[Lord Byron] Caïn

Cette pièce offre une interprétation très moderne de l’Ancien Testament.

Lucifer n’y tient pas le rôle du tentateur (c’est le serpent, seul, qui a tenté Eve), mais celui du Porteur de Lumière (traduction littérale du nom Lucifer), en lutte contre un maître qu’il juge cruel et indifférent. Et c’est pour mener l’humanité à la révolte, pour la libérer du joug divin, qu’il révèle à Caïn les mystères du passé et de l’espace.
Lucifer n’est plus un être malfaisant mais un héros, chef de file d’une résistance légitime, plein de compassion pour l’humanité. A l’inverse, Dieu est présenté comme un être puissant mais capricieux qui, non content d’avoir puni ses créatures pour un péché auquel il les a poussées, exige d’eux une soumission totale et des sacrifices sanglants.
Quant au crime de Caïn, ce n’est plus un acte abominable motivé par la jalousie mais un tragique accident, un acte de révolte aveugle contre l’injustice de la mort, contre la vénération absurde d’un Dieu sanguinaire.

Le style est riche et complexe, les césures atypiques rendent notamment la lecture assez difficile. Toutefois, il souligne admirablement le caractère dramatique, désespéré, révolté, de cette tragédie.