[Manook, Ian] Les temps sauvages (Yeruldelgger 2)

Editions Albin Michel, 2015, 523 p.
ISBN : 978-2-226-31462-8

Présentation de l'éditeur :

Quand le vent du Nord s’abat sur les steppes enneigées d’Asie centrale, personne ne vous entend mourir. Pour Yeruldelgger, le salut ne peut venir que de loin, très loin…
Afin d'échapper à un complot dont il est la cible, Yeruldelgger enquête sur la mort d'une prostituée et la disparition de son fils adoptif, tandis que ses équipiers cherchent à élucider deux morts très étranges. Leurs recherches les mènent aux confins de la Mongolie, de la Russie et de la Chine, ainsi qu'au Havre, où la découverte des cadavres de 6 jeunes garçons dans un container va donner à cette affaire une toute autre dimension.

Mon avis :

Quoi de nouveau dans ce deuxième opus ? Eh bien, on peut présenter le roman comme un cocktail délirant composé essentiellement d'un récit d'aventures policières, avec des soldats corrompus, des agents secrets, des mafias internationales, de puissants empires industriels russes et une stratégie géopolitique qui laisse sa marque dans la vie des gens et dans leurs villes.
Cet ingrédient de base est assaisonné de références aux séries télévisées américaines (encore), de quelques pincées d'animisme, de bouddhisme et de Kung-fu et d'une légère touche de gore. Enfin, il est parsemé de scènes (comme celle des loups) qui sont parfaites pour une adaptation cinématographique.

Nous avons rencontré et apprécié la plupart des personnages dans le premier opus de la série. Le protagoniste, Yerul pour ses amis, n'est pas si omniprésent ici, mais on ne peut pas l'oublier, car les personnages secondaires y font constamment référence et toujours en termes élogieux : Yeruldelgger est un héros, une légende, le meilleur policier de Mongolie, mi-moine, mi-soldat. Sa vie professionnelle, mais aussi amoureuse et familiale, l'ont tellement malmené qu'il est devenu un homme taciturne et violent, oubliant le mysticisme qui l'imprégnait lors de son séjour au septième monastère, où le moine qui le dirige, le Nerguii, l'a éduqué.
Viennent ensuite ses collègues : la légiste Solongo, désormais sa compagne aimante et la policière courageuse et sauvage, Oyun.  On retrouve également, bien qu'avec beaucoup moins d'importance, les jeunes Saraa et Gantulga et le très maléfique Erdenbat. Parmi les nouveaux personnages apparaît le policier français d'origine arménienne (tiens ?), Zarzavadjian, Zarza pour les amis. Avec lui, nous visitons Le Havre et Honfleur. Au passage, Manook, qui décidemment semble avoir une prédilection pour la gastronomie, passe en revue un certain nombre de  recettes normandes. Bien que plus appétissantes, elles atteignent parfois le niveau angoissant de lourdeur des recettes mongoles.

Mais, tout comme dans le premier, la Mongolie partage largement le rôle principal avec Yeruldelgger. Manook exploite bien thème de l’ethnoexotisme car l’immense pays séduit tout en montrant des côtés dangereux et violents. Et, en ce 21ème siècle, il y a encore là-bas des nomades et des chamanes. Donc, en tant que guide de voyage, cela fonctionne très bien : qui n'est pas ému, même un peu, par la splendide steppe mongole immaculée, vitrifiée par la glace du dzüüd, l'hiver meurtrier ? Puis, en contraste avec les paysages poétiques, on découvre le monstre d'asphalte qu'est Oulan-Bator, dont le seul nom est déjà impressionnant, avec ses immeubles post-soviétiques et ses nouvelles constructions ultramodernes de verre brillant. On apprend que, malheureusement, c’est la deuxième ville la plus polluée du monde.
Ainsi nous avons  deux Mongolies : celle des steppes et de leurs nomades, ce mode de vie auquel Yeruldelgger veut s'accrocher, et celle des téléphones portables, des tablettes et de la technologie en général dans laquelle vivent sa partenaire Oyun et sa fille Saraa. Ces deux mondes partagent souvent le petit espace d'une yourte et cela, bien sûr, génère des frictions qui se traduisent en événements et deviennent l'aliment de la fiction.

Tout aussi prenant que le premier, je vous le recommande.

Ta critique donne envie @Dulcie ! Je ne suis pas originale, j'ai toujours été fascinée par la Mongolie.