[Williams, Tennessee] Le boxeur manchot

Inspiration ? Qui a dit inspiration ?

On trouve dans ces nouvelles un souffle créateur renversant, décoiffant, troublant aussi. Des scènes brutes, crues, d’un réalisme saisissant et, en même temps, irréelles, cauchemardesques, féériques. Un kaléidoscope dément des splendeurs et des misères de la race humaine.
L’écriture est simple, directe, efficace, et néanmoins poétique, jouant sur des métaphores percutantes qui illuminent des scènes cyniques, tendres, violentes, brûlantes. Chroniques brumeuses, enivrées et enivrantes, d’une Amérique écartelée entre puritanisme et liberté, entre tradition et modernité, au bord du précipice de la Seconde Guerre Mondiale. On pense à Un tramway nommé désir, à La chatte sur un toit brûlant, peut-être, mais on pense aussi à des films plus récents, monuments d’un autre genre, et visiblement inspirés de cette œuvre tout en ambiguïtés et en clairs-obscurs : Macadam Cowboy, Le secret de Brokeback Mountain.
Alcool, sexe, homosexualité, création. Autant de thèmes récurrents abordés d’une façon puissamment sensuelle : vapeurs d’alcool, odeur de sueur, soie d’une brune peau d’éphèbe qui s’ignore ou se méprise, crissement du papier sous la plume de l’écrivain. De quoi ressortir étourdis de la confrontation avec ces nouvelles qui se ressemblent sans se répéter, commencent sans prévenir et s’interrompent plus qu’elles ne s’achèvent.

Superbe. Brutal. Un véritable coup de cœur (coup au cœur ?) en ce qui me concerne.