[Brown, J.P.S.] La piste du jaguar
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[Brown, J.P.S.] La piste du jaguar
Titre : La piste du jaguar
Auteur : J.P.S. Brown
Traduit par Sébastien Danchin
Éditions : L’Archipel (Novembre 2011)
Nombre de pages : 310
Quatrième de couverture :
Un jaguar surnommé El Yoco terrorise les habitants d'une vallée de la Sierra Madre, au Mexique, s'attaquant tant au bétail qu'aux hommes.
Une nuit, la famille de don Juan Vogel, propriétaire d'un ranch, en réchappe de justesse. Adàn Martinillo, cow-boy qui travaille pour lui, est missionné pour l'éliminer.
Chasseur réputé, il se lance sur la piste du jaguar. Mais il est d'autres prédateurs, en particulier un cow-boy suspecté d'avoir tué un voisin et kidnappé sa fille...
Adàn va devoir traquer l'homme et la bête, quitte à semer la mort sur son passage... Une longue traque qui finit par virer à l'obsession pour le chasseur, et devient même une question d'honneur.
Mon avis:
Adepte des livres de Jim Harrison et de Cornac McCarthy, j’avais hâte de retrouver les grands espaces américains (ici Mexicains) avec ce roman d’aventures (édité à l’origine en 1974), étudié dans les universités américaines où il est considéré comme une œuvre majeure.
Apre, dur et sec comme cette nature où se déroule l’intrigue, les pages ne défilent pas d’une seule traite sous nos yeux. Il faut laisser le temps aux différents paysages de s’installer, au soleil de nous brûler la nuque, au silence de laisser la place aux cris des choucas, au murmure de l’eau si rare de nous arriver à l’oreille, au vent chaud et poussiéreux de nous envahir nous coupant le souffle, nous laissant les poumons desséchés, la gorge déshydratée, les yeux rougis malgré le chapeau baissé …. Car ce livre, au-delà de l’intrigue, c’est tout ça, l’évocation de ces panoramas de la Sierra Madre qui ne se définissent pas en photographies couleurs, mais en sensations, impressions et émotions contenues à peine esquissées. Le vocabulaire, malgré son impression de rudesse, peut se montrer poétique.
« Les arbres qui avaient poussé sur le bord protégeaient la mare d’un manteau d’ombre. Des vautours étaient perchés sur les branches les plus hautes, dont ont voyait les déjections sur les rochers bordant la mare. »
C’est dans un milieu masculin, brut, que les protagonistes évoluent, un milieu sans douceur, sans cadeau. L’alcool est un des moteurs des hommes, comme pourrait l’être un bon thé et un gâteau pour une femme …. sauf que les femmes ont très peu le temps ou la possibilité de « se poser ». Elles sont tributaires de l’humeur des hommes, pas toujours bien traitées, elles subissent plus qu’elles ne décident …. Malgré tout, elles sont porteuses d’une certaine force, leur permettant de faire face aux événements les plus dramatiques.
On pourrait se laisser aller à penser que ce livre fait partie de la catégorie de ceux appelés « nature writing » (descriptions de la nature où évoluent des personnages) mais ce n’est pas que cela. Il y a omniprésentes la chasse et la violence, cette dernière allant crescendo ….
Le cow-boy principal de cette histoire Adàn Martinillo (appelé indifféremment par son prénom ou son nom), part à la chasse. « El Yoco », un jaguar terrorise la population. Adàn admire inconsciemment ce dernier bien que sachant qu’il est périlleux de se trouver face à lui.
Il voudrait être celui qui libèrera les habitants de la peur. Mais la rencontre avec la bête ne sera pas celle qu’on imagine … Ce n’est pas qu’un animal qui fait peser son joug sur les membres de cette communauté de paysans, de riches propriétaires et autres, c’est un aussi un homme.
Un homme sans sentiment, un criminel, qui ne sait pas exactement pourquoi il tue.
« El Yoco », la bête va se personnifier sous nos yeux, on « l’entend » raisonner, on la voit observer, ses actes sont décortiqués car l’animal ne laisse que peu de place au hasard. C’est tout juste s’il n’a pas une âme. On suit sa progression, il semble errer sans savoir où il va mais ce n’est pas le cas. Il est parfois assimilé au diable.
A contrario, l’humain, l’assassin, est comparé à une bête, sans cœur, sans esprit, sans sentiment, sans réflexion, sans état d’âme. Il agit, blesse, persécute, tue, puis réfléchit ensuite … lorsqu’il réfléchit ….
Le diable est-il l’homme ou la bête ?
Ce chassé croisé entre l’homme et l’animal est la grande force de cet opus. On les voit agir, être traqués, se cacher, manipuler les autres, qui est le plus fort ? Qui fait le plus peur ? Qui nous trouble ?
L’écriture est rugueuse, économisant parfois les mots, se délectant avec détails pour retranscrire une ambiance à d’autres moments. Ce n’est pas un livre « facile » dans le sens où l’action arrive petit à petit dans un climat soigneusement mis en place et qu’il faut laisser du temps au temps pour apprivoiser les personnages de ce récit et les suivre mais quelle belle découverte !
NB : L’avant propos, où l’auteur donne des indications sur le pourquoi et le comment de ce livre est intéressant et bienvenu.
Cassiopée- Admin
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