[Offutt, Chris] Les fils de Shifty
4 participants
Page 1 sur 1
Votre avis ?
[Offutt, Chris] Les fils de Shifty
Les fils de Shifty (Shifty’s Boys)
Auteur : Chris Offutt
Traduit de l’américain par Anatole Pons-Reumaux
Éditions : Gallmeister (4 Janvier 2024)
ISBN : 978-2-35178-311-5
290 pages
Quatrième de couverture
Mick Hardin se remet d’une blessure de guerre chez sa sœur Linda, shérif de Rocksalt dans le Kentucky, lorsque le cadavre d’un dealer local est découvert. Il s’agit de l’un des fils de Shifty Kissick, une veuve que Mick connaît depuis longtemps. La police refusant d’enquêter, Shifty demande à Mick de découvrir le coupable. Se débattant entre un divorce difficile et son addiction aux antidouleurs, ce dernier commence à fouiner dans les collines, avec la ferme consigne de ne pas gêner la réélection de sa sœur.
Mon avis
Ce roman met en scène Mick Hardin et sa sœur Linda, déjà apparus dans un précédent titre. Mais ce n’est pas une suite et il peut se lire indépendamment.
Mick est un enquêteur militaire. Il a été blessé et passe sa convalescence chez sa frangine, Linda, shérif de Rocksalt, un petit comté du Kentucky. Et oui, c’est une femme et si elle a atterri à ce poste un peu par hasard, maintenant, elle œuvre à sa réélection. Mick passe ses journées à essayer de ne plus prendre des drogues aidant à calmer la douleur et à faire des activités sportives pour remuscler sa jambe blessée.
Un des fils de Shifty Kissick, une dame veuve qu’ils connaissent, est retrouvé mort dans une ruelle. Probable règlement de comptes entre dealers, affaire classée. La mère n’est pas d’accord, elle demande à Mick d’enquêter discrètement pour voir si cet assassinat ne cache pas quelque chose. Il lui reste une semaine de repos, c’est l’occasion d’agir, de se remettre en selle physiquement et moralement. Il accepte mais prévient qu’il ne veut pas gêner le shérif pour éviter les conflits dans sa famille.
Il observe, questionne, récupère quelques éléments démontrant que le corps a été déplacé et mis en scène. Qui a eu intérêt à agir ainsi et pourquoi ? Il essaie de comprendre, car finalement il a été happé par ce mystère.
Les dialogues sont savoureux, parfois teintés d’humour, voire même d’autodérision. L’approche psychologique et les relations entre les protagonistes sont détaillées, précises, captivantes, le tout accompagné d’une réelle réflexion sur les notions de bien, de mal, de justice.
« Il se demanda combien de gens essayaient de se convaincre que le meurtre était acceptable au nom du Bien Supérieur. Il n’était pas dupe. Le Bien Supérieur n’existait pas, sinon en tant qu’excuse. »
C’est le boulot de Mick de tuer parfois, dans le cadre de son activité professionnelle. Il est même plutôt doué pour ça. Mais ce n’est pas une raison pour utiliser ses capacités par vengeance, n’est-ce pas ? Il est tiraillé, il ne doit pas laisser ses émotions prendre le dessus….
J’ai énormément apprécié ce récit. La plume de l’auteur est intéressante car il décrit à la perfection ce coin des Etats-Unis où les habitants préfèrent se taire, se cacher plutôt que d’affronter ceux qui les dérangent. Alors la première mission de Mick c’est un peu de donner un coup de pied dans la fourmilière, de secouer les personnes et de leur faire cracher quelques informations utiles. Après, à lui de rassembler tout ça, de relier les morceaux et de trouver les pièces manquantes.
J’ai aimé la façon dont il s’y prend, assez posé, réfléchi, ciblant au mieux les actions à mettre en place pour avoir des réponses. Pas à pas, il avance et on le suit pour notre plus grand plaisir.
_________________
Cassiopée- Admin
-
Nombre de messages : 17033
Localisation : Saint Etienne
Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Offutt, Chris] Les fils de Shifty
C’est un coin d’Amérique profonde, une région rurale et plutôt déshéritée, mais qui, au coeur de ses collines des contreforts des Appalaches, abrite une nature généreuse et sauvage, à l’écart du monde et de son tapage. L’on y vit encore selon des codes ancestraux prônant l’ardeur au travail et l’honneur du sang, prêt à se défendre bec et ongle contre ce qui viendrait troubler un ordre depuis longtemps figé. Hommes taiseux et femmes teigneuses ne craignant rien ni personne, tous dans la petite localité de Rocksalt se connaissent ainsi de près ou de loin malgré leur distance bourrue et n’hésiteront pas à se prêter main forte face à l’étranger malveillant.
C’est là qu’en convalescence après une blessure de guerre, l’enquêteur militaire Mick Hardin, déjà protagoniste des Gens des collines, le précédent et premier tome de ce qui sera à terme une trilogie policière, est revenu cohabiter avec les fantômes de son enfance autant qu’avec sa sœur, première femme shérif du comté en pleine campagne pour sa réélection. Alors qu’il se morfond, abusant un peu trop des antidouleurs sans pouvoir se résoudre à signer les papiers de son divorce, Shifty Kissick, une veuve âgée qui le renvoie au souvenir du grand-père qui l’a élevé, lui l’orphelin, dans sa cabane au milieu des bois, lui demande d’enquêter sur la mort de son fils, un dealer sans envergure que la police a déjà classé aux pertes et profits des règlements de comptes entre rivaux.
Ses vieux réflexes militaires aussitôt réveillés pour le bien de « ceux qui n’ont pas encore été tués », voilà notre homme embarqué dans les péripéties musclées d’une affaire aux ramifications inattendues, susceptibles de l’entraîner, selon la vieille loi locale de l’honneur et du sang, dans un exercice d’auto-justice au prix exorbitant. Rondement menée dans un suspense sans faille, l’action laisse les pages se tourner d’elles-mêmes. Mais si, comme à la fin de toute intrigue policière, les coupables trouvent leur châtiment, ce n’est ici, dans une mélancolie déchirée entre l’attachement viscéral à la beauté paisible des lieux et la violence employée pour la défendre, que pour mieux souligner l’insoluble tragédie d’un homme rattrapé malgré lui par les atavismes culturels qu’il s’était évertués à fuir au loin.
Comme à son habitude, Chris Offutt signe avec ce dernier ouvrage bien plus qu’un polar addictif et enlevé. Peinture de l’Amérique rurale du Kentucky comme figée dans un autre temps, sa prose est aussi une réflexion mélancolique et fervente sur ce qui nous pousse, malgré la douleur, à rompre avec nos attachements et nos racines, à envisager l’avenir plutôt que le passé.
C’est là qu’en convalescence après une blessure de guerre, l’enquêteur militaire Mick Hardin, déjà protagoniste des Gens des collines, le précédent et premier tome de ce qui sera à terme une trilogie policière, est revenu cohabiter avec les fantômes de son enfance autant qu’avec sa sœur, première femme shérif du comté en pleine campagne pour sa réélection. Alors qu’il se morfond, abusant un peu trop des antidouleurs sans pouvoir se résoudre à signer les papiers de son divorce, Shifty Kissick, une veuve âgée qui le renvoie au souvenir du grand-père qui l’a élevé, lui l’orphelin, dans sa cabane au milieu des bois, lui demande d’enquêter sur la mort de son fils, un dealer sans envergure que la police a déjà classé aux pertes et profits des règlements de comptes entre rivaux.
Ses vieux réflexes militaires aussitôt réveillés pour le bien de « ceux qui n’ont pas encore été tués », voilà notre homme embarqué dans les péripéties musclées d’une affaire aux ramifications inattendues, susceptibles de l’entraîner, selon la vieille loi locale de l’honneur et du sang, dans un exercice d’auto-justice au prix exorbitant. Rondement menée dans un suspense sans faille, l’action laisse les pages se tourner d’elles-mêmes. Mais si, comme à la fin de toute intrigue policière, les coupables trouvent leur châtiment, ce n’est ici, dans une mélancolie déchirée entre l’attachement viscéral à la beauté paisible des lieux et la violence employée pour la défendre, que pour mieux souligner l’insoluble tragédie d’un homme rattrapé malgré lui par les atavismes culturels qu’il s’était évertués à fuir au loin.
Comme à son habitude, Chris Offutt signe avec ce dernier ouvrage bien plus qu’un polar addictif et enlevé. Peinture de l’Amérique rurale du Kentucky comme figée dans un autre temps, sa prose est aussi une réflexion mélancolique et fervente sur ce qui nous pousse, malgré la douleur, à rompre avec nos attachements et nos racines, à envisager l’avenir plutôt que le passé.
Re: [Offutt, Chris] Les fils de Shifty
Merci Cassiopée et Cannetille pour votre critique
louloute- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 25000
Age : 56
Localisation : Var, Sanary-sur-mer
Emploi/loisirs : mère au foyer
Genre littéraire préféré : thriller, historique, policier
Date d'inscription : 11/12/2009
Re: [Offutt, Chris] Les fils de Shifty
Merci pour ces avis
_________________
Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Sujets similaires
» [Offutt, Chris] Nuits Appalaches
» [Offutt, Chris] Les gens des collines
» [Red, Chris] Les fils du destin
» [Whitaker, Chris] Duchess
» [Mooney, Chris] Disparues
» [Offutt, Chris] Les gens des collines
» [Red, Chris] Les fils du destin
» [Whitaker, Chris] Duchess
» [Mooney, Chris] Disparues
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum