu'ils avaient à faire à des "barbares" . Ils n'ont jamais cru que cela irait si loin.
D'ailleurs ils demandent à Ruth de reprendre le travail, de faire comme si de rien n'était. Comme si dans ce genre de cas on pouvait vraiment faire semblant.
Ce livre est dur car c'est le coeur de mère de Ruth Halimi, brisé, qui parle. C'est un hommage à Ilan pour qu'on ne l'oublie pas et que l'on dise: plus jamais ça.
La deuxième partie est un écrit d'Emilie Frèche juste après les événements. Si ce texte m'a moins intéressée il n'en est pas moins important car il montre en chiffre les dérives d'une société qui n'a plus de repère. Les jeunes veulent tout, tout de suite et par n'importe quel moyen. Ils ne croient plus en rien. L'auteur pose les questions: comment en est on arrivé là? Que doit on faire? Quel rôle pour l'école et les institutions? Ces deux textes se complètent.
Un livre bouleversant.
Re: [Halimi, Ruth & Frèche, Emilie] 24 jours La vérité sur la mort d'Ilan Halimi
Ilan Halimi est mort à vingt-trois, un âge où la vie d’adulte commence, un âge où les rêves et les espoirs guident nos pas vers un futur tout proche.
Ilan Halimi est mort parce qu’il est né juif, parce que de nos jours même s’ils ne portent plus l’étoile jaune, les juifs sont encore considérés comme des gens différents, cible de railleries, de propos qu’on ne voudrait plus entendre mais qui nous rappellent ce passé encore trop frais, cette honte d’avoir laissé faire …. En France en 2006 , appartenir à une religion même si c’est uniquement celle à laquelle nos grands-parents où nos parents ont adhéré , où une nationalité peut devenir un passeport pour l’enfer.
Oui nous sommes en France terre de liberté, de partage, de différences et les vieux démons de l’antisémitisme refont surface comme une gangrène que rien ne peut arrêter.
24 jours, retrace pas à pas le calvaire d’Ilan raconté par sa mère. 157 pages qu’on lit d’une traite, comme pour abréger les souffrances d’Ilan. La douleur de Ruth Halimi cette mère que l’on voudrait juste serrer dans ses bras, sans pouvoir dire de mots qui consolent car il n’est pas de mots pour apaiser cette mère à qui l’on a arraché son fils pour le torturer et lui retirer la vie.
Le récit de Ruth Halimi est teinté de dignité , de courage et d’une clairvoyance spectaculaire. Sa sérénité étonne, on s’interroge, comment aurais-je réagi si …? Et puis non ce n’est pas possible, c’est incompréhensible , pas en France, et pourtant… Je ne sais pas ce qui l’a porté durant l’écriture de ce récit, l’amour certainement je l’ai ressenti , le besoin d’alerter comme pour nous dire mon fils Ilan est mort parce qu’il était juif demain l’histoire pourrait se répéter parce que votre fils est ….
Le regard de cette mère sur les autorités qui n’ont pas su l’écouter, qui n’ont pas saisi d’emblée la nature et l’importance de l’affaire .
Emilie Frèche est écrivain, en 2006 elle est comme la majeur partie de la France atterrée de découvrir l’affaire du « gang des barbares » . Elle prend sa plume et écrit « La mort d’un pote », un essai à « vif » que l’on retrouvera dans la seconde partie du livre. Un constat effrayant sur une France qui dans les années quatre-vingt voyaient naître une génération qui disait stop au racisme, qui prônaient le mélange des cultures , qui plus tard à reconnu son implication dans un antisémitisme honteux, inexplicable.
Comment en est-on arrivé la ? qu’est devenu la génération « touche pas à mon pote » ? Comment notre République a-t’elle laissé s’installer ce climat de racisme et d’antisémitisme ? Par quel moyen aujourd’hui peut-on enlever et séquestrer un être humain dans un immeuble HLM sans que personne n’entende les cris d’un homme que l’on torture pendant vingt-quatre jours. Emilie Frèche nous invite à travers ce constat à une remise en question à divers niveaux , culture, intégration, éducation qui est responsable des dérives ?
« Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre « , alors rappelons nous chaque jour.
Un grand merci aux Editions Points, au Forum Partage Lecture .
Ilan Halimi est mort parce qu’il est né juif, parce que de nos jours même s’ils ne portent plus l’étoile jaune, les juifs sont encore considérés comme des gens différents, cible de railleries, de propos qu’on ne voudrait plus entendre mais qui nous rappellent ce passé encore trop frais, cette honte d’avoir laissé faire …. En France en 2006 , appartenir à une religion même si c’est uniquement celle à laquelle nos grands-parents où nos parents ont adhéré , où une nationalité peut devenir un passeport pour l’enfer.
Oui nous sommes en France terre de liberté, de partage, de différences et les vieux démons de l’antisémitisme refont surface comme une gangrène que rien ne peut arrêter.
24 jours, retrace pas à pas le calvaire d’Ilan raconté par sa mère. 157 pages qu’on lit d’une traite, comme pour abréger les souffrances d’Ilan. La douleur de Ruth Halimi cette mère que l’on voudrait juste serrer dans ses bras, sans pouvoir dire de mots qui consolent car il n’est pas de mots pour apaiser cette mère à qui l’on a arraché son fils pour le torturer et lui retirer la vie.
Le récit de Ruth Halimi est teinté de dignité , de courage et d’une clairvoyance spectaculaire. Sa sérénité étonne, on s’interroge, comment aurais-je réagi si …? Et puis non ce n’est pas possible, c’est incompréhensible , pas en France, et pourtant… Je ne sais pas ce qui l’a porté durant l’écriture de ce récit, l’amour certainement je l’ai ressenti , le besoin d’alerter comme pour nous dire mon fils Ilan est mort parce qu’il était juif demain l’histoire pourrait se répéter parce que votre fils est ….
Le regard de cette mère sur les autorités qui n’ont pas su l’écouter, qui n’ont pas saisi d’emblée la nature et l’importance de l’affaire .
Emilie Frèche est écrivain, en 2006 elle est comme la majeur partie de la France atterrée de découvrir l’affaire du « gang des barbares » . Elle prend sa plume et écrit « La mort d’un pote », un essai à « vif » que l’on retrouvera dans la seconde partie du livre. Un constat effrayant sur une France qui dans les années quatre-vingt voyaient naître une génération qui disait stop au racisme, qui prônaient le mélange des cultures , qui plus tard à reconnu son implication dans un antisémitisme honteux, inexplicable.
Comment en est-on arrivé la ? qu’est devenu la génération « touche pas à mon pote » ? Comment notre République a-t’elle laissé s’installer ce climat de racisme et d’antisémitisme ? Par quel moyen aujourd’hui peut-on enlever et séquestrer un être humain dans un immeuble HLM sans que personne n’entende les cris d’un homme que l’on torture pendant vingt-quatre jours. Emilie Frèche nous invite à travers ce constat à une remise en question à divers niveaux , culture, intégration, éducation qui est responsable des dérives ?
« Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre « , alors rappelons nous chaque jour.
Un grand merci aux Editions Points, au Forum Partage Lecture .
Sara2a- Grand sage du forum
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Localisation : Porto-Vecchio
Genre littéraire préféré : Thrillers, fantastiques et un peu de tout ce qui peut me tomber sous les yeux .
Date d'inscription : 24/01/2010
Re: [Halimi, Ruth & Frèche, Emilie] 24 jours La vérité sur la mort d'Ilan Halimi
Un grand Merci les filles pour toutes vos émouvantes critiques!
Invité- Invité
Re: [Halimi, Ruth & Frèche, Emilie] 24 jours La vérité sur la mort d'Ilan Halimi
Merci pour vos critiques et analyses sur ce sujet douloureux qui doit forcément nous interroger... Ce livre ouvre un débat de société, j'aurais bien quelques idées à ce sujet mais je n'ai pas lu le livre.
Invité- Invité
Re: [Halimi, Ruth & Frèche, Emilie] 24 jours La vérité sur la mort d'Ilan Halimi
J'ai lu ce livre il y a quelques semaines et je vous propose mon avis :
Je me doutais qu'il serait très difficile d'écire une chronique sur ce livre car il ne s'agit pas d'une fiction ni même d'un fait réel "un peu dur" mais d'une tragédie inimaginable.
Tout le monde a entendu ou lu l'histoire d'Ilan dans les médias en 2006 et je me souviens de ma réaction au moment des faits : comment est-ce possible ? Comment un homme peut-il être capable d'une telle horreur ?
Ce livre n'est pas un simple résumé des faits, c'est le témoignage d'une mère sur l'horreur vécue par son fils mais aussi par tous ceux qui l'aimaient.
Ce n'est pas seulement l'histoire du piège diabolique qui s'est refermé sur Ilan, c'est aussi l'histoire d'une mère qui s'en veut et d'un système (policier ?, judiciaire ?) qui n'a pas fonctionné.
Avant tout c'est l'histoire de l'horreur qui peut habiter certains hommes : que ce soit le chef du gang ou les appâts ou encore ce concierge d'immeuble qui laisse un homme se faire séquestrer en échange de 1500 euros, toutes celles et ceux qui savaient et qui n'ont rien dit, tous sont coupables de l’innommable.
Lire 24 jours c'est lire l'histoire de toutes ces personnes et rendre hommage à Ilan Halimi.
Le récit de la maman d'Ilan est suivi de La mort d'un pote, texte d’Émilie Frèche. Je choisis délibérément de ne pas chroniquer cette deuxième partie qui est très loin du témoignage et qui n'est selon moi qu'un recueil d'articles de journaux accompagnés de propos pas toujours de très bon goût selon moi.
Je me doutais qu'il serait très difficile d'écire une chronique sur ce livre car il ne s'agit pas d'une fiction ni même d'un fait réel "un peu dur" mais d'une tragédie inimaginable.
Tout le monde a entendu ou lu l'histoire d'Ilan dans les médias en 2006 et je me souviens de ma réaction au moment des faits : comment est-ce possible ? Comment un homme peut-il être capable d'une telle horreur ?
Ce livre n'est pas un simple résumé des faits, c'est le témoignage d'une mère sur l'horreur vécue par son fils mais aussi par tous ceux qui l'aimaient.
Ce n'est pas seulement l'histoire du piège diabolique qui s'est refermé sur Ilan, c'est aussi l'histoire d'une mère qui s'en veut et d'un système (policier ?, judiciaire ?) qui n'a pas fonctionné.
Avant tout c'est l'histoire de l'horreur qui peut habiter certains hommes : que ce soit le chef du gang ou les appâts ou encore ce concierge d'immeuble qui laisse un homme se faire séquestrer en échange de 1500 euros, toutes celles et ceux qui savaient et qui n'ont rien dit, tous sont coupables de l’innommable.
Lire 24 jours c'est lire l'histoire de toutes ces personnes et rendre hommage à Ilan Halimi.
Le récit de la maman d'Ilan est suivi de La mort d'un pote, texte d’Émilie Frèche. Je choisis délibérément de ne pas chroniquer cette deuxième partie qui est très loin du témoignage et qui n'est selon moi qu'un recueil d'articles de journaux accompagnés de propos pas toujours de très bon goût selon moi.
Invité- Invité
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