[Kingsolver, Barbara] Des vies à découvert
Page 1 sur 1
Votre avis
[Kingsolver, Barbara] Des vies à découvert
Titre : Des vies à découvert
Auteur : Barbara Kingsolver
Editeur : Rivages
Nombre de pages : 575 pages
Présentation de l’éditeur :
Dans ce nouveau roman, Barbara Kingsolver interroge la place des femmes dans la famille et dans l’histoire à travers deux héroïnes : Willa Knox, journaliste indépendante qui doit aider son fils en pleine crise existentielle et Mary Treat, scientifique émérite largement oubliée malgré sa proximité intellectuelle avec Darwin. Ce qui lie les deux femmes : un charisme irrésistible, un intense besoin de liberté et… une maison.
Mon avis :
Je n’avais à ce jour jamais lu de romans de Barbara Kingsolver, et je dois dire que j’ai été conquise par cette lecture.
Ce roman se lit avec passion, et nous suivons le destin de deux familles, à deux époques différentes, et le premier lien entre elles est le fait qu’elles vivent dans le même quartier, la même maison, à centre quarante ans d’écart. Le second lien est la place de la famille, justement, et de l’éducation que l’on veut bien donner aux enfants. Pour Willa (comme l’autrice) et Ianno, son mari, la question s’est à peine posée. Il est professeur à l’université, elle est journaliste, leur fils a fait les meilleures études qui soient dans la meilleure université possible. Pour Tig, leur fille, c’est plus compliqué : elle n’a pas terminé sa licence, et pourtant, c’est sans doute elle qui est la plus lucide de tous, celle qui est le plus apte à s’en sortir. En effet, le constat est assez dévastateur : pas de poste fixe pour Ianno, qui a passé sa vie professionnelle à courir après une titularisation qui n’arrivait pas, ou qui ne durait pas, les privant de tous les avantages. Leur fils ? Il est endetté pour les dix prochaines années. Son cas n’est pas isolé, et beaucoup de jeunes américains voient déjà leur avenir compromis parce qu’ils ont fait des études qui devaient leur permettre d’avoir un avenir. Cercle vicieux ? Oui.
A l’époque de Mary Treat, le problème était différent, rares étaient ceux qui avaient la chance de faire des études. Le professeur Thatcher Greenwood sait qu’il s’est haussé au-dessus de sa condition, et pourtant lui aussi peine à trouver un poste. Il en a décroché un, à Vineland, dans une petite ville absolument parfaite crée par un bienfaiteur. Les filles sont même majoritaires dans cet établissement. Image idyllique, pulvérisé par l’enseignement qu’on lui demande de prodiguer, un enseignement créationniste, qui vilipende Darwin (un nom à ne surtout pas prononcer) et tous ceux qui veulent expérimenter. Et si les filles sont très présentes, c’est parce que l’on a moins besoin d’elles pour les travaux de toutes sortes. Viendra pourtant le temps où elles retrouveront leur place – à la cuisine. Si elles sont issues d’une famille aisée, ou qui a été aisée comme celle de Rose Greenwood et de sa soeur Polly, leur préoccupation sera autre : bientôt leur corps sera encorseté, soumis au régime, à l’apprentissage des bonnes manières à avoir dans le monde où elles évolueront pour trouver un mari aussi aisé que leur famille, ou plus. Elles occuperont ensuite leur journée à des préoccupations futiles – comment Greenwood peut-il faire comprendre à sa femme que leur maison est plus importante que l’achat de nouveaux gants, ou que son souhait de pratiquer l’équitation ?
L’Amérique des années 2016 est loin d’être idyllique, même pour ceux qui paraissent privilégiés. L’assurance santé coûte cher, très cher, et pourtant, Nick, le beau-père de Willa ne peut être reçu par un médecin – à moins que Willa ne s’engage à le payer directement, à un coût exorbitant. Medicaid, l’obamacare, qui vient tout juste d’être promu ? Certains ont trop d’orgueil pour y avoir recours, d’autres s’y résignent, même si cela fait encore des dossiers à remplir, encore et encore, pour prouver que l’on est bien loin, finalement, du rêve américain. S’il est un personnage constamment réaliste, c’est Tig, la fille de Willa. Ce n’est pas qu’elle est en conflit avec sa mère, avec son père ou son frère, c’est qu’elle dit ce qu’elle a à dire, sans fioriture. Ses analyses sont toujours très justes, ne cherchant jamais à embellir la réalité, ne cherchant pas non plus à blesser, mais à mettre les gens en face de ce qui se passe, dans la famille, dans la société américaine, et dans le monde. Le programme peut paraître vaste : il l’est. Mais j’ai véritablement aimé la force de ce personnage que rien ne peut abattre et qui sait toujours réagir, quoi qu’il se passe.
De la même trempe était Mary Treat, l’une des plus importantes entomologistes et botanistes du XIXe siècle. Elle était une femme, et à ce titre, beaucoup aujourd’hui ne font pas attention à elle, comme si Mary ne pouvait pas être une scientifique, mais une muse pour scientifique, une amie, une confidente. Elle a su, tout en menant à bien ses travaux, être indépendante une fois séparée de son mari, en écrivant des articles scientifiques. Faire connaître la nature aux femmes, faire qu’elles n’aient pas peur des insectes, des araignées, qui font partie de la vie, qui sont nécessaire à l’écosystème qui, déjà à l’époque, était largement malmené, pillé même, comme le dénonçait aussi (et déjà) Mary Treat.
Des vies à découvert est un roman qui nous parle de précarité, de féminisme, d’engagement aussi, dans une société où un clown millionnaire se présentait à la présidence.
Auteur : Barbara Kingsolver
Editeur : Rivages
Nombre de pages : 575 pages
Présentation de l’éditeur :
Dans ce nouveau roman, Barbara Kingsolver interroge la place des femmes dans la famille et dans l’histoire à travers deux héroïnes : Willa Knox, journaliste indépendante qui doit aider son fils en pleine crise existentielle et Mary Treat, scientifique émérite largement oubliée malgré sa proximité intellectuelle avec Darwin. Ce qui lie les deux femmes : un charisme irrésistible, un intense besoin de liberté et… une maison.
Mon avis :
Je n’avais à ce jour jamais lu de romans de Barbara Kingsolver, et je dois dire que j’ai été conquise par cette lecture.
Ce roman se lit avec passion, et nous suivons le destin de deux familles, à deux époques différentes, et le premier lien entre elles est le fait qu’elles vivent dans le même quartier, la même maison, à centre quarante ans d’écart. Le second lien est la place de la famille, justement, et de l’éducation que l’on veut bien donner aux enfants. Pour Willa (comme l’autrice) et Ianno, son mari, la question s’est à peine posée. Il est professeur à l’université, elle est journaliste, leur fils a fait les meilleures études qui soient dans la meilleure université possible. Pour Tig, leur fille, c’est plus compliqué : elle n’a pas terminé sa licence, et pourtant, c’est sans doute elle qui est la plus lucide de tous, celle qui est le plus apte à s’en sortir. En effet, le constat est assez dévastateur : pas de poste fixe pour Ianno, qui a passé sa vie professionnelle à courir après une titularisation qui n’arrivait pas, ou qui ne durait pas, les privant de tous les avantages. Leur fils ? Il est endetté pour les dix prochaines années. Son cas n’est pas isolé, et beaucoup de jeunes américains voient déjà leur avenir compromis parce qu’ils ont fait des études qui devaient leur permettre d’avoir un avenir. Cercle vicieux ? Oui.
A l’époque de Mary Treat, le problème était différent, rares étaient ceux qui avaient la chance de faire des études. Le professeur Thatcher Greenwood sait qu’il s’est haussé au-dessus de sa condition, et pourtant lui aussi peine à trouver un poste. Il en a décroché un, à Vineland, dans une petite ville absolument parfaite crée par un bienfaiteur. Les filles sont même majoritaires dans cet établissement. Image idyllique, pulvérisé par l’enseignement qu’on lui demande de prodiguer, un enseignement créationniste, qui vilipende Darwin (un nom à ne surtout pas prononcer) et tous ceux qui veulent expérimenter. Et si les filles sont très présentes, c’est parce que l’on a moins besoin d’elles pour les travaux de toutes sortes. Viendra pourtant le temps où elles retrouveront leur place – à la cuisine. Si elles sont issues d’une famille aisée, ou qui a été aisée comme celle de Rose Greenwood et de sa soeur Polly, leur préoccupation sera autre : bientôt leur corps sera encorseté, soumis au régime, à l’apprentissage des bonnes manières à avoir dans le monde où elles évolueront pour trouver un mari aussi aisé que leur famille, ou plus. Elles occuperont ensuite leur journée à des préoccupations futiles – comment Greenwood peut-il faire comprendre à sa femme que leur maison est plus importante que l’achat de nouveaux gants, ou que son souhait de pratiquer l’équitation ?
L’Amérique des années 2016 est loin d’être idyllique, même pour ceux qui paraissent privilégiés. L’assurance santé coûte cher, très cher, et pourtant, Nick, le beau-père de Willa ne peut être reçu par un médecin – à moins que Willa ne s’engage à le payer directement, à un coût exorbitant. Medicaid, l’obamacare, qui vient tout juste d’être promu ? Certains ont trop d’orgueil pour y avoir recours, d’autres s’y résignent, même si cela fait encore des dossiers à remplir, encore et encore, pour prouver que l’on est bien loin, finalement, du rêve américain. S’il est un personnage constamment réaliste, c’est Tig, la fille de Willa. Ce n’est pas qu’elle est en conflit avec sa mère, avec son père ou son frère, c’est qu’elle dit ce qu’elle a à dire, sans fioriture. Ses analyses sont toujours très justes, ne cherchant jamais à embellir la réalité, ne cherchant pas non plus à blesser, mais à mettre les gens en face de ce qui se passe, dans la famille, dans la société américaine, et dans le monde. Le programme peut paraître vaste : il l’est. Mais j’ai véritablement aimé la force de ce personnage que rien ne peut abattre et qui sait toujours réagir, quoi qu’il se passe.
De la même trempe était Mary Treat, l’une des plus importantes entomologistes et botanistes du XIXe siècle. Elle était une femme, et à ce titre, beaucoup aujourd’hui ne font pas attention à elle, comme si Mary ne pouvait pas être une scientifique, mais une muse pour scientifique, une amie, une confidente. Elle a su, tout en menant à bien ses travaux, être indépendante une fois séparée de son mari, en écrivant des articles scientifiques. Faire connaître la nature aux femmes, faire qu’elles n’aient pas peur des insectes, des araignées, qui font partie de la vie, qui sont nécessaire à l’écosystème qui, déjà à l’époque, était largement malmené, pillé même, comme le dénonçait aussi (et déjà) Mary Treat.
Des vies à découvert est un roman qui nous parle de précarité, de féminisme, d’engagement aussi, dans une société où un clown millionnaire se présentait à la présidence.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13200
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Sujets similaires
» [Kingsolver, Barbara] Un Autre Monde
» [Kingsolver, Barbara] Un été prodigue
» [Kingsolver, Barbara] Une rivière sur la lune
» [Kingsolver, Barbara] Une île sous le vent
» [Kingsolver., Barbara] L'arbre aux haricots
» [Kingsolver, Barbara] Un été prodigue
» [Kingsolver, Barbara] Une rivière sur la lune
» [Kingsolver, Barbara] Une île sous le vent
» [Kingsolver., Barbara] L'arbre aux haricots
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|