[Hirsch, Mikaël] Notre-Dame des Vents
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[Hirsch, Mikaël] Notre-Dame des Vents
Notre-Dame des Vents
Auteur : Mikael Hirsch
Éditions : Intervalles (22/08/2014)
Nombre de pages : 190
ISBN : 9782369560036
Quatrième de couverture
Durant les grandes grèves de 1995, une biologiste se rend aux îles Kerguelen pour y étudier l'impact du réchauffement climatique. En plus de l'isolement géographique, renforcé par l'ampleur du mouvement social en métropole, elle y découvre un espace façonné par la littérature et fait la rencontre d'un technicien, maillon de la chaîne du renseignement. Au même moment, la mise au point d'un satellite espion, ainsi que la soudaine reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique seraient-ils de simples coïncidences, ou bien les éléments épars d'un secret plus vaste, véritable chambre d'échos pour les fantômes de la Guerre froide ?
Mon avis
On n’échappe pas à son enfance. On multiplie les détours, c’est tout.*….
Parler d’un livre qui est un coup de cœur est toujours un exercice difficile.
On voudrait presque le garder pour soi tant en dire quelques mots, c’est l’exposer et prendre le risque que ceux qui liront notre avis ne comprennent pas notre engouement, n’aient pas envie de le découvrir ou soient déçus après lecture…
Mais se taire, c’est également ne pas partager son enthousiasme….et c’est parfois dommage…
« Notre-Dame des Vents » est un des ces romans indéfinissables, que vous portez en vous longtemps après avoir tourné la dernière page….
« Si on n’y prend pas garde, on se referme, on retourne presque à l’état sauvage. »
Des hommes et des femmes- peu de femmes- isolés sur les îles Kerguelen sur le plateau de géophysique, pour différentes missions : militaires, scientifiques… On est en 1995, internet n’est pas, comme de nos jours, omniprésent, les contacts avec ceux qui sont en dehors du site, sont rares.
Il faut être vigilant, ne pas se couper des autres, rester dans sa tâche tout en vivant en groupe restreint. Tout le monde sait ce que fait chacun car le lieu est restreint. C’est là que Joanne et Alexis vont tisser des liens.
« L’isolement insulaire ankylosait l’âme et atrophiait les sentiments. »
Alexis est là depuis quelque temps, installé dans une routine qui lui convient….Joanne sera le catalyseur, l’élément pétillant et plein de vie, le regard neuf sur le lieu et le rôle qu’il y tient…
La nature et l’Océan font partie intégrante du récit, présences intemporelles liant les hommes à leur situation géographique comme un fil invisible mais Joanne bouscule les certitudes avec son dynamisme, sa fougue, elle raconte des histoires, des légendes…elle emmène Alexis dans un autre univers…Forts de cette nouvelle proximité, ils se confient l’un à l’autre.
« La douleur, une fois confiée, devenait chez l’autre une forme d’attirance, l’éclat d’une ancienne blessure que l’on reconnaît tout à fait comme sienne et qui rend son dépositaire plus désirable. »
Est-ce la conjoncture, le « ici et maintenant », qui fait qu’ils se « rejoignent », ou y-a-t-il quelque chose de plus fort ? Ils sont deux, mais jamais vraiment seuls….
Les habitants de cette île sont tous différents et la capacité de chacun à s’adapter à cette nouvelle existence est décrite avec poésie. Il y a ceux qui sont « le nez » dans l’étude qu’ils doivent faire, ils comptent les jours, fiers d’accomplir ce pour quoi ils ont été nommés sans trop de difficultés. Il y a ceux qui ne peuvent s’empêcher, vu le contexte, de se remettre en question, encore et toujours, s’interrogeant sur ceux qui sont passés avant ou qui viendront après….
Mêlant avec bonheur, récit d’aventures maritimes, fiction, quête initiatique, ainsi que connaissances scientifiques (entre autres sur le trou de Symmes), l’auteur nous emmène à sa suite sur cette île où le temps est suspendu …. comme mis entre parenthèses.
La météo peut venir tout bouleverser d’un moment à l’autre, l’arrivée de « réfugiés » aussi, la présence d’une femme également, l’équilibre est précaire alors que tout semblerait couler de source…
L’écriture de Mikael Hirsch est un régal. Elle peut être tour à tour, dense, paisible et lente lorsque le froid engourdit tout, saccadée aux phrases brèves lorsque l’urgence est là, douce et intime aux moments des confidences…Elle est tellement belle, ciselée à mots choisis que la lectrice que je suis retenait son souffle comme si je risquais, en respirant trop fort, de souffler et de faire disparaître les mots dont je me délectais….
NB : J’ai relu déjà cinq fois les pages 59 à 62, et je sais que je les relirai encore et encore.
Il s’agit d’une conversation entre les deux protagonistes. Une de ces discussions qui n’existent pas tous les jours, où chacun fouille son âme, se met à nu, parce que l’atmosphère s’y prête, parce que c’est le moment… « …j’ai l’impression d’accomplir quelque chose qui vient de plus loin, qui prend sa source dans un passé lointain dont je ne serais que l’extrémité fragile. »
*Page 62Mon avis
On n’échappe pas à son enfance. On multiplie les détours, c’est tout.*….
Parler d’un livre qui est un coup de cœur est toujours un exercice difficile.
On voudrait presque le garder pour soi tant en dire quelques mots, c’est l’exposer et prendre le risque que ceux qui liront notre avis ne comprennent pas notre engouement, n’aient pas envie de le découvrir ou soient déçus après lecture…
Mais se taire, c’est également ne pas partager son enthousiasme….et c’est parfois dommage…
« Notre-Dame des Vents » est un des ces romans indéfinissables, que vous portez en vous longtemps après avoir tourné la dernière page….
« Si on n’y prend pas garde, on se referme, on retourne presque à l’état sauvage. »
Des hommes et des femmes- peu de femmes- isolés sur les îles Kerguelen sur le plateau de géophysique, pour différentes missions : militaires, scientifiques… On est en 1995, internet n’est pas, comme de nos jours, omniprésent, les contacts avec ceux qui sont en dehors du site, sont rares.
Il faut être vigilant, ne pas se couper des autres, rester dans sa tâche tout en vivant en groupe restreint. Tout le monde sait ce que fait chacun car le lieu est restreint. C’est là que Joanne et Alexis vont tisser des liens.
« L’isolement insulaire ankylosait l’âme et atrophiait les sentiments. »
Alexis est là depuis quelque temps, installé dans une routine qui lui convient….Joanne sera le catalyseur, l’élément pétillant et plein de vie, le regard neuf sur le lieu et le rôle qu’il y tient…
La nature et l’Océan font partie intégrante du récit, présences intemporelles liant les hommes à leur situation géographique comme un fil invisible mais Joanne bouscule les certitudes avec son dynamisme, sa fougue, elle raconte des histoires, des légendes…elle emmène Alexis dans un autre univers…Forts de cette nouvelle proximité, ils se confient l’un à l’autre.
« La douleur, une fois confiée, devenait chez l’autre une forme d’attirance, l’éclat d’une ancienne blessure que l’on reconnaît tout à fait comme sienne et qui rend son dépositaire plus désirable. »
Est-ce la conjoncture, le « ici et maintenant », qui fait qu’ils se « rejoignent », ou y-a-t-il quelque chose de plus fort ? Ils sont deux, mais jamais vraiment seuls….
Les habitants de cette île sont tous différents et la capacité de chacun à s’adapter à cette nouvelle existence est décrite avec poésie. Il y a ceux qui sont « le nez » dans l’étude qu’ils doivent faire, ils comptent les jours, fiers d’accomplir ce pour quoi ils ont été nommés sans trop de difficultés. Il y a ceux qui ne peuvent s’empêcher, vu le contexte, de se remettre en question, encore et toujours, s’interrogeant sur ceux qui sont passés avant ou qui viendront après….
Mêlant avec bonheur, récit d’aventures maritimes, fiction, quête initiatique, ainsi que connaissances scientifiques (entre autres sur le trou de Symmes), l’auteur nous emmène à sa suite sur cette île où le temps est suspendu …. comme mis entre parenthèses.
La météo peut venir tout bouleverser d’un moment à l’autre, l’arrivée de « réfugiés » aussi, la présence d’une femme également, l’équilibre est précaire alors que tout semblerait couler de source…
L’écriture de Mikael Hirsch est un régal. Elle peut être tour à tour, dense, paisible et lente lorsque le froid engourdit tout, saccadée aux phrases brèves lorsque l’urgence est là, douce et intime aux moments des confidences…Elle est tellement belle, ciselée à mots choisis que la lectrice que je suis retenait son souffle comme si je risquais, en respirant trop fort, de souffler et de faire disparaître les mots dont je me délectais….
NB : J’ai relu déjà cinq fois les pages 59 à 62, et je sais que je les relirai encore et encore.
Il s’agit d’une conversation entre les deux protagonistes. Une de ces discussions qui n’existent pas tous les jours, où chacun fouille son âme, se met à nu, parce que l’atmosphère s’y prête, parce que c’est le moment… « …j’ai l’impression d’accomplir quelque chose qui vient de plus loin, qui prend sa source dans un passé lointain dont je ne serais que l’extrémité fragile. »
Cassiopée- Admin
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Re: [Hirsch, Mikaël] Notre-Dame des Vents
CassiopéeJ'ai mis en place un petit carnet pour y inscrire les coups de cœurs je vais m'empresser d'y ajouter Notre Dame des Vents
Invité- Invité
Re: [Hirsch, Mikaël] Notre-Dame des Vents
Les îles Kerguelen ont pour moi, le goût du mystère, ne me demandez pas pourquoi, mais le seul mot de Kerguelen….Peut-être gamine le mot océan indien signifiait chaleur, tropiques… et ce sont des îles battues par le vent, le froid, la neige. Un livre qui en parle, je ne pouvais pas ne pas le lire.
Dans ce livre, une histoire d’amour telle une aurore boréale voit le jour pour s’éteindre rapidement par le départ de la jeune femme. Une histoire forcément dans la parenthèse du temps puisque les missions sont limitées en durée.
Ce n’est pas si simple que cela. D’abord, il y a les éléments, le vent, la neige, le froid. Puis viennent la vie en huis clos, l’île devient une cage entre deux arrivées du Marion Dufresne. La promiscuité, la difficulté de la vie communautaire, les jalousies, les secrets d’Etats -puisque russes, américains, français, entre autres, se côtoient-, les surveillances, les essais nucléaires qui reprennent… Tout est là dans l’actualité du livre avec, pour décor, la beauté sauvage des Kerguelen. Cela aurait pu être suffisant pour donner un livre très agréable à lire grâce à l’écriture savante de Mikaël Hirsch. Mais non, l’auteur nous emmène dans d’autres voyages. Un voyage dans le temps avec un carnet retrouvé que va dévorer Alexis et dans la folie qui va être la sienne, dans sa recherche du trou de Symmes.
Mikaël Hirsch fait de l’atmosphère qui règne sur l’île, le huis clos, un personnage central. La méfiance, voire la parnoïa règne entre les scientifiques. Il restitue admirblement l’ennui, la solitude des iliens avec en arrière-plan le décor de l’île.
Mikaël Hirsch restitue le réalisme des activités scientifiques, d’une façon agréable pour une handicapée scientifique comme moi. Il y a du lyrisme dans la fuite en folie d’Alexis
« Mêlant tout à la fois réalité scientifique, récit d’exploration et conte fantastique, Mikaël Hirsch renoue ici avec le roman d’aventures maritimes, dont les maîtres incontestés furent Edgar Allan Poe et Jules Verne. » dit la 4ème de couverture et c’est tout-à-fait cela.
Une belle découverte
Dans ce livre, une histoire d’amour telle une aurore boréale voit le jour pour s’éteindre rapidement par le départ de la jeune femme. Une histoire forcément dans la parenthèse du temps puisque les missions sont limitées en durée.
Ce n’est pas si simple que cela. D’abord, il y a les éléments, le vent, la neige, le froid. Puis viennent la vie en huis clos, l’île devient une cage entre deux arrivées du Marion Dufresne. La promiscuité, la difficulté de la vie communautaire, les jalousies, les secrets d’Etats -puisque russes, américains, français, entre autres, se côtoient-, les surveillances, les essais nucléaires qui reprennent… Tout est là dans l’actualité du livre avec, pour décor, la beauté sauvage des Kerguelen. Cela aurait pu être suffisant pour donner un livre très agréable à lire grâce à l’écriture savante de Mikaël Hirsch. Mais non, l’auteur nous emmène dans d’autres voyages. Un voyage dans le temps avec un carnet retrouvé que va dévorer Alexis et dans la folie qui va être la sienne, dans sa recherche du trou de Symmes.
Mikaël Hirsch fait de l’atmosphère qui règne sur l’île, le huis clos, un personnage central. La méfiance, voire la parnoïa règne entre les scientifiques. Il restitue admirblement l’ennui, la solitude des iliens avec en arrière-plan le décor de l’île.
Mikaël Hirsch restitue le réalisme des activités scientifiques, d’une façon agréable pour une handicapée scientifique comme moi. Il y a du lyrisme dans la fuite en folie d’Alexis
« Mêlant tout à la fois réalité scientifique, récit d’exploration et conte fantastique, Mikaël Hirsch renoue ici avec le roman d’aventures maritimes, dont les maîtres incontestés furent Edgar Allan Poe et Jules Verne. » dit la 4ème de couverture et c’est tout-à-fait cela.
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