[Parker, Dorothy] La vie à deux
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Quel est votre avis sur "La vie à deux" ?
[Parker, Dorothy] La vie à deux
Auteur : Dorothy Parker
Titre : la vie à deux
Editions : 10/18
4ème de couverture :
Célébrée pour son humour et son extraordinaire sens de l'observation, Dorothy Parker a laissé une oeuvre dans laquelle les petits ratés de la vie de couple prennent souvent l'allure d'une comédie désopilante. Qu'il s'agisse de cette amoureuse, tremblante à côté d'un téléphone qui ne sonnera pas ou de cette ex-reine de beauté qui cherche à prolonger ses illusions par un whisky sans glace, chacun des personnages de ce recueil de nouvelles devient attachant parce qu'il nous ressemble. Pour reprendre le mot d'Edmund Wilson, les écrits de Dorothy Parker nous renvoient l'écho d'une voix à nulle autre semblable. Ecoutons-la nous parler de nous.
Mon avis :
Son style éblouissant, et son sens de l'observation lui ont fait gagner ses lettres de noblesse, notamment avec cette "Vie à deux" où malgré cette peinture de la vie de couple l'amour est presque totalement absent. La rancoeur, l'ennui, la solitude, les désillusions en revanche sont le lot de ces femmes et de ces hommes, coincés dans leur vies monotones et étriquées. Les femmes noient leurs chagrins et leurs désillusions dans l'alcool, sont le plus souvent sottes et bornées, les hommes sont veules, égoïstes et lâches. Et avouons-le, l'époque à laquelle se passent ces histoires est sans importance, ces personnages, nous les connaissons. Il y a un peu de nous, ce sont nos voisins, nos amis, c'est notre société actuelle car enfin, l'humanité change si peu...
Parmi mes préférées : "Quel dommage !" où un couple modèle que l'ennui tue à petit feu finit par se séparer, "la grande blonde" qui raconte la déchéance d'une femme, personnage pathétique dont la fin n'est pas sans évoquer la propre fin de l'auteur, "M Durant", le portrait du salopard qui sommeille sous le vernis des bonnes manières, la plus pathétique certainement, avec "La jument" qui évoque la solitude dans ce qu'elle a plus terrifiant, "Arrangement en noir et blanc", oppose une assemblée de beaux esprits blancs venus saluer un pianiste virtuose noir, dégoulinants d'hypocrisie, où le racisme suinte à chaque pore de leur peau, et enfin, la plus poignante, "Vêtir ceux qui sont nus" où aucun gramme d'humour ne vient relever ce chef-d'oeuvre de cruauté.
Passer à côté de Dorothy Parker serait presque un crime, d'autant plus impardonnable que son oeuvre, en tout cas traduite en français, tient en quatre ou cinq livres, notamment des recueils de nouvelles. Moi en tout cas, j'ai eu un véritable coup de foudre pour cet écrivain.
Titre : la vie à deux
Editions : 10/18
4ème de couverture :
Célébrée pour son humour et son extraordinaire sens de l'observation, Dorothy Parker a laissé une oeuvre dans laquelle les petits ratés de la vie de couple prennent souvent l'allure d'une comédie désopilante. Qu'il s'agisse de cette amoureuse, tremblante à côté d'un téléphone qui ne sonnera pas ou de cette ex-reine de beauté qui cherche à prolonger ses illusions par un whisky sans glace, chacun des personnages de ce recueil de nouvelles devient attachant parce qu'il nous ressemble. Pour reprendre le mot d'Edmund Wilson, les écrits de Dorothy Parker nous renvoient l'écho d'une voix à nulle autre semblable. Ecoutons-la nous parler de nous.
Mon avis :
Son style éblouissant, et son sens de l'observation lui ont fait gagner ses lettres de noblesse, notamment avec cette "Vie à deux" où malgré cette peinture de la vie de couple l'amour est presque totalement absent. La rancoeur, l'ennui, la solitude, les désillusions en revanche sont le lot de ces femmes et de ces hommes, coincés dans leur vies monotones et étriquées. Les femmes noient leurs chagrins et leurs désillusions dans l'alcool, sont le plus souvent sottes et bornées, les hommes sont veules, égoïstes et lâches. Et avouons-le, l'époque à laquelle se passent ces histoires est sans importance, ces personnages, nous les connaissons. Il y a un peu de nous, ce sont nos voisins, nos amis, c'est notre société actuelle car enfin, l'humanité change si peu...
Parmi mes préférées : "Quel dommage !" où un couple modèle que l'ennui tue à petit feu finit par se séparer, "la grande blonde" qui raconte la déchéance d'une femme, personnage pathétique dont la fin n'est pas sans évoquer la propre fin de l'auteur, "M Durant", le portrait du salopard qui sommeille sous le vernis des bonnes manières, la plus pathétique certainement, avec "La jument" qui évoque la solitude dans ce qu'elle a plus terrifiant, "Arrangement en noir et blanc", oppose une assemblée de beaux esprits blancs venus saluer un pianiste virtuose noir, dégoulinants d'hypocrisie, où le racisme suinte à chaque pore de leur peau, et enfin, la plus poignante, "Vêtir ceux qui sont nus" où aucun gramme d'humour ne vient relever ce chef-d'oeuvre de cruauté.
Passer à côté de Dorothy Parker serait presque un crime, d'autant plus impardonnable que son oeuvre, en tout cas traduite en français, tient en quatre ou cinq livres, notamment des recueils de nouvelles. Moi en tout cas, j'ai eu un véritable coup de foudre pour cet écrivain.
Dernière édition par Olorin le Dim 21 Fév 2010 - 11:08, édité 1 fois (Raison : Correction titre et ajout sondage)
Invité- Invité
Re: [Parker, Dorothy] La vie à deux
Mon avis :
Un adjectif convient pour décrire ce recueil de nouvelles : décapant. Aucun autre ne peut mieux le définir. Je pourrai bien sûr détailler chaque nouvelle ou plutôt les décortiquer, mais je ne veux surtout pas gâcher le plaisir de lecture que vous pourriez ressentir en lisant ce recueil, je préfère essayer d'en détacher les lignes fortes.
Tout d'abord, la vie à deux qui donne son titre au recueil et à une nouvelle qui met en scène des jeunes mariés, dont je ne suis pas sûre que le mariage dure longtemps. En effet, ils viennent tout juste de s'unir (ils partent en voyage de noces) et déjà.... Non, ils ne sont pas en train de se disputer, c'est beaucoup plus subtil, elle lui assène des reproches avec un raisonnement si tordu que, qu'il acquiesce ou qu'il récuse les propos de sa jeune femme, il est pris au piège et se retrouve coupable d'une longue liste de forfaiture. La vie à deux n'est pas toujours le mariage mais une liaison amoureuse où la femme est trop souvent en position de faiblesse face à un homme moins prisonnier des convenance, moins inquiet à l'idée du temps qui passe. Quand je dis "liaison amoureuse", je n'oublie pas l'intérêt financier : à défaut d'un mari, la femme cherche un homme qui puisse l'entretenir, pour un laps de temps plus ou moins long.Certaines situations sont presque intemporelles. Je pense notamment à l'héroïne de la deuxième nouvelle, qui se ronge les sang pour savoir si oui ou non elle doit rappeler l'homme qu'elle aime, qui devait la rappeler et qui ne la rappelle pas.
Des enfants ? Ils ont peu présents. Il vaut mieux avoir un bel appartement. Le bienheureux papa de la nouvelle La jument précise qu'il n'aura pas de deuxième enfant, quand il voit dans quel état de langueur sa tendre épouse se trouve après cette naissance (et le narrateur de souligner perfidement que sa femme est exactement comme d'habitude) et quel désagrément de devoir supporter une infirmière d'une grâce toute chevaline dans leur demeure.
Les domestiques ? Certains sont noirs, comme la blanchisseuse courageuse de Vêtir ceux qui sont nus, qui élève seul son petit fils aveugle. Leurs conditions de vie ne sont pas douloureuse, non, puisque leur patronne, toute en générosité consent à les employer de temps à autre, et même, dans un accès de générosité, à les réemployer quand ils ont osé avoir d'autres occupations (veiller sur un nouveau né aveugle) que de laver, repasser et raccommoder un linge de grande qualité. Je vous rassure : être un artiste nègre... Oh, pardon, un artiste noir est bien plus facile. Il suffit de supporter la condescendance et la commisération de certaines personnes. Les autres préfèrent ne pas être dans la même pièce que vous.
L'action se passe à New York, bien sûr. Il est impossible de vivre ailleurs. Si votre mari est muté ailleurs, eh bien, le divorce n'est pas fait pour les chiens, mais pour les grandes blondes qui noient la vacuité de leur existence dans l'alcool.
Un adjectif convient pour décrire ce recueil de nouvelles : décapant. Aucun autre ne peut mieux le définir. Je pourrai bien sûr détailler chaque nouvelle ou plutôt les décortiquer, mais je ne veux surtout pas gâcher le plaisir de lecture que vous pourriez ressentir en lisant ce recueil, je préfère essayer d'en détacher les lignes fortes.
Tout d'abord, la vie à deux qui donne son titre au recueil et à une nouvelle qui met en scène des jeunes mariés, dont je ne suis pas sûre que le mariage dure longtemps. En effet, ils viennent tout juste de s'unir (ils partent en voyage de noces) et déjà.... Non, ils ne sont pas en train de se disputer, c'est beaucoup plus subtil, elle lui assène des reproches avec un raisonnement si tordu que, qu'il acquiesce ou qu'il récuse les propos de sa jeune femme, il est pris au piège et se retrouve coupable d'une longue liste de forfaiture. La vie à deux n'est pas toujours le mariage mais une liaison amoureuse où la femme est trop souvent en position de faiblesse face à un homme moins prisonnier des convenance, moins inquiet à l'idée du temps qui passe. Quand je dis "liaison amoureuse", je n'oublie pas l'intérêt financier : à défaut d'un mari, la femme cherche un homme qui puisse l'entretenir, pour un laps de temps plus ou moins long.Certaines situations sont presque intemporelles. Je pense notamment à l'héroïne de la deuxième nouvelle, qui se ronge les sang pour savoir si oui ou non elle doit rappeler l'homme qu'elle aime, qui devait la rappeler et qui ne la rappelle pas.
Des enfants ? Ils ont peu présents. Il vaut mieux avoir un bel appartement. Le bienheureux papa de la nouvelle La jument précise qu'il n'aura pas de deuxième enfant, quand il voit dans quel état de langueur sa tendre épouse se trouve après cette naissance (et le narrateur de souligner perfidement que sa femme est exactement comme d'habitude) et quel désagrément de devoir supporter une infirmière d'une grâce toute chevaline dans leur demeure.
Les domestiques ? Certains sont noirs, comme la blanchisseuse courageuse de Vêtir ceux qui sont nus, qui élève seul son petit fils aveugle. Leurs conditions de vie ne sont pas douloureuse, non, puisque leur patronne, toute en générosité consent à les employer de temps à autre, et même, dans un accès de générosité, à les réemployer quand ils ont osé avoir d'autres occupations (veiller sur un nouveau né aveugle) que de laver, repasser et raccommoder un linge de grande qualité. Je vous rassure : être un artiste nègre... Oh, pardon, un artiste noir est bien plus facile. Il suffit de supporter la condescendance et la commisération de certaines personnes. Les autres préfèrent ne pas être dans la même pièce que vous.
L'action se passe à New York, bien sûr. Il est impossible de vivre ailleurs. Si votre mari est muté ailleurs, eh bien, le divorce n'est pas fait pour les chiens, mais pour les grandes blondes qui noient la vacuité de leur existence dans l'alcool.
Sharon- Modérateur
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Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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