[Cohen Hadria, Victor] Les trois saisons de la rage
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notre avis:
[Cohen Hadria, Victor] Les trois saisons de la rage
Titre: Les trois saisons de la rage
Auteur: Victor Cohen Hadria
Editeur: Albin Michel
2010
458 pages
ISBN 978-2-226-21515-4
Quatrième de couverture:
"Nous sommes tous dominés par notre sexe. Pourtant, nous autres médecins, devrions être indemnes de cette gourmandise insatiable que nous constatons si bien chez les autres, mais point! Ce qui s'impose alors est si violent que l'esprit en est tout submergé".
Formidable catalogue des moeurs, croyances et turpitudes du monde rural, Les trois saisons de la rage, qui se situe dans la Normandie de Maupassant, est autant le roman d'un médecin de campagne du 19ème siècle que l'évocation universelle de ce qui est la source des conduites humaines. Tissant une foisonnante intrigue de destins, de situations, de révélations où la naïveté, le cynisme, la brutalité, l'égoïsme, l'avidité et le désir mènent la ronde, il confirme le talent de Victor Cohen Hadria, auteur des Chroniques des quatre horizons, à peindre une vision du monde impitoyable mais aussi lucide et pleine d'humanité.
Mon avis:
Ce roman est constitué de deux parties:
- tout d'abord la correspondance entre le docteur Le Coeur, médecin de campagne et le médecin-major Rochambaud.
- ensuite le journal du docteur Le Coeur de janvier à juillet 1859.
La correspondance entre les deux praticiens nous "met dans le bain". On y découvre les différences de pratiques médicales d'un docteur à l'autre; les pires travers des uns, leur cynisme, leur sentiment de supériorité qui les amènent à occulter, nier tout ressenti de leurs patients, les immenses qualités des autres, inventifs, humbles, à l'écoute des souffrances qui les entourent. Tout ceci se déroule sur fond de campagne italienne menée par l'empereur Napoléon 3.
Les échanges épistolaires des deux médecins répondent à leur désir de venir en aide à deux jeunes gens du canton de Le Coeur. Brutus Délicieux aime Louise Bayard mais pour apporter une aide financière à sa famille, il a dû remplacer à l'armée un fils de paysan plus aisé qui lui a racheté son numéro d'incorporation. Brutus et Louise se retrouvent donc séparés pour 5 longues années, mais ils ne peuvent correspondre, ne sachant ni lire ni écrire. Rochambaud et Le Coeur, émus par cette situation, se sont donc proposés comme écrivains publics pour garder le lien entre les amants mais aussi entre Brutus et sa famille.
Les médecins se trouvent ainsi plongés dans des histoires de famille sordides et malgré leur bonne volonté, ils ne peuvent que constater leur impuissance.
Dans la deuxième partie du roman, la plus longue, nous suivons le docteur Le Coeur dans son quotidien. Nous découvrons l'homme derrière le praticien. Veuf depuis quelques années, il est tiraillé entre ses besoins naturels qui l'incitent à assouvir ses désirs et son penchant pour une relation plus stable, fondée sur l'amour. Conscient de cet état de fait, il mène une véritable réflexion sur la place du sexe dans la société, et sur les relations, malsaines, entre argent, pouvoir et sexualité.
Car notre médecin de campagne est aussi un peu sociologue. Amené à cotoyer toutes les strates de la population, des prostituées aux dirigeants, il observe d'un oeil averti, établit des comparaisons et n'hésite pas à faire son choix sans souci de la condition sociale.
Le Coeur adopte par ailleurs le même comportement dans sa pratique professionnelle. Il écoute, se rend disponible mais n'hésite pas à avouer son impuissance. Il teste de nouveaux traitements tout en restant conscient du peu de moyens que la science met à sa disposition. Il ne s'interdit donc jamais, et c'est là sa principale intelligence, de faire appel aux lumières du "guérisseur" ou à celles du curé lorsqu'il n'a pas de solution à apporter.
Victor Cohen Hadria s'attache ainsi à nous dresser le portrait d'un médecin généreux, humble, courageux, en contradiction avec l'image traditionnelle du médecin de l'époque, sûr de lui, hautain, avide.
Le rythme du récit est lent, sans être ennuyeux. Il nous laisse le temps de faire connaissance de Le Coeur, de cerner sa personnalité à travers les faits qu'il nous rapporte, de nous attacher à lui.
Quant à la fin, elle résonne comme un coup de tonnerre même si avec le recul et la connaissance que l'on a acquise de la nature humaine tout au long du journal de Le Coeur, on aurait pu la prévoir...
C'est un roman profondément humain, que je vous conseille, l'ayant pour ma part adoré.
Auteur: Victor Cohen Hadria
Editeur: Albin Michel
2010
458 pages
ISBN 978-2-226-21515-4
Quatrième de couverture:
"Nous sommes tous dominés par notre sexe. Pourtant, nous autres médecins, devrions être indemnes de cette gourmandise insatiable que nous constatons si bien chez les autres, mais point! Ce qui s'impose alors est si violent que l'esprit en est tout submergé".
Formidable catalogue des moeurs, croyances et turpitudes du monde rural, Les trois saisons de la rage, qui se situe dans la Normandie de Maupassant, est autant le roman d'un médecin de campagne du 19ème siècle que l'évocation universelle de ce qui est la source des conduites humaines. Tissant une foisonnante intrigue de destins, de situations, de révélations où la naïveté, le cynisme, la brutalité, l'égoïsme, l'avidité et le désir mènent la ronde, il confirme le talent de Victor Cohen Hadria, auteur des Chroniques des quatre horizons, à peindre une vision du monde impitoyable mais aussi lucide et pleine d'humanité.
Mon avis:
Ce roman est constitué de deux parties:
- tout d'abord la correspondance entre le docteur Le Coeur, médecin de campagne et le médecin-major Rochambaud.
- ensuite le journal du docteur Le Coeur de janvier à juillet 1859.
La correspondance entre les deux praticiens nous "met dans le bain". On y découvre les différences de pratiques médicales d'un docteur à l'autre; les pires travers des uns, leur cynisme, leur sentiment de supériorité qui les amènent à occulter, nier tout ressenti de leurs patients, les immenses qualités des autres, inventifs, humbles, à l'écoute des souffrances qui les entourent. Tout ceci se déroule sur fond de campagne italienne menée par l'empereur Napoléon 3.
Les échanges épistolaires des deux médecins répondent à leur désir de venir en aide à deux jeunes gens du canton de Le Coeur. Brutus Délicieux aime Louise Bayard mais pour apporter une aide financière à sa famille, il a dû remplacer à l'armée un fils de paysan plus aisé qui lui a racheté son numéro d'incorporation. Brutus et Louise se retrouvent donc séparés pour 5 longues années, mais ils ne peuvent correspondre, ne sachant ni lire ni écrire. Rochambaud et Le Coeur, émus par cette situation, se sont donc proposés comme écrivains publics pour garder le lien entre les amants mais aussi entre Brutus et sa famille.
Les médecins se trouvent ainsi plongés dans des histoires de famille sordides et malgré leur bonne volonté, ils ne peuvent que constater leur impuissance.
Dans la deuxième partie du roman, la plus longue, nous suivons le docteur Le Coeur dans son quotidien. Nous découvrons l'homme derrière le praticien. Veuf depuis quelques années, il est tiraillé entre ses besoins naturels qui l'incitent à assouvir ses désirs et son penchant pour une relation plus stable, fondée sur l'amour. Conscient de cet état de fait, il mène une véritable réflexion sur la place du sexe dans la société, et sur les relations, malsaines, entre argent, pouvoir et sexualité.
Car notre médecin de campagne est aussi un peu sociologue. Amené à cotoyer toutes les strates de la population, des prostituées aux dirigeants, il observe d'un oeil averti, établit des comparaisons et n'hésite pas à faire son choix sans souci de la condition sociale.
Le Coeur adopte par ailleurs le même comportement dans sa pratique professionnelle. Il écoute, se rend disponible mais n'hésite pas à avouer son impuissance. Il teste de nouveaux traitements tout en restant conscient du peu de moyens que la science met à sa disposition. Il ne s'interdit donc jamais, et c'est là sa principale intelligence, de faire appel aux lumières du "guérisseur" ou à celles du curé lorsqu'il n'a pas de solution à apporter.
Victor Cohen Hadria s'attache ainsi à nous dresser le portrait d'un médecin généreux, humble, courageux, en contradiction avec l'image traditionnelle du médecin de l'époque, sûr de lui, hautain, avide.
Le rythme du récit est lent, sans être ennuyeux. Il nous laisse le temps de faire connaissance de Le Coeur, de cerner sa personnalité à travers les faits qu'il nous rapporte, de nous attacher à lui.
Quant à la fin, elle résonne comme un coup de tonnerre même si avec le recul et la connaissance que l'on a acquise de la nature humaine tout au long du journal de Le Coeur, on aurait pu la prévoir...
C'est un roman profondément humain, que je vous conseille, l'ayant pour ma part adoré.
Véronique M.- Grand sage du forum
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Nombre de messages : 1701
Age : 55
Localisation : 04
Emploi/loisirs : prof d'écoles/ lecture randonnée jeux de société, puzzles
Genre littéraire préféré : un peu de tout, romans en tous genres,biographies, essais mais pas trop la science fiction.
Date d'inscription : 12/02/2010
Re: [Cohen Hadria, Victor] Les trois saisons de la rage
Veronique M. a dit l'essentiel, c'est roman profondément humain. On suit les aventures d'un médecin de campagne par le biais, dans un premier temps d'échanges épistolaires, puis ensuite par le biais d'un journal intime quotidien.
Jean baptiste Le Coeur se penche sur les problèmes charnels inhérent à la condition humaine. Il s'occupe de ceux de ses contemporains mais aussi beaucoup des siens. Entre désirs sexuels, qui tourmentent beaucoup notre bon docteur, et faiblesses du corps face à la maladie.
Le style est de qualité, un peu plus soutenu que dans la majorité des livres sans pour autant être pompeux. C'est un très bon livre avec du fond et agréable à lire.
7/10
Jean baptiste Le Coeur se penche sur les problèmes charnels inhérent à la condition humaine. Il s'occupe de ceux de ses contemporains mais aussi beaucoup des siens. Entre désirs sexuels, qui tourmentent beaucoup notre bon docteur, et faiblesses du corps face à la maladie.
Le style est de qualité, un peu plus soutenu que dans la majorité des livres sans pour autant être pompeux. C'est un très bon livre avec du fond et agréable à lire.
7/10
Sarfre- Grand expert du forum
-
Nombre de messages : 505
Age : 49
Localisation : Metz
Emploi/loisirs : Informatique
Genre littéraire préféré : Romans classiques, contemporains; Sciences humaines; Fantasy; Policier, Thriller.
Date d'inscription : 14/01/2011
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