[Chacour, Eric] Ce que je sais de toi
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[Chacour, Eric] Ce que je sais de toi
Titre : Ce que je sais de toi
Auteur : Eric CHACOUR
Parution : 2023 (Philippe Rey)
Pages : 304
Présentation de l'éditeur :
Le Caire, années 1980. La vie bien rangée de Tarek est devenue un carcan. Jeune médecin ayant repris le cabinet médical de son père, il partage son existence entre un métier prenant et le quotidien familial où se côtoient une discrète femme aimante, une matriarche autoritaire follement éprise de la France, une sœur confidente et la domestique, gardienne des secrets familiaux. L’ouverture par Tarek d’un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam est une bouffée d’oxygène, une reconnexion nécessaire au sens de son travail. Jusqu’au jour où une surprenante amitié naît entre lui et un habitant du lieu, Ali, qu’il va prendre sous son aile. Comment celui qui n’a rien peut-il apporter autant à celui qui semble déjà tout avoir ? Un vent de liberté ne tarde pas à ébranler les certitudes de Tarek et bouleverse sa vie.
Premier roman servi par une écriture ciselée, empreint d’humour, de sensualité et de délicatesse, Ce que je sais de toi entraîne le lecteur dans la communauté levantine d’un Caire bouillonnant, depuis le règne de Nasser jusqu’aux années 2000. Au fil de dévoilements successifs distillés avec brio par une audacieuse narration, il décrit un clan déchiré, une société en pleine transformation, et le destin émouvant d’un homme en quête de sa vérité.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né à Montréal de parents égyptiens, Éric Chacour a partagé sa vie entre la France et le Québec. Diplômé en économie appliquée et en relations internationales, il travaille aujourd’hui dans le secteur financier. Ce que je sais de toi est son premier roman.
Avis :
Dans l’Egypte des années 1980, une passion interdite vient bousculer une vie rangée. Mais on ne défie pas impunément le mektoub et, surtout, les conventions. Avec une retenue qui n’a d’égale que son intensité, ce premier roman à l’écriture magnifiquement ciselée explore les profondeurs d’un drame enseveli sous le secret.
Grandi dans la tradition bourgeoise d’une famille levantine chrétienne installée au Caire, Tarek a suivi sans broncher un destin tout tracé en devenant médecin comme son père, puis, au décès de ce dernier, en reprenant son cabinet. Bien rodée entre sa patientèle et un foyer tout entier à sa dévotion entre mère, sœur, épouse et servante, l’existence de Tarek déraille pourtant, lorsqu’ayant ouvert un dispensaire dans le quartier du Moqattam sordidement construit sur une décharge, il y choisit comme assistant Ali, un jeune prostitué dont il a entrepris de soigner la mère gravement malade. En cette période où le retour d’Egyptiens partis travailler en Arabie Saoudite fait naître en Egypte un nouveau rigorisme religieux, la présence d’Ali aux côtés de Tarek dérange. Ce sont d’abord des malveillances, puis le drame, et enfin l’exil solitaire de Tarek à Montréal.
Que s’est-il passé exactement ? S’adressant à lui à la deuxième personne du singulier, un narrateur mystérieux dont on ne découvrira l’identité qu’à mi-parcours - cette révélation creusant plus encore les béances tragiques de cette histoire - assemble avec pudeur, respect et bienveillance, les douloureux fragments du parcours de Tarek entre 1961 et 2001, entre une Egypte colorée et olfactive en pleine transformation que l’auteur, né à Montréal de parents égyptiens, recompose à partir d’évocations familiales, et un Montréal où, à l’époque de la nationalisation de Nasser, ont émigré nombre des Chawams, ces chrétiens issus de divers rites orientaux, originaires du Liban, de Syrie, de Jordanie ou de Palestine, et qui, bien qu’en Egypte depuis plusieurs générations, continuaient à y manier le français mieux que l’arabe. Dans le Caire du début des années 1980, une liaison entre deux hommes est socialement inacceptable. Paradoxalement, ce sont les femmes, pourtant sans voix au chapitre dans la société, qui vont ici jouer un rôle prépondérant et veiller, à leur manière, à ce que l’ordre social demeure immuable.
D’une extrême délicatesse, le récit plein d’empathie évoque sans jamais juger, laissant à comprendre de l’intérieur les perceptions et réactions des différents protagonistes. De tout cela émerge peu à peu une tragédie en cascade, aux répercussions infinies et irréparables, sauf à compter, au moins partiellement, sur l’affection, l’intelligence et l’opiniâtreté a posteriori du narrateur. Un livre bouleversant, magnifiquement écrit, tout en finesse et sensibilité, qui, de la triste banalité humaine de cette histoire, parvient à dégager, tel un diamant de sa gangue, la quintessence universelle de l’amour et de la filiation. Coup de coeur. (5/5)
Re: [Chacour, Eric] Ce que je sais de toi
Merci Cannetille pour ta jolie critique
louloute- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 24176
Age : 55
Localisation : Var, Sanary-sur-mer
Emploi/loisirs : mère au foyer
Genre littéraire préféré : thriller, historique, policier
Date d'inscription : 11/12/2009
Re: [Chacour, Eric] Ce que je sais de toi
Merci Cannetille! Hé oui: pris en note! À plus.
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 3259
Age : 72
Localisation : Québec
Emploi/loisirs : Retraité
Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 07/01/2012
Re: [Chacour, Eric] Ce que je sais de toi
Mon avis
Quand il était adolescent, Tarek a répondu « Docteur » à son père qui lui demandait le métier qu’il aimerait exercer plus tard. Mais à cet âge-là, sait-on vraiment ce qu’on veut faire de sa vie ? Tarek avait déjà compris que certaines questions ne sont pas aussi simples qu’on l’imagine. Sa réponse, c’est celle qu’attendait son paternel et après ses études, il a repris le cabinet familial, plus par convention que par décision personnelle sans doute. Il s’est marié, il est rentré « dans le moule » voulu par sa famille : sa mère, sa femme, sa sœur. Il a « obéi »….
Pour donner du sens à sa vie, il a ouvert un dispensaire dans un quartier défavorisé. Il rencontre une femme malade et son fils adulte, une relation se tisse entre eux trois. Cela ne plaît pas à ceux qui pensent que le docteur doit se contenter de soigner. C’est difficile à vivre pour lui qui a besoin d’autre chose.
Il est tiraillé entre ce qui doit être en lien avec la norme familiale ou sociétale, et probablement ce qu’il voudrait être au fond de lui. Il y a un gouffre entre les deux. Les conventions l’étouffent, sa famille également. Quant au regard des autres, il lui est, de temps à autre, insupportable.
Un mystérieux narrateur l’interpelle en disant « tu » et raconte les différentes périodes de la vie de Tarek. Quelques fois, c’est simplement un flash sur plusieurs pages mais c’est suffisant pour comprendre les grandes étapes de son parcours. On découvre les non-dits, les secrets d’une famille (et de la bonne qui les a toujours aidés), alors c’est forcément douloureux quand la vérité apparaît.
L’écriture est délicate, précise. C’est une dentelle, une musique qui nous envoûte, nous emporte dans un univers où l’amour est présent, sous toutes ses formes. Les émotions de Tarek et de ceux qui l’entourent sont palpables, c’est parfaitement exprimé.
C’est un premier roman très réussi, bouleversant, fin, sans jugement. Il expose les choix que l’on fait, sous la pression ou librement, il parle de filiation, de tumulte amoureux, de la vie ….
Quand il était adolescent, Tarek a répondu « Docteur » à son père qui lui demandait le métier qu’il aimerait exercer plus tard. Mais à cet âge-là, sait-on vraiment ce qu’on veut faire de sa vie ? Tarek avait déjà compris que certaines questions ne sont pas aussi simples qu’on l’imagine. Sa réponse, c’est celle qu’attendait son paternel et après ses études, il a repris le cabinet familial, plus par convention que par décision personnelle sans doute. Il s’est marié, il est rentré « dans le moule » voulu par sa famille : sa mère, sa femme, sa sœur. Il a « obéi »….
Pour donner du sens à sa vie, il a ouvert un dispensaire dans un quartier défavorisé. Il rencontre une femme malade et son fils adulte, une relation se tisse entre eux trois. Cela ne plaît pas à ceux qui pensent que le docteur doit se contenter de soigner. C’est difficile à vivre pour lui qui a besoin d’autre chose.
Il est tiraillé entre ce qui doit être en lien avec la norme familiale ou sociétale, et probablement ce qu’il voudrait être au fond de lui. Il y a un gouffre entre les deux. Les conventions l’étouffent, sa famille également. Quant au regard des autres, il lui est, de temps à autre, insupportable.
Un mystérieux narrateur l’interpelle en disant « tu » et raconte les différentes périodes de la vie de Tarek. Quelques fois, c’est simplement un flash sur plusieurs pages mais c’est suffisant pour comprendre les grandes étapes de son parcours. On découvre les non-dits, les secrets d’une famille (et de la bonne qui les a toujours aidés), alors c’est forcément douloureux quand la vérité apparaît.
L’écriture est délicate, précise. C’est une dentelle, une musique qui nous envoûte, nous emporte dans un univers où l’amour est présent, sous toutes ses formes. Les émotions de Tarek et de ceux qui l’entourent sont palpables, c’est parfaitement exprimé.
C’est un premier roman très réussi, bouleversant, fin, sans jugement. Il expose les choix que l’on fait, sous la pression ou librement, il parle de filiation, de tumulte amoureux, de la vie ….
_________________
Cassiopée- Admin
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Nombre de messages : 16741
Localisation : Saint Etienne
Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
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