[Gide, André] La Porte étroite

Thot a écrit:Cependant, je pense avoir très mal compris la fin du roman.

Spoiler:

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J'aime beaucoup ta critique Thot ! Je crois aussi que ces deux-là sont amoureux d'une certaine idée qu'ils se font de l'amour et non pas désireux d'une vraie relation (ils feraient même penser à Tristan et Yseult par certains côtés).

J'aime beaucoup ta critique Thot ! Je crois aussi que ces deux-là sont amoureux d'une certaine idée qu'ils se font de l'amour et non pas désireux d'une vraie relation (ils feraient même penser à Tristan et Yseult par certains côtés). dit Mina

c'est tout à fait cela... poussée à son paroxysme, la relation s'épanouit dans la ferveur religieuse et dans le sacrifice de soi alliant la vertu ... qu'en est-il aujourd'hui de ce regard autour d'une relation ?
A mon sens, ils ne sont pas du côté de la vie...

Je me suis permis de rajouter des spoilers sur vos réponses, les filles, pour que ceux qui ne l'ont pas encore lu aient la surprise... Du coup, je connais la fin Mais c'est pas grave, je ne comptais pas le lire!

Merci de vos réponses.

Spoiler:

Ce livre pourrait également être une belle description d'une névrose.

Que faire si même toi, tu racontes la fin?

En effet trop étourdie ces temps-ci. Je vais mettre la phrase en spoiler.

alexielle63 a écrit:Je me suis permis de rajouter des spoilers sur vos réponses, les filles, pour que ceux qui ne l'ont pas encore lu aient la surprise... Du coup, je connais la fin Mais c'est pas grave, je ne comptais pas le lire!

Thot a écrit:Merci de vos réponses.

Spoiler:

Ce livre pourrait également être une belle description d'une névrose.

La notion suprême du "sacrifice" ticket 1ère classe pour le Paradis !!!!!!

zazy a écrit:La notion suprême du "sacrifice" ticket 1ère classe pour le Paradis !!!!!!

Non, enfin là aussi il faudrait mettre un spoiler, mais ce n'est pas du tout ce que l'on a dit ni ce que Gide a dit vouloir faire comprendre - Alissa n'est pas idiote, elle connait les commandements de base de sa religion.

Mina a écrit:

zazy a écrit:La notion suprême du "sacrifice" ticket 1ère classe pour le Paradis !!!!!!

Non, enfin là aussi il faudrait mettre un spoiler, mais ce n'est pas du tout ce que l'on a dit ni ce que Gide a dit vouloir faire comprendre - Alissa n'est pas idiote, elle connait les commandements de base de sa religion.

dire qu'elle n'est pas idiote..... .Bien qu'elle soit illuminée par ses croyances je ne la vois pas comme une lumière non plus...

J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture pointue et fluide de Gide.
Le thème de la religion, de la vertu est là très présent. Un thème récurent chez Gide, mais qui ici m'a beaucoup éloignée d'Alissa, au fur et à mesure de sa "radicalisation". C'est pour moi quelque chose de difficile à comprendre, étant plutôt terre-à-terre et athée.
Ceci dit, Jérôme a aussi attiré ma sympathie. J'aurais voulu que sa sincérité soit récompensée, et qu'Alissa se laisse aller à ses sentiments.
Mais il en a été autrement.. et comme pour d'autres, je n'ai pas pu lire en entier le journal d'Alissa. Ce "bigotisme" qui en ressortait m'empêchait de la comprendre et d'arriver à m'accrocher.
Cette façon de vivre son "amour", ou plutôt le chemin qui y mène, me laisse un peu dubitative. Un problème de génération peut-être.
Cela n'enlève cependant rien à la qualité de l'ouvrage et de son écriture, que j'ai beaucoup appréciée. Je voterai donc "Apprécié".

Ce qui me frappe dans ce livre, c'est l'absence totale d'amour. Jérôme se persuade qu'il éprouve de l'amour pour Alissa, alors que ce n'est qu'un moyen de nourrir son amour-propre. Pour elle, il prétend grandir en vertu (il travaille beaucoup, etc) alors qu'il n'agit que pour lui-même, et il s'enorgueillit de sa propre vertu. Alissa l'admire et s'intéresse à la littérature pour lui plaire, mais elle finit par s'apercevoir qu'il ne l'aime pas vraiment. Jérôme est trop auto-centré pour aimer qui que ce soit, or il est plus avantageux pour un égoïste de se croire capable d'aimer que de contempler la profondeur de son propre égoïsme. Un mariage entre ces deux-là aurait été fort triste, à l'image de celui de Gide avec sa cousine Madeleine.

Gide a le mérite d'aborder des thèmes souvent peu exploités. Ses personnages sont souvent complétement aveugles quant à la nature de leurs propres sentiments et ils s'acharnent à se mentir à eux-mêmes. Ainsi Jérôme se persuade d'agir par amour, comme le pasteur de « La symphonie pastorale » se persuade d'agir par charité (alors qu'il est physiquement attiré par la jeune aveugle dont il s'occupe). Tous se croient très vertueux tout en étant remplis d'orgueil, très égoïstes et incapables de se remettre en question. La religion protestante, où chaque fidèle est pape, n'y est sûrement pas pour rien.