La jeune femme et la mer [ Meurisse, Catherine]

par Astazie Mar 14 Mai 2024 - 15:20

La jeune femme et la mer
Catherine Meurisse - auteur
Isabelle Merlet - illustratrice
Éditions Dargaud - 29/10/2021
EAN : 9782205089691
116 pages

Quatrième de couverture

Catherine Meurisse a résidé plusieurs mois à la Villa Kujoyama, une résidence d’artistes située à Kyoto. Cherchant à renouveler son inspiration, elle s’est immergée dans les paysages japonais. Un an plus tard, elle séjournait de nouveau au Japon, quand le typhon Hagibis dévastait une partie du pays. De ces deux voyages, placés sous le signe de la nature, tour à tour muse et dévastatrice, est né l’album La Jeune femme et la mer. « Je voudrais peindre la nature », affirme la dessinatrice française à peine atterrie sur le sol japonais. Mais la nature ne sait pas prendre la pose. Elle se transforme, nous entoure, nous subjugue. Sur son chemin, comme un miroir, un peintre japonais, qui, lui, voudrait « peindre une femme. » Quelle femme ? Nami, la jeune femme de l’auberge thermale où les deux artistes vont séjourner ? Nami, mystérieuse, n’est pas un modèle facile. Elle semble liée aux éléments naturels : elle sait lire l’arrivée d’un typhon dans les plis de la mer. Pour décrypter les signes dans ce décor rural du sud de l’archipel, un tanuki effronté, animal mythologique incontournable de la culture nippone, surgit au gré des déambulations de nos deux amis artistes. Dans une nature magnifiquement retranscrite par un trait de plume précis, où plane l’ombre d’Hokusaï et des maîtres de l’estampe, Catherine Meurisse propose avec « La Jeune femme et la mer » un récit initiatique qui questionne la place de l’Homme dans la nature et le recours à l’art pour saisir les paysages qui disparaissent.

Mon avis

Catherine Meurisse arrive en résidence d’artiste à la villa Kujoyama. Elle ne nous propose pas seulement une histoire mais elle questionne sur le rapport artistique entre le Japon et l’Europe. Elle construit son histoire avec toutes sortes de personnages qui résonnent comme autant de symboles de ce pays.

Elle rencontre un Tanuki, sorte de raton laveur auquel les Japonais attribuent des pouvoirs magiques. Il tente de l’initier au Shodo, l’art de la calligraphie japonaise. Il lui offre un pinceau fait de ses poils. Une autre rencontre avec un peintre poète, amateur de Haïkus et un rien dédaigneux avec les artistes occidentaux. Les deux artistes ainsi réunis vont se rendre ensemble chez Mademoiselle Nami, étrange et magnifique personnage, décrite comme la seule survivante de la Vague, la célèbre estampe peinte par Hokusai. Grâce à elle, Catherine va s’ouvrir à une autre façon de percevoir les choses et va, peu à peu, trouver ses marques dans cette déroutante culture.
Les représentations de la nature sont magnifiques, prenez le temps de regarder les images et de méditer sur le temps qui passe. Ce très bel album dont les couleurs ont été réalisées par la talentueuse Isabelle Merlet, est un récit initiatique qui questionne sur la place de l’Homme dans la nature et comment l’art peut saisir des paysages éphémères.