[Granier, Frédéric] Blur vs Oasis

À gauche, Damon Albarn, leader de Blur. À droite, les frères Gallagher, du groupe Oasis. Hasard ou pas du calendrier, Country House et Roll With it, leurs singles respectifs, sortent le même jour dans les bacs à l’été 1995.

Qui sera numéro un des ventes ? Comme à la grande époque des Beatles et des Rolling Stones, la presse musicale et les médias grand public se passionnent pour cette rivalité qui n’est pas qu’une simple affaire de rock’n’roll. La querelle d’égos est aussi une lutte de classes. Mais derrière cette bataille des charts, c’est toute l’industrie musicale britannique qui reprend des couleurs après des années de marasme et de domination du grunge et du rock américain.

Qu’ils le veuillent ou non, Blur et Oasis deviendront les ambassadeurs d’une mouvance que l’Histoire retiendra sous le nom de « Britpop », marquée par des disques emblématiques, des déclarations fracassantes et des excès en tous genres, avant que l’année 1997 ne voie le rideau se baisser brutalement.

Quand j'ai vu ce livre chez mon libraire, je n'ai pas hésité une seconde. La Britpop, c'est la bande-son de mon adolescence. Je m'attendais à une biographie des groupes adoré (Blur) et détesté (Oasis) de ma jeunesse, à des anecdotes pas très reluisantes sur les déclarations de chacun, la consommation de drogues et d'alcool des musiciens etc ... Il y a de cela, bien sûr, mais pas seulement. Frédéric Granier raconte comment les média, notamment la presse musicale spécialisée, motivée par l'appât du gain, a mis en scène le duel entre ces deux groupes. Il analyse aussi le regain de popularité de la musique anglaise à une échelle politique qui me dépassait complètement à l'époque : comment le succès international de quelques groupes a joué sur la perception que le peuple britannique avait de lui-même, comment le parti travailliste a tiré parti des artistes qui lui étaient favorables pour remporter enfin des élections législatives. Moi qui m'attendais à un livre de groupie, j'ai appris bien plus de choses que je ne m'y attendais. Bonne surprise !