[Fayolle, Marion] Du même bois
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[Fayolle, Marion] Du même bois
Titre : Du même bois
Auteur : Marion FAYOLLE
Parution : 2024 (Gallimard)
Pages : 128
Présentation de l'éditeur :
« Les enfants, les bébés, ils les appellent les “petitous”. Et c’est vrai qu’ils sont des petits touts. Qu’ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu’ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout.
C’est pas toujours facile d’être un petit tout, d’avoir en soi autant d’histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi. »
Dans une ferme, l’histoire se reproduit de génération en génération : on s’occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l’étable et celles qui ruminent dans les têtes. Peintes sur le vif, à petites touches, les vies se dupliquent en dégradé face aux bêtes qui ont tout un paysage à pâturer.
Marion Fayolle crée un monde saisissant dont la poésie brutale révèle ce qui s’imprime par les failles, par les blessures familiales, comme dans les creux des gravures en taille-douce.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Née en 1988, Marion Fayolle a grandi en Ardèche. Inscrite en dernière année de l'école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, c'est au sein de l'atelier d'illustration qu'elle a rencontré Matthias Malingrëy et Simon Roussin, avec lesquels elle a fondé en 2009 la revue Nyctalope.
Avis :
De Marion Fayolle, l’on connaissait jusqu’ici surtout les dessins, dans la presse et dans ses bandes dessinées récompensées au festival d’Angoulême. Son premier roman révèle un vrai bonheur de plume et un auteur aussi doué avec les mots qu’avec le crayon pour nous saisir de ses mémorables images.
Ce sont les souvenirs d’enfance, lorsque la jeune Marion n’avait de hâte que de quitter l’étroit logement familial de la vallée d’Eyrieux, en Ardèche, pour rejoindre, là-haut, la ferme et les « bêtes » de « pépé » et « mémé », qui nourrissent cette histoire, une ode à la ruralité et à une époque révolue, quand les générations cohabitaient dans une existence tout entière organisée autour des animaux. « Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s’occupe des bêtes à l’étable. » Certainement pas paradisiaque mais hérité du fond des âges, l’immuable quotidien est simple, souvent rude. Les tempéraments aussi, volontiers taiseux mais débordant d’une humanité généreuse et directe, à l’image de la mémé donnant à l’orphelin engagé sur la ferme, « en un seul repas, tout l'amour qu'il n'a jamais eu, comme pour corriger l'injustice. »
A sa façon simple et directe elle aussi, en une économie de traits si justement et joliment croqués qu’ils en dessinent des silhouettes saisissantes de vie et de vérité, la narration qui, centrée sur des noms génériques – la mémé, l’oncle, la gamine, le gosse, les anciens… – prend un caractère universel en semblant parler de tout le monde, raconte les liens entre les générations, le rapport au temps, au paysage et aux bêtes, tout un mode de vie rattrapé par la mort et la modernité jusqu’à disparaître progressivement. Déjà différente de ceux restés là-haut à demeure, l’enfant palote à l’appétit d’oiseau, à la constitution trop frêle et à l’imagination poétique a beau sentir ce terroir couler dans ses veines, elle n’en quittera pas moins ces lieux et ces racines, à la recherche d’un nouvel équilibre dont les ellipses du récit laissent mélancoliquement deviner les manques et les fêlures.
Une bien jolie révélation que cette nouvelle plume si naturellement chantournée qu’elle ne manquera pas de mener bien des lecteurs au coup de coeur. (5/5)
Re: [Fayolle, Marion] Du même bois
Une bien jolie histoire au caractère très universel et si personnelle à la fois. C'est l'histoire des racines, de ce que l'on prend et de ce qu'on laisse par choix ou par nécessité. De ce qui nous fait pousser et parfois grandir.
J'ai beaucoup aimé ces quelques pages sur la ruralité, la plongée en enfance de la narratrice. Mais c'était un peu court
J'ai beaucoup aimé ces quelques pages sur la ruralité, la plongée en enfance de la narratrice. Mais c'était un peu court
Elo- Grand sage du forum
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