[Dru, Marie-Virginie] Aya
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[Dru, Marie-Virginie] Aya
Titre : Aya
Auteur : Marie-Virginie DRU
Année de parution : 2019
Editeur : Albin Michel
Pages : 224
Présentation de l'éditeur :
Aya, c’est toute l’âme de l’Afrique, sa sensualité, sa magie et sa rudesse. Aya, c’est une fille de douze ans, pas encore une femme, belle comme un soleil, et qui ne rêve que d’épouser son petit amoureux, Ousmane. Main dans la main, ils se promènent sur les bancs de sable de Karabane avant de plonger dans l’eau, où ils croisent Moussa de retour de la pêche dans sa barque bleue.
Ce paradis, Aya ne l’abandonnerait pour rien au monde, s’il n’y avait ce terrible secret qui la fait grandir trop vite et qu’elle ne peut partager avec personne. Contrainte de fuir son île, elle va peut-être se libérer du poids qui lui coupe le souffle et se forger enfin un destin. Une magnifique histoire de résilience que la plume sensuelle, poétique et envoûtante de Marie-Virginie Dru, grande amoureuse du continent africain, fait vibrer tel un chant initiatique.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Aya est le premier roman de Marie-Virginie Dru, peintre et sculptrice dont l’œuvre est très inspirée par l’Afrique, et en particulier le Sénégal, où l’auteur a vécu et séjourne régulièrement.
Avis :
Aya doit son prénom à son jour de naissance, « jeudi » en wolof. A Karabane, à la fois île et village situés à l'extrême sud-ouest du Sénégal, la vie s’écoule paisiblement, sauf pour la famille N’diaye qui cumule les coups du sort. A douze ans, Aya n’a depuis longtemps plus guère que son âge pour lui rappeler qu’elle est encore une enfant. Alors que son frère est parti tenter sa chance en France, ce pays de rêve où il est devenu un migrant parmi tant d’autres, Aya va aussi devoir quitter son île natale pour trouver refuge dans un foyer fondé à Dakar par des Françaises.
L’auteur a vécu au Sénégal et connaît très bien le pays. La Maison Rose de Dakar existe bel et bien. Dédiée aux femmes et à la réinsertion, elle a été fondée par une Française, Mona Chasserio, et la famille Dru y est très impliquée.
Le roman Aya est un hommage à l’action de Mona et de son équipe, qui ressemble tant à l’incessant et épuisant effort de Sisyphe mais qui est devenue leur raison de vivre, comme dans ce passage de Camus que, dans le roman, Mona connaît par coeur :
« A cet instant subtil où l’homme se retourne sur sa vie, Sisyphe, revenant vers son rocher, contemple cette suite d’actions sans liens qui devient son destin, créé par lui, uni sous le regard de sa mémoire et bientôt scellé par la mort. Ainsi, persuadé de l’origine tout humaine de tout ce qui est humain, aveugle qui désire voir, et qui sait que la nuit n’a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. Maintenant, il s’agit de vivre. »
Si Aya est un personnage imaginaire, il est un exemple sans doute parfaitement représentatif des femmes accueillies à la Maison Rose : meurtries, elles y apprennent à apprivoiser leur passé et à trouver l’élan nécessaire pour reprendre le cours de leur vie. En tout cas, on aimerait vraiment croire en ce fascinant portrait de petit bout de femme, dont quasiment rien n’arrive à arracher le sourire et dont la résilience est un message d’espoir pour toutes ses semblables, ainsi que pour les personnes qui tentent de leur venir en aide. Car rien n’est facile, ni gagné d’avance : la photographe Camille qui, bouleversée, tente de s’impliquer et passe à côté de toutes les occasions et opportunités, se décourage et s’empresse de rentrer chez elle.
Par son activité, on est tenté d’y voir un reflet de l’auteur, non pas photographe mais peintre sculpteur, inspirée dans ses œuvres par l’Afrique, et qui, elle aussi, tente de saisir des instants :
« C’est pour ça qu’elle aime tant faire des photos et capturer ce moment où tout s’aligne parfaitement. Saisir la perfection d’un paysage juste quand un nuage accentue la lumière, ou attraper le regard d’un étranger qui vous livre son âme à cet instant décisif. Clic-clac, avant qu’il ne soit trop tard. Imprimer la pellicule pour voler au temps une seconde d’éternité. »
Ce court roman à la fois fiction et projection d’une expérience personnelle, est écrit sans artifice, avec concision et sobriété. Pas de pathos, ni d’état d’âme. Juste un récit qui parle de lui-même et nous fait toucher des yeux et du coeur un bout d’Afrique, avec ses souffrances et ses bonheurs, de quoi insuffler un peu d’espoir dans un océan d’indifférence et d’incompréhension. Une lecture agréable et touchante, pleine d’humanité, au goût sucré-salé d’exotisme et de larmes. (4/5)
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