[Brown, Taylor] Le fleuve des rois
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[Brown, Taylor] Le fleuve des rois
Titre : Le fleuve des rois (The River of Kings)
Auteur : Taylor BROWN
Traducteur : Laurent BOSCQ
Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2017, en français (Grasset) en 2021
Pages : 464
Présentation de l'éditeur :
Un an après le décès de leur père, Lawton et Hunter entreprennent de descendre l’Altamaha River en kayak pour disperser ses cendres dans l’océan. C’est sur ce fleuve de Géorgie, et dans des circonstances troublantes, que cet homme ténébreux et secret a perdu la vie, et son aîné compte bien éclaircir les causes de sa mort.
Il faut dire que l’Altamaha River n’est pas un cours d’eau comme les autres : nombreuses sont ses légendes. On raconte notamment que c’est sur ses berges qu’aurait été établi l’un des premiers forts européens du continent au XVIe siècle, et qu’une créature mystérieuse vivrait tapie au fond de son lit.
Remontant le cours du temps et du fleuve, l’auteur retrace le périple des deux frères et le destin de Jacques Le Moyne de Morgues, dessinateur et cartographe du roi de France Charles IX, qui prit part à l’expédition de 1564 au cœur de cette région mythique du Nouveau Monde. De cette passionnante épopée se dégagent une grâce et une intensité qui imposent Taylor Brown comme un digne héritier de Cormac McCarthy et de Ron Rash.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né en 1982 en Géorgie, dans le sud des États-Unis, Taylor Brown a vécu à Buenos Aires et à San Francisco avant de s’installer en Caroline du Nord. Baroudeur, touche-à-tout, passionné de moto autant que de voitures de collection et jamais en panne d’inspiration, il s’est imposé en quelques années comme l’un des écrivains les plus prometteurs de sa génération. Le Fleuve des Rois est son troisième roman à paraître en France après La Poudre et la Cendre (Autrement, 2017) et Les Dieux de Howl Mountain (Albin Michel, 2019).
Avis :
En Géorgie, le fleuve Altamaha et ses multiples bras forment un vaste labyrinthe marécageux avant de se jeter dans l’Atlantique en un immense delta. Il alimente une zone de nature préservée, riche d’une formidable biodiversité incluant des espèces rares, ainsi que d’impressionnantes créatures comme de gigantesques poissons-chats, des brochets-crocodiles, des alligators, des serpents venimeux, et même, selon la légende, un monstre semblable à celui du Loch Ness, l’Altamaha-ha. Le marais n’abrite que peu d’humains : autrefois de pauvres familles ruinées par la Grande Dépression, de tout temps des marginaux et des hors-la-loi fuyant le monde, tout un petit peuple survivant de la chasse et de la pêche et logeant misérablement dans des habitations flottantes.
Le pêcheur de crevettes Hiram Loggins était l’un de ces habitants. « Etait », parce qu’il est mort voilà un an, dans d’obscures circonstances qui font s’interroger ses deux fils, Lawton et Hunter. Les deux frères se sont lancés dans la descente du fleuve en kayak, un voyage de quatre jours avant l’océan où ils comptent disperser les cendres paternelles. Le trajet est pour eux un pèlerinage sur les lieux de leur enfance et sur ceux où leur père acheva sa vie en vieux solitaire, mais aussi, espèrent-ils, l’occasion d’en savoir un peu plus sur l’accident qui lui fut fatal. Car l’homme connaissait le fleuve et ses dangers comme sa poche. Brutal et attaché comme il l’était à son marais, il aurait aussi bien pu gêner quelque braconnier, pêcheur à l’explosif, ou encore récupérateur des « mérous carrés » largués par avion par les narcotrafiquants colombiens...
Dès lors, la narration ne cesse d’alterner entre trois récits, vibrants de la même tension addictive : les investigations contemporaines, teintées d’aventure et de nature-writing, des deux frères ; la vie du père, toute entière dédiée au fleuve et réservant bien des surprises ; enfin, dans une mise en perspective éclairant l’histoire du marais et l’origine de ses légendes, la dramatique installation au 16e siècle des premiers colons français sur ces terres inhospitalières et leur confrontation violente aux amérindiens Timucuas. Trois époques, trois tableaux, mais un théâtre unique : une « cathédrale marécageuse » dédiée au culte d’une nature sauvage, splendide et impitoyable, qui, jusqu’ici, mais pour combien de temps encore, s’est toujours montrée plus puissante que la convoitise humaine.
Réaliste dans ses moindres détails et proposant même quelques-uns des dessins du cartographe et membre de l’expédition de 1564, Jacques Le Moyne de Morgues, le roman se construit autour de personnages croqués au plus près de leur psychologie et de leurs ambivalences. Epique, violent, sans concession, il emmêle, dans un fil narratif qui n’a rien à envier à la puissance du grand fleuve, l’Histoire, l’aventure, le mystère et le nature-writing. Bousculé dans les rapides du récit ou suspendu à la majesté de ses évocations, jamais le lecteur ne sent fléchir sa fascination pour cette contrée envoûtante, dont la magnificence n’a d’égale que son inhospitalité. Une dualité qui imprègne tout le livre, puisque capable d’autant de mal que de bien, la nature humaine y apparaît elle aussi d’une complexité pleine de contradictions. (4/5)
Re: [Brown, Taylor] Le fleuve des rois
Merci Cannetille pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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