[Burns, Amy Jo] Les femmes n'ont pas d'histoire
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[Burns, Amy Jo] Les femmes n'ont pas d'histoire
Les femmes n’ont pas d’histoire (Shiner)
Auteur : Amy Jo Burns
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) pat Héloïse Esquié
Éditions : Sonatine (18 février 2021)
ISBN : 978-2355846984
310 pages
Quatrième de couverture
Dans cette région désolée des Appalaches que l'on appelle la Rust Belt, la vie ressemble à une damnation. C'est un pays d'hommes déchus où l'alcool de contrebande et la religion font la loi, où les femmes n'ont pas d'histoire. Élevée dans l'ombre de son père, un prêcheur charismatique, Wren, comme sa mère avant elle, semble suivre un destin tout tracé. Jusqu'au jour où un accident lui donne l'occasion de reprendre sa vie en main.
Mon avis
Dans la chaîne de montagne des Appalaches, les hommes fabriquent du moonshine (un alcool de contrebande) pour faire vivre leur famille. Les enfants sont livrés à eux-mêmes et les mères essaient de tout tenir à bout de bras. Wren habite dans ce coin avec ses parents. Leur maison est isolée, pratiquement invisible. C’est ainsi parce que le père l’a voulu. Il domine et décide de tout : le quotidien, les activités de chacun. Il s’est improvisé homme de Dieu et pour cela, comme dans un verset de Saint Marc, il saisit des serpents, il impose les mains aux malades etc. S’occuper des serpents et professer prennent tout son temps. Certains voisins l’écoutent, l’admirent, le suivent. D’autres sont un peu plus loin. Les journées sont sombres, difficiles. La seule lueur vient des visites d’Ivy, la meilleure amie de Ruby, la mère de Wren. Elle débarque avec ses fils et la vie prend tout son sens. Pique-nique improvisé, baignade, rires en cascades, la décontraction, la simplicité sont de mises. Les deux mamans échangent, discutent, et on sent que le lien qui les unit est d’une force incroyable. Elles sont fusionnelles, elles sont tout l’une pour l’autre. Elles acceptent les défauts, les erreurs de l’autre parce qu’étant amies à la vie à la mort, elles ne jugent pas. Rien ne leur pose problème, un regard et elles se comprennent. Elles ne peuvent pas survivre l’une sans l’autre.
« Leurs vies étaient une seule et même vie, vécue deux fois. »
Dans la première partie du roman, Wren, quinze ans, s’exprime. Elle explique qu’elle voudrait une Ivy elle aussi. Elle présente ce qu’elle fait. Elle parle de son père, le manipulateur de serpents, d’Ivy et de ses fils, de sa Maman Ruby. Puis elle raconte sa rencontre avec Caleb, un jeune garçon et ce que ça provoque de remous chez son père et comment la situation dérape et échappe à tous. Ensuite nous partons dans le passé et c’est par l’intermédiaire d’un narrateur que nous découvrons les événements. Comment Ivy et Ruby ont rencontré leurs maris, ce qu’a été leur adolescence, leurs secrets. Jeunes filles, elles rêvaient d’une autre vie, de fuir et finalement elles sont restées. Pourquoi ?
Sur fond d’alcool, de violence quelques fois, mais également de beaucoup d’amour, ce récit initiatique est magnifique. Oui, il est noir, c’est parfois dur mais Wren illumine toute l’histoire. En quête d’émancipation, mue par une farouche volonté, initiée à d’autres perspectives lorsqu’elle rencontre Caleb, elle ne renonce jamais ni à avancer, ni à comprendre, encore moins à faire tout ce qu’il est possible de mettre en place pour décider de sa vie.
J’ai énormément apprécié cette lecture. L’évolution des personnages est très intéressante et la construction du livre permet de la découvrir avec des retours dans le passé bien placés. Wren est une adolescente attachante, sans doute un peu sauvage mais qui ne demande qu’à être apprivoisée, aimée. L’écriture de l’auteur (merci à Héloïse Esquié pour la traduction) est délicate. Elle analyse les raisons d’agir des protagonistes à travers une approche psychologique menée avec finesse. Enfance douloureuse, vie conjugale difficile, les femmes n’ont pas d’histoire ? Si, elles restent droites, elles font des choix qui n’en sont pas car elles n’ont pas d’autres solutions mais leur amitié les nourrit, les enchante, les maintient en vie avec le sourire.
Une lecture comme je les aime, qui bouscule, qui bouleverse et qui reste gravée dans mon esprit.
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Cassiopée- Admin
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Re: [Burns, Amy Jo] Les femmes n'ont pas d'histoire
Merci Cassiopée pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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