[Horst, Jorn Lier] Le mal en personne

Mon avis : 

William Wisting est un policier que j'apprécie, un policier qui sort de l'ordinaire. Veuf, il est père de deux enfants adultes, grand-père d'une petite fille. Sa fille est journaliste, et, comme son frère, elle s'entend bien avec son père qui n'a pas sombré dans l'alcoolisme. D'ailleurs, aucun des policiers ne souffre d'addiction à l'alcool, cette addiction dont on parle peu en France - ou plutôt que l'on refuse de voir en face.

Au début de l'intrigue, le lecteur peut se dire que tout est déjà résolu : le criminel a été condamné, il a avoué. Mieux : il a même avoué un nouveau meurtre et promis d'indiquer où est le corps. C'est au cours de cette reconstitution qu'il parviendra à s'évader - et la scène d'évasion est particulièrement prenante.

Non, jamais Jørn Lier Horst n'héroïse ses individus, comme certains sont tentés de le faire. Je ne pense pas seulement à des auteurs, je pense aussi à des journalistes qui admirent ceux qui s'évadent. Et leurs victimes ? Et les victimes collatérales, celles qui étaient là pendant l'évasion et qui ont été blessés, parfois très gravement. Oui, nous allons les suivre, nous allons découvrir ce que ces policiers deviennent. Il ne s'agit pas de voyeurisme, mais de logique : l'on ne se sort pas indemne, ni physiquement, ni moralement de ce qui a été vécu ainsi.

Bien sûr, l'enquête reprend, et William Wisting de s'intéresser à ceux qui gravitaient autour du tueur : avocat, visiteurs de prison. Oui, hélas, ce genre d'homme attire les femmes, pour maintes raisons qui sont bien montrées ici. Oui, Jørn Lier Horst n'est jamais simpliste dans la construction de ses personnages.

Enquête, double enquête, triple enquête, parce que les affaires internes sont là, et ont une revanche à prendre sur Wisting. Parce que l'un des policiers entend plus faire parler de lui-même que résoudre l'enquête rapidement. Parce qu'un tueur en liberté, un tueur qui n'a pas sévi depuis longtemps, c'est un tueur qui n'a qu'une envie : recommencer. L'Autre, son mystérieux complice, est lui aussi à craindre. Wisting, sa fille et les autres enquêteurs parviendront-ils à l'arrêter à tant ? Même dans les situations les plus sombres, parfois, l'espoir est là, quand même - oui, je veux être optimiste. La postface du roman, elle, l'est nettement moins.