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[Rulfo, Juan] Le Llano en flammes

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Message par elea2020 Jeu 5 Mai 2022 - 22:02

Le Llano en flammes
Juan Rulfo
Edition Maurice Nadeau
1987
(1953 pour la parution originale)
Traduction de l'espagnol par Michelle Lévi-Provençal
ISBN : 2-86231-070-0
[Rulfo, Juan] Le Llano en flammes 00124010

(La photographie a été prise par Juan Rulfo)

Présentation de l’éditeur (IVème de couverture :
Juan Rulfo est né en 1918, dans un village de l’État de Jalisco, l’un des plus pauvres du Mexique. Son père est assassiné lors d’une rébellion contre le gouvernement fédéral.
Afin de subvenir aux besoins de sa mère, Juan abandonne à dix-huit ans des études de droit pour un poste d’archiviste au ministère de l’Intérieur, à Mexico. Il lit beaucoup, fréquente les intellectuels de la capitale, écrit des nouvelles. Il réunit quinze d’entre elles sous le titre El Llano en llamas (Le Llano* en flammes) qu’il publie en 1953. Entre-temps, il est devenu vendeur de pneumatiques.
De retour dans son village, il écrit son autre chef-d’œuvre, Pedro Paramo, un roman qui paraît en 1955. Ses deux ouvrages sont remarqués par d’autres écrivains, Carlos Fuentes, Octavio Paz, sensibles à l’originalité de sa vision, au ton nouveau qu’il introduit dans les lettres mexicaines. À l’étranger des traductions sont aussitôt entreprises : en anglais, allemand, français, hollandais.
Juan Rulfo écrit quelques scénarios pour le cinéma. Il n’en tire aucune satisfaction et décide de retourner à ses travaux d’archives. L’Institut Indigéniste l’envoie dans les régions les plus déshéritées du Mexique. Il y fait ample provision de documents en tout genre.
Écrivain célèbre et populaire (dans son seul pays Le Llano en flammes a connu jusqu’à ce jour vint-six rééditions), Juan Rulfo n’en garde pas moins le silence. Un silence de trente ans, jusqu’à sa mort récente, le 8 janvier 1986.

La présente édition avait été revue et augmentée par l’auteur. Il la tenait pour « définitive ».

*llano : plaine herbeuse de type savane

Mon avis :
C’est un véritable coup de cœur que ce recueil de nouvelles hautes en couleurs, en odeurs, en sensations diverses – on n’oubliera pas de sitôt la morsure du soleil sur les pentes des collines, ni la fraîcheur suave ou âpre de la nuit – toutes rendues inoubliables par la qualité extraordinaire de l’écriture, si dense et puissante qu’elle se fait oublier. Nous y sommes plongés…
Je me demande même comment j’ai pu garder ce trésor si longtemps sans le lire ; peut-être une réminiscence de ma prof d’espagnol, qui en avait plein la bouche et prononçait le titre en articulant exagérément. Mais passons, c'est une erreur bien réparée, ouf !

Le recueil comporte 17 nouvelles et un ajout tardif de texte « retrouvé », intitulé « Après la mort » (tout un programme). Rien ne dépare dans cet assemblage, chaque nouvelle joue son rôle en nous liant à la suivante, de même qu’elle reste un monde bien complet et clos sur lui-même. J’ai rarement vu un tel équilibre dans la composition d’un recueil. Je ne dirais pas que c’est une promenade de santé, vu les sujets abordés, mais on ne compte pas le temps en regardant défiler le paysage, même si le train s’apparente plutôt à un wagon à bestiaux ou de transport de marchandises qu’à une confortable voiture de Première classe.

Pour dire l’essentiel : ces nouvelles se déroulent dans des lieux, et quels lieux ! Elles font agir ou interagir des hommes, et quels hommes ! Tout le Jalisco du début du XXème siècle se présente à nous, le Llano en particulier, la vaste plaine aride, balayée par la poussière, qui, si elle n’est en feu que dans la nouvelle centrale de ce nom, est toujours un lieu de perdition, où le soleil tue ou rend fou. Le décor est comme une photographie surexposée, terriblement blanche, baignée d’une lumière aveuglante, où tout est sec, où la rédemption d’une ombre n’est pas même acquise. Les hommes passent à travers, hagards, parfois chassés de leurs terres par la réforme agraire qui les a expropriés au bénéfice des grands propriétaires, parfois en troupe, rebelles en commandos sanglants ou pourchassés pour les pendre ou les fusiller.

Peu d’entre ces hommes valent la corde pour les pendre, il faut bien le dire : dans presque toutes les nouvelles, ils marchent main dans la main avec la mort, ils ont commis des crimes et leur tour est proche. Cela posé, on sent bien que la violence inouïe qui leur est faite chaque jour n’est pas étrangère à leur dureté minérale. L’amour-même est rarement un souffle doux et parfumé, il ne fait qu’attiser de son haleine chaude la braise déjà rougeoyante du meurtre ou de la violence. La religion n'est qu'une mascarade hypocrite, la politique, n'en parlons même pas... L’alcool fait le reste, et il ne fait pas bon vivre dans les parages de ces hommes - d’ailleurs, ils sont souvent seuls, abandonnés de tous, et n’ont en tête que leur pauvre survie, et quelques moments de tranquillité.

Pourtant, si le contenu de ces vies est tragique, ce n’est pas le ton adopté par l’auteur, dont l’écriture est à la fois fluide et heurtée, pleine de sève et sèche comme un coup de trique. Je dois dire que la traduction m’a paru parfaite, pas une fois je n’ai pensé lire un texte traduit. Surtout, c’est de la bouche même de ces hommes, faibles ou mauvais, lâches ou courageux, que sortent les formules qui font mouche, les images les plus denses et riches. Par eux la langue se fait chair, sueur, peurs et pleurs, rires et soupirs. Ce n’est pas l’auteur qui parle pour les gens de peu, ce sont eux qui s’expriment, racontent, nous parlent au-delà des pages, et l’intérêt réside même souvent dans le hors-champ – qui raconte ? Avec qui ? Dans quel but ?

Je ne saurais conclure que par ces mots : allez-y, ne craignez pas les flammes, le rio n’est jamais loin, et vous aurez trouvé en chemin la quintessence de l’humanité, de la vie et de la mort, rien de moins !

Citations :
Mais nous nous taisons. Il y a longtemps que nous n'avons plus envie de parler. La chaleur nous en a ôté le goût. Ailleurs, on aimerait parler mais ici, c'est trop dur. Ici, quand on parle, les mots cuisent dans la bouche sous l'effet de la chaleur et se dessèchent sur votre langue, à vous en couper le souffle. ici, c'est ainsi, alors personne ne parle. "Ils nous ont donné la terre", page 16.

Voilà pourquoi mon père est si humilié à présent pour la Tacha [sa cadette, sœur du narrateur]. Car il ne veut pas qu'elle aille finir comme ses deux autres sœurs, maintenant que la vache est perdue et qu'elle ne va plus avoir de quoi vivre le temps de sa croissance ni pouvoir se marier avec un homme comme il faut, qui puisse l'aimer pour toujours. Ça sera difficile maintenant. Avec la vache, c'était différent car il n'aurait pas manqué quelqu'un pour avoir le courage de se marier avec elle, ne serait-ce que pour emporter par la même occasion une aussi bonne vache. "C'est que nous sommes très pauvres", page 43.

La nuit, toute cette cohue déchaînée retrouvait le calme. Les feux brillaient, disséminés un peu partout et les pèlerins récitaient leur chapelet autour des flammes, les bras en croix et le regard tourné vers le ciel de Talpa. Et l'on entendait le vent accourir et remporter toute cette rumeur en la mêlant à son mugissement. Peu après, tout s'apaisait. Vers minuit, on pouvait entendre quelqu'un chanter au loin. Puis on fermait les yeux en cherchant en vain le sommeil jusqu'au petit jour. "Talpa", page 79.

Nous nous déplacions en pleine nuit, les yeux étourdis de sommeil, le cerveau engourdi ; mais lui, qui nous connaissait tous, venait nous parlait pour nous faire redresser la tête. Nous sentions ses yeux bien ouverts, sans sommeil, habitués à voir de nuit et à nous reconnaître dans l'obscurité. Il nous comptait tous, un par un, comme on compte de l'argent. Puis, il s'en allait à nos côtés. Nous écoutions le pas de son cheval et savions que son regard était toujours en alerte. Voilà pourquoi tous, sans nous plaindre du froid ou du sommeil, nous le suivions en silence, comme des aveugles. "Le Llano en flammes", page 111.

- Mais vous m'avez fait. Et vous auriez dû me diriger au lieu de me lâcher comme un cheval dans les épis de maïs.
- Tu étais déjà bien assez grand, quand tu es parti. Tu voudrais, pour un peu, que je t'entretienne pour toujours. Seuls les petits lézards recherchent jusqu'à leur mort le même trou.
"Paso du Nord", page 156.

Car à cette époque, avant qu'elle disparaisse, Mathilde était une jeune fille qui passait parmi nous telle une eau vive.
Et puis un beau jour, et sans que nous ayons compris comment, elle devint femme. Son regard langoureux vous pénétrait tel un clou qu'il est bien difficile d'extraire. Et bientôt sa bouche s'épanouit comme si on l'avait déflorée de baisers. La jeune fille devint belle et elle l'était pour nous tous.
"L'Héritage de Mathilde Arcangel", page 196.
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