Journal La Brèche N°1
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Journal La Brèche N°1
JOURNAL LA BRÈCHE – PREMIER NUMÉRO PARU EN JANVIER 2023
ÉDITO par Clément Goutelle, Jean-Philippe Peyrache et Marion Sabatier.
Les trois créateurs nous parlent des doutes qui les ont assaillis car lancer un nouveau journal, surtout papier, n’est pas chose aisée.
Ils remercient la vingtaine de journalistes et dessinateurs qui se joints à eux dans l’aventure et aussi les plus de 500 personnes qui les ont soutenus en amont.
Ils définissent la ligne éditoriale et insistent sur le fait qu’ils sont engagés mais non militants.
Ils annoncent leur volonté de pratiquer « un journalisme actif » en ne se limitant pas à traiter les sujets dans un seul numéro sans jamais y revenir. Au contraire, ils prennent l’engagement de « suivre nos sujets de numéro en numéro et continuer de demander des comptes ».
Et ils ont tenu parole puisque dans le N°2 la rubrique « Retour sur la Brèche » ils reviennent sur l’enquête concernant les ondes électro-magnétiques et sur l’exploitation minière.
Pour ce premier numéro l’équipe a choisi d’enquêter sur « Le scandale invisible des ondes électromagnétiques. »
Présentée en première page, elle est développée de la page 6 à la page 9. J’en ai pris connaissance et j’y ai appris beaucoup de choses sur lesquelles je n’avais peut-être pas eu, jusqu’à présent, envie de me pencher. Notamment :
Que l’Organisation Mondiale de la Santé reconnaît les souffrances des personnes électrohypersensibles mais pas les causes.
Que la seule solution pour elles c’est de se retirer dans des zones blanches mais le gouvernement a lancé un « New Deal » pour qu’il n’y en ait plus.
Que des essais ont été effectués sur des tomates et qu’ils ont prouvé que les ondes des portables provoquent une activité toxique dans les gènes, transposable à l’être humain.
Que, selon les recherches commandées par le Parlement Européen, les fréquences sont probablement cancérigènes.
Qu’expérimentées sur des rats, les ondes les rendent frileux et qu’ils dorment mal.
Que la 5G produirait 6.7 millions de tonnes de CO2 supplémentaires.
Que 9 téléphones sur 10 ne respectent pas les normes.
Je remercie Clément Goutelle pour son travail d’investigation. Il m’a ouvert les yeux sur ce grave problème affectant une minorité pour l’instant mais qui, avec la multiplication des appareils, pourrait devenir celui de tous.
Voici maintenant les articles qui m'ont plus particulièrement intéréssée.
Page 2 - Article : « Auvergne, Alsace, Bretagne : des mines de lithium…au nom de l’écologie ».
Par Antoine Costa et Clément Goutelle.
Le Ministère de la Transition Écologique annonce l’ouverture de mines de lithium dans les régions citées dans le titre. Écologie versus Mine : cherchez l’erreur.
À Beauvoir, dans l’Allier, l’extraction pourrait équiper 700 000 véhicules électriques par an.
À Treguennec, le sous-sol contiendrait 66 000 tonnes qui, à la côte actuelle, valent 2,295 milliards de dollars. Une véritable manne !
Le site est triplement protégé ? Peu importe ! Barbara Pompili (députée LREM) répond : « Nous en avons besoin pour nos téléphones, no batteries, nos énergies renouvelables […] Il faut que chacun soit responsable, quand on a des gisements chez soi, il faut pouvoir les exploiter. »
Il faut savoir qu’une voiture électrique demande 4 fois plus de métaux qu’une thermique (cuivre, cobalt, nickel, graphite et surtout du lithium).
Les rédacteurs de l’article posent la question : « Va-t-on saccager ce qui peut encore l’être au nom de l’écologie ? ».
Heureusement, le temps de mise en place d’une mine est de 10 ans minimum.
Espérons qu’entre-temps une autre énergie puisse remplacer le pétrole. L’hydrogène peut-être ?
Dans son livre « La guerre des métaux » le journaliste Guillaume Pitron parle du problème soulevé par la dépendance aux métaux rendant invisible la pollution minière, sévissant souvent loin des pays occidentaux.
Selon une agence de conseil, il faudrait ouvrir 348 mines dans le monde, de graphite, nickel, cobalt dont 74 de lithium !
J’ai été porté beaucoup d'attention à cet article parce que je ne pense pas que les véhicules électriques soient une bonne solution. Il faudrait produire encore plus d’électricité, et donc construire beaucoup de centrales nucléaires avec les conséquences néfastes qu’elles entraînent (voir série d’articles dans le N°2). Ensuite, quand on sait que l’exploitation minière change durablement la morphologie des terrains, contamine l’air, contamine les eaux superficielles et souterraines et que tout cela a des conséquences sur humains et animaux qui vivent à proximité, on ne peut que s’y opposer.
En ce qui concerne plus spécifiquement le lithium, on estime qu’il faut 2 millions de litres d’eau douce pour en produire une tonne. À l’heure où la France commence à cruellement en manquer, cela me laisse très perplexe.
Puis, si j’ose dire, pour apporter de l’eau à mon moulin :
Page 3 - Article : « Après le Green Washing, le Green Mining » par Antoine Costa.
Si Bruno Le Maire s’enthousiasme sur les bonnes perspectives de la mine de Beauvoir (Allier) ce n’est pas le cas d’Antoine Gatet, vice-président de « France nature environnement ». Il dit : « Il faut arrêter avec le mythe de la mine propre ! Tout ça c’est de la communication et du flan. ». En plus de la mine, il faut une grosse usine de transformation (voir ci-dessous) ce qui implique une pollution de l’eau et une grande quantité de déchets difficiles à gérer.
Mais la transition énergétique a été une aubaine pour le secteur en lui permettant de s’attribuer une étiquette verte.
Et Barbara Pompili de soutenir l’exploitation du sol français avec des méthodes qui seraient beaucoup plus respectueuses de l’environnement qu’ailleurs dans le monde. Un label « Mine responsable » serait créé.
Un doux rêve ?
Pour être tout à fait complet sur le sujet le journal propose, toujours page 3 :
Batteries : une première Gigafactory dans le Nord de la France
La première usine, sur le modèle de Tesla, ouvrira à Douvrin (Pas-de-Calais) en 2023. Coût : 1.8 milliard dont 846 millions d’argent public.
Entre la mine et la production de batteries, il faut une usine de raffinage du lithium. Elle ouvrira en 2025 près de Strasbourg.
Deux autres projets de gigafactories de batteries, à l’initiative de Renault et en partenariat avec des constructeurs étrangers pourraient voir le jour en France : une avec le chinois Envision à Douai en 2024 et aussi à Dunkerque en 2026. La société taïwanaise ProLogium envisage aussi de s’installer sur notre territoire.
Et cela va arriver très vite. Le vendredi 12 mai, Emmanuel Macron, en visite à Dunkerque, a confirmé l'implantation des usines ProLogium et XTC (chinoise). Avec une perspective de nombreux emplois créés, la balance entre industrialisation et écologie penche ici vers la première. Et le Président d’enfoncer le clou en proposant une pause réglementaire européenne sur les normes environnementales. Les taïwanais et chinois ont sans doute eu des arguments de poids pour que ce genre d’industrie soit choisie comme si aucune autre ne pouvait être envisagée !
Page 3 – Article : « Granulés de bois : une bonne idée partie en fumée » par Jp Peyrache.
Fabriqué à partir de résidus (sciures et copeaux) le granulé est présenté comme une source d’énergie performante et respectueuse de l’environnement. L’Union Européenne l’a incluse dans les énergies renouvelables.
Mais Philippe Canal, secrétaire général d’un syndicat des personnels des forêts, est plus sceptique. Il dit : « On est vraiment dans la caricature de ce que l’on appelle le Greenwashing ». Pourquoi ?
Si on l’utilise en circuit court (par exemple, une municipalité le fabrique à partir de déchets de sa propre forêt pour chauffer ses écoles) c’est acceptable. Mais quand il s’agit de méga-projets, cela l’est moins. Car, dans ce cas, on en vient à utiliser des arbres entiers normalement destinés aux charpentes et aux parquets !
De plus, en brûlant le bois, du carbone est diffusé dans l’atmosphère et cela ne va pas tout à fait dans le sens de l’écologie. Déjà en 2015 beaucoup de scientifiques ont écrit que « l’utilisation de biomasse à base de bois pour produire de l’énergie, loin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les augmente ».
Et le comble de l’absurdité : la déforestation importée ! Le Royaume-Uni, par exemple, importe massivement du bois d’Amérique du Nord.
Sans compter l’énergie nécessaire au débardage, au broyage et au transport. Pas du tout dans le sens de l’écologie non plus.
En 2020, 1,3 million de foyers français se chauffaient aux granulés et, après la crise du Covid, cela semble repartir à la hausse, toujours soutenus par les pouvoirs publics.
Comme il est dit dans le titre, voici une idée qui paraissait valable mais qui ne se révèle pas très écologique. D’autre part, je me dis que nous déforestons déjà à tour de bras pour des activités minières, agricoles, des infrastructures énergétiques et de transport. Que des méga-incendies détruisent des millions de mètres carrés, que la sécheresse en fera peut-être disparaître autant. Et, quand on sait le nombre d’années qu’il faut à un arbre pour devenir adulte, ce mode de chauffage est une hérésie.
Page 10 – Article : Apnée du sommeil : appareils défectueux, les victimes se réveillent et attaquent » par Clément Goutelle.
Que se passe-il avec ces appareils ? La mousse insonorisante se désagrège petit à petit et contamine l’air avec des microparticules de plastique potentiellement cancérigènes.
Même si la marque annonce en 2021 le retrait volontaire de plusieurs millions d’appareils dans le monde, cela n’interpelle pas en France où 400 000 personnes sont « appareillées ». Aussi, elles ne reçoivent ni information ni, a fortiori, invitation à les retourner.
Mais un certain nombre de victimes attaquent quand même Philips et…un respiratorgate commence.
En juin 2021, Christian Trouchot, président de l’AIRAS (Association des Insuffisants Respiratoires et des Apnéiques du Sommeil), assiste à une visioconférence où, comme il dit, « Le bal des hypocrites commence ». En effet, Philips refuse tout enregistrement ou prise de notes. Et sa seule réponse à chaque question est « secret des affaires ». Pour lui « cela ressemblait à l’affaire Mediator ».
Les victimes souffrent de toux, pression thoracique, infection des sinus, maux de tête, asthme, nausées. Et même si l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) signale un risque cancérigène, rien de bouge…ou si peu car en février 2022 seulement 7% des appareils défectueux ont été remplacés.
Mais, lorsque l’affaire est médiatisée et que des médecins montent au créneau, l’ANSM demande un remplacement total avec décembre 2022 pour échéance. Entre temps, Philips a changé de discours et une enquête est ouverte par le parquet de Paris.
La FDA (Food and Drug Administration), l’agence américaine, révèle en février 2022 que Philips avait connaissance des risques sanitaires dès 2015 et, depuis janvier 2020, de la dégradation de la mousse, sans prendre aucune mesure. Pour sa défense la firme « fabrique du doute » selon Christophe Lèguevaques, avocat de la FFAIR (Fédération Française des Associations et amicales de malades, Insuffisants respiratoires). L’État et Caisse d’Assurance Maladie sont des victimes collatérales mais auront-ils le courage d’attaquer la multinationale ?
L’avocat a quand même bon espoir après avoir obtenu gain de cause dans le dossier Levothyrox. L’action collective regroupe à ce jour 1432 personnes et elles veulent toutes une seule chose, la vérité !
Encore une fois, force est de constater que, face aux géants de l’industrie, la lutte est longue et difficile. Mais David n’a-t-il pas terrassé Goliath ?
Page 12 – Article : « La guerre en Ukraine, une aubaine pour le lobby agricole » par Antoine Costa.
À cause de cette guerre et au nom de la souveraineté alimentaire, ce lobby se sent confirmé dans sa politique de productivisme. Pour s’adapter à la crise, il n’est évidemment plus question de privilégier la nourriture de proximité acquise directement chez le producteur.
Mais le revers de la médaille de la surproduction c’est l’emploi augmenté de pesticides (dérivés du pétrole) et d’engrais (produits avec du gaz). La Russie étant le premier exportateur de ces deux produits, il semble difficile de se passer du gaz russe.
Pire ! Le patron de Syngenta, mastodonte de la chimie et de l’agroalimentaire, agite l’épouvantail « guerre, pénurie, famine ». Il en rajoute en affirmant qu’il faudrait arrêter l’agriculture biologique, insuffisamment productive, et en prédisant « une catastrophe mondiale ».
La FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture) n’est vraiment pas si alarmiste. Si le Yémen, par exemple, est touché par la famine ce n’est pas par pénurie mais plutôt par la hausse des prix (par spéculation) intervenue avant la guerre en Ukraine.
Conséquence obligatoire : seuls les pays riches seront à même de s’approvisionner. Sur les 87 navires chargés de céréales ukrainiennes, seuls 2 étaient destinés au programme alimentaire des Nations Unies. 3% pour le Yémen et le Liban, 36% pour l’Europe, le reste pour l’Asie.
Antoine Costa écrit « La faim refait son apparition dans le monde alors que la récolte de blé 2021 a battu tous les records. » Et en conclusion à son article : « ce n’est pas la taille du gâteau qui compte, mais la façon dont il est réparti. »
Cet article est vraiment édifiant et les informations que j’y ai lues m’ont désolée. Bien-sûr je ne tombe pas des nues mais c’est toujours difficile de constater que « Sous le soleil, rien de nouveau » !
Mon avis sur le journal
En ayant commencé par le N° 2, parfaitement abouti comme je l’ai écrit dans ma critique, je pouvais « craindre » que le premier numéro soit une sorte de galop d’essai et qu’il ferait apparaître peut-être quelques maladresses.
Eh bien, pas du tout ! La maîtrise est là, la ligne éditoriale est totalement respectée et les articles offrent de la diversité tout en étant à chaque fois très précis.
Je tiens donc à féliciter toute l’équipe et je confirme que je ne manquerai pas d’en parler autour de moi.
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