[Hof, Marjolijn] Une petite chance

Titre : Une petite chance
Auteur : Marjolijn Hof.
Edition : Seuil Jeunesse
Nombre de pages : 108 pages.

Présentation de l'éditeur :

Le père de Lili est parti en mission humanitaire dans un pays en guerre. Lili a très peur pour lui. Et s'il était victime d'une balle perdue ou de la fièvre jaune ? Elle imagine le pire.
Pour augmenter les chances de revoir son père en vie, Lili élabore des stratagèmes mettant en scène sa souris Lulu et sa chienne Mona. Mais cela sera-t-il suffisant ? Les jours passent et le père de Lili ne donne toujours pas de nouvelles...

Mon avis :

J'ai coutume, parfois, de parler de mon insensibilité pour justifier de ne pas avoir été touchée par un livre. Dans le cas de Une petite chance, je parlerai plutôt de mon extrême sensibilité, que j'assume parfaitement.
Oui, Lili a peur que son père, médecin, ne meurt au cours d'une de ses missions où il va secourir la population victime de la guerre, des catastrophes naturelles. Elle a aussi de la chance, Lili : parmi ses camarades de classe, elle n'en connaît qu'une seule qui a perdu son père, les autres sont munis de leurs deux parents (pas de familles recomposés, pas de mères célibataires, pas d'enfants en famille d'accueil, ne compliquons pas le sujet !). Elle est une future statisticienne, Lili, et calcule les probabilités pour avoir à la fois un père mort, un chien mort, et une souris morte : les probabilités sont faibles. Donc, pour que son père revienne en vie, il faut que sa souris (qu'elle vient de se faire offrir pour mettre son plan à exécution) ou que sa vieille chienne, qu'elle n'aime pas particulièrement à cause des mauvaises odeurs qu'elle dégage, meure. Et Lili va s'y employer, laissant la cage de la souris en plein soleil, acquérant même un souriceau infirme afin qu'il meure plus vite - ce qui est le cas : je ne donnais pas cher d'un animal handicapé non nourri, non abreuvé, et laissé à l'abandon.
Et Lili de continuer, puisque son père est porté disparu : elle tente de tuer Mona, sa chienne. Et ne comptez pas sur moi pour m'extasier sur "oh ! comme c'est mignon cette petite fille qui fait tout pour sauver son papa."Heureusement, on arrive à ce moment à un tournant du récit puisque les adultes s'en mêlent enfin et mettent la petite fille face à ses actes et aussi face à la réalité de la situation. "Mon père, ce héros" disait Victor Hugo. La mère de Lili tient à recadrer les choses : "il faut que tu comprennes bien cela, Lili. Les choses ne sont pas si simples. Personne n'est tout blanc ou tout noir. Personne ne pense uniquement aux autres. Tout le monde pense aussi un peu à soi. Papa aussi. "
Et c'est dommage - que l'auteur n'ait pas trouvé un autre biais, moins sanglant, pour nous amener vers cette situation, à savoir cette petite fille dont le père a disparu parce qu'il soignait des personnes en tant de guerre. Ce qu'elle vit est difficile, ce que sa mère et sa grand-mère (la mère de son père) l'est tout autant. Ce roman parle aussi de l'égoïsme (et oui) de ce qui partent au loin pour aider les autres, parce qu'il le faut bien, et parce qu'ils aiment le faire, en dépit du fait qu'ils ont une famille qui a besoin d'eux - et des patients potentiels tout près. Les personnes en difficulté sont partout, et pas seulement au bout du monde.
Une petite chance est un livre que j'aurai aimé totalement aimé, et ce n'est pas le cas.