[Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
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Fleurianne
elea2020
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[Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
![[Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle Veille10](https://i.servimg.com/u/f17/19/91/53/59/veille10.jpg)
Titre : Veiller sur elle
Auteur : Jean-Baptiste ANDREA
Parution : 2023 (L'Iconoclaste)
Pages : 592
Présentation de l'éditeur :
Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains. Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d'une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l'ombre d'un palais génois. Mais elle a trop d'ambition pour se résigner à la place qu'on lui assigne.
Ces deux-là n'auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l'autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l'Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s'il doit perdre Viola ?
Un roman plein de fougue et d'éclats, habité par la grâce et la beauté.
Prix du roman FNAC.
Un mot sur l'auteur :
Né en 1971, Jean-Baptiste Andrea a d’abord été réalisateur-scénariste, puis s’est lancé dans l’écriture avec un premier roman au succès immédiat, Ma reine (douze prix littéraires dont le Femina des lycéens et le prix du Premier Roman), suivi de Cent millions d’années et un jour (2019) et de Des diables et des Saints (2021).
Avis :
En 1986, un vieil homme agonise dans une abbaye italienne. Il n’a jamais prononcé ses vœux, pourtant c’est là qu’il a vécu les quarante dernières années de sa vie, cloîtré pour rester auprès d’elle : sa Pietà et son chef d’oeuvre de maître sculpteur, que le Vatican a pris le parti de soustraire au monde et de tenir au secret, tant, sans que l’on sache se l’expliquer, la statue suscitait l’émotion et la polémique dans le monde. Qu’a donc de si spécial cette œuvre mystérieuse ? Et quel est le secret de son étrange influence, celé dans son tombeau de pierre en même temps que dans le silence de son créateur ? Nul ne saura jamais, à moins comme le lecteur, d’avoir accès aux pensées du mourant qui, en ses dernières heures, remet mentalement son histoire en ordre…
Né en France de parents italiens, Michelangelo, dit Mimo, perd son père lors de la première guerre mondiale. A douze ans, le garçon, atteint de nanisme, n’en dépasse pas moins déjà largement les talents paternels de sculpteur. Sa mère l’envoie donc chez son oncle, sculpteur lui aussi, à Pietra d’Alba. Exploité et maltraité par son parent plus assidu à manier la bouteille que les ciseaux, l’adolescent desservi par son physique n’est pas pris au sérieux lors de ses premières armes dans la profession. Mais, les chantiers de son oncle l’ayant envoyé chez les Orsini, les riches maîtres du village, il y fait la connaissance de Viola, la fille de la famille, qui, brillante et rêvant d’instruction et d’indépendance, se heurte elle aussi aux murs des préjugés inégalitaires, sexistes cette fois-ci.
Naît alors, entre Viola et Mimo qu’en apparence pourtant tout sépare, une formidable amitié qui, à défaut de jamais laisser la place à un amour impossible, malgré les séparations, les brouilles et les divergences de vue, ne cessera plus de lier ces âmes sœurs. Les deux devront se battre pour leurs rêves et leurs idéaux, Viola pour sa liberté de femme dans une société patriarcale qui la condamne à l’obscurité, Mimo pour celle de son art qui, en l’exposant bientôt à la lumière du succès, le place aussi au coeur des enjeux politiques du fascisme montant. « Toute frontière est une invention, il suffit de croire ». De la tyrannie intime à la tyrannie politique, cette foi leur vaudra chacun un chemin de croix aboutissant très symboliquement à la si dérangeante pietà… Une preuve s’il en fallait que, de nos jours encore, il n’est pas donné de bousculer les conventions structurant profondément la société, qu’il s’agisse de condition féminine, d’art ou de religion…
Campés avec autant de justesse que de tendresse, les deux magnifiques personnages de ce roman confirment la récurrence chez l’auteur des duos attachant platoniquement un jeune garçon malmené par la vie à une jeune fille plus mûre et plus forte au même âge. Un amour d’une grande pureté les lie, qui survit silencieusement aux circonstances faisant diverger leurs trajectoires de vie, et qui, avec toutes leurs failles et leurs complexités, les fait s’incarner dans une histoire lumineuse, habitée et universelle, un vrai moment de grâce et d’émotion, une ode à la liberté sur le fond historique d’une Italie à la fois terre de création artistique, de tradition patriarcale et religieuse, et, en ces années trente, d’invention du fascisme.
On ne se lasse décidément pas des beautés de plume de Jean-Baptiste Andrea. Sobre, poétique et d’une justesse parfaite, celle-ci souligne superbement l’universalité de ses histoires, entre amour le plus pur, sublimation artistique et préservation des idéaux fondamentaux. Coup de coeur. (5/5)
Dernière édition par Cannetille le Lun 13 Nov 2023 - 11:57, édité 1 fois
Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Merci Cannetille pour ta belle critique, je le note 

louloute- Grand sage du forum
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Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Tu as vu juste @Cannetille, il a le Goncourt !

elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Jean-Baptiste Andrea est l'un de mes auteurs favoris, une récompense méritée 

Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Cannetille a écrit:Jean-Baptiste Andrea est l'un de mes auteurs favoris, une récompense méritée
J'ai noté la référence.

- Spoiler:
- Je ne veux pas être polémique, mais je suis contente que ce soit lui qui l'ait reçu.
elea2020- Grand sage du forum
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Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Merci Cannetille pour ta critique qui me conforte dans mon choix, mais je ne comprends pas pourquoi l'éditeur nous parle de Sorj Chalendon, je ne vois pas le lien entre ces deux auteurs 
En tous les cas vivement le 25 décembre qu'il soit déposé dans mon soulier

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Fleurianne- Grand sage du forum
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Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Erreur de ma part, Fleuriane (un copié/collé malheureux), corrigé grâce à ton signalement. Merci et bonne prochaine lecture.
Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Merci Cannetille, ce sera sans nul doute une très agréable découverte
Fleurianne- Grand sage du forum
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Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Je viens de commencer ce roman. J'ai lu cinq petites pages ce n'est rien et pourtant, je suis déjà dedans.
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Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Mon avis
1986, une communauté religieuse, quelque part en Italie. Les frères veillent l’un des leurs, même s’il n’a jamais prononcé de vœux alors qu’il est là depuis quarante ans. C’est la fin, à quatre-vingt-deux ans, il va mourir. Mais qui était cet homme ? Sous ses yeux fermés, dans sa demi-conscience, les souvenirs affluent et il les partage…
Ses parents ont fui la Ligurie, il est né en 1904 d’un père sculpteur. Il l’observe, l’écoute, s’imprègne de chaque geste, fasciné par son métier. Sa mère l’a nommé Michelangelo, comme si ce prénom pouvait lui donner un statut, de la force, à lui, qui est né avec un handicap (il est de petite taille). Mais le plus souvent, il est Mimo.
La première guerre mondiale arrive et c’est la mort du paternel. Sa Maman l’envoie en Italie, chez un oncle, sculpteur lui aussi, à Pietra d’Alba. Mais là-bas, le jeune garçon n’est pas aimé. Le tonton aime la divine bouteille et supporte mal que le rejeton soit meilleur que lui. Parce que, oui, déjà, à peine adolescent, son talent se dessine… Mais que c’est difficile avec son nanisme de s’imposer, d’être « reconnu ».
Un jour, il doit se rendre chez les Orsini, une famille fortunée non loin de l’atelier. Par un curieux coup du destin, il rencontre Viola, la fille de la maison. Une âme libre, qui n’a pas l’intention de se laisser voler sa vie, ses choix, malgré les conventions, la bienséance. Une amitié naît alors sous les yeux du lecteur attendri. Une de ses amitiés improbables mais vraies… Ces deux-là se « portent », se protègent, se cachent des adultes, se « nourrissent » l’un de l’autre. Ils peuvent parler et se taire ensemble, ils se comprennent….
« Nous ne sommes pas des aimants. Nous sommes une symphonie. Et même la musique a besoin de silence. »
Les adultes, les bien -pensants vont-ils tolérer une telle relation ? Qu’est-ce que l’avenir leur réserve ? Mimo rencontrera-t-il le succès qu’il mérite, lui dont l’art est toute sa vie ? Les carcans qui les enferment peuvent-ils disparaître ? Les personnalités des deux amis sont belles. Ils sont à la fois rebelles, attachants, volontaires, rayonnants. On accompagne ces deux destins, on espère avec eux, on souffre aussi.
Ancré dans un contexte historique très riche (l’auteur glisse de temps à autre des événements ayant existé) dans un pays bouleversé par la montée du fascisme, ce récit est magnifique. Porté par un souffle épique, accompagné d’un vocabulaire de qualité, recherché mais sans emphase, le texte nous porte et nous emporte. L’écriture de l’auteur est lumineuse, délicate, tout fait sens. Quand il parle de sculpture, on a envie d’aller visiter un musée et de voir cette oeuvre sur qui Mimo veillera jusqu’à la fin de sa vie….
« Imagine ton œuvre terminée qui prend vie. Que va-t-elle faire ? Tu dois imaginer ce qui se passera dans la seconde qui suit le moment que tu figes, et le suggérer. Une sculpture est une annonciation. »
Coup de coeur !
1986, une communauté religieuse, quelque part en Italie. Les frères veillent l’un des leurs, même s’il n’a jamais prononcé de vœux alors qu’il est là depuis quarante ans. C’est la fin, à quatre-vingt-deux ans, il va mourir. Mais qui était cet homme ? Sous ses yeux fermés, dans sa demi-conscience, les souvenirs affluent et il les partage…
Ses parents ont fui la Ligurie, il est né en 1904 d’un père sculpteur. Il l’observe, l’écoute, s’imprègne de chaque geste, fasciné par son métier. Sa mère l’a nommé Michelangelo, comme si ce prénom pouvait lui donner un statut, de la force, à lui, qui est né avec un handicap (il est de petite taille). Mais le plus souvent, il est Mimo.
La première guerre mondiale arrive et c’est la mort du paternel. Sa Maman l’envoie en Italie, chez un oncle, sculpteur lui aussi, à Pietra d’Alba. Mais là-bas, le jeune garçon n’est pas aimé. Le tonton aime la divine bouteille et supporte mal que le rejeton soit meilleur que lui. Parce que, oui, déjà, à peine adolescent, son talent se dessine… Mais que c’est difficile avec son nanisme de s’imposer, d’être « reconnu ».
Un jour, il doit se rendre chez les Orsini, une famille fortunée non loin de l’atelier. Par un curieux coup du destin, il rencontre Viola, la fille de la maison. Une âme libre, qui n’a pas l’intention de se laisser voler sa vie, ses choix, malgré les conventions, la bienséance. Une amitié naît alors sous les yeux du lecteur attendri. Une de ses amitiés improbables mais vraies… Ces deux-là se « portent », se protègent, se cachent des adultes, se « nourrissent » l’un de l’autre. Ils peuvent parler et se taire ensemble, ils se comprennent….
« Nous ne sommes pas des aimants. Nous sommes une symphonie. Et même la musique a besoin de silence. »
Les adultes, les bien -pensants vont-ils tolérer une telle relation ? Qu’est-ce que l’avenir leur réserve ? Mimo rencontrera-t-il le succès qu’il mérite, lui dont l’art est toute sa vie ? Les carcans qui les enferment peuvent-ils disparaître ? Les personnalités des deux amis sont belles. Ils sont à la fois rebelles, attachants, volontaires, rayonnants. On accompagne ces deux destins, on espère avec eux, on souffre aussi.
Ancré dans un contexte historique très riche (l’auteur glisse de temps à autre des événements ayant existé) dans un pays bouleversé par la montée du fascisme, ce récit est magnifique. Porté par un souffle épique, accompagné d’un vocabulaire de qualité, recherché mais sans emphase, le texte nous porte et nous emporte. L’écriture de l’auteur est lumineuse, délicate, tout fait sens. Quand il parle de sculpture, on a envie d’aller visiter un musée et de voir cette oeuvre sur qui Mimo veillera jusqu’à la fin de sa vie….
« Imagine ton œuvre terminée qui prend vie. Que va-t-elle faire ? Tu dois imaginer ce qui se passera dans la seconde qui suit le moment que tu figes, et le suggérer. Une sculpture est une annonciation. »
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Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
Merci Cassiopée pour ta très belle critique, non seulement je le note mais je le souligne 

louloute- Grand sage du forum
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Re: [Andrea, Jean-Baptiste] Veiller sur elle
louloute a écrit:Merci Cassiopée pour ta très belle critique, non seulement je le note mais je le souligne
Bis. Merci Cass. Je me suis permis de copier louloute car je ne trouverai pas mieux. X


Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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