[Smith, Patti] Just Kids

éditions Folio
414 pages
ISBN 207045360X

Présentation de l’éditeur

C'était l'été de la mort de Coltrane, l'été de l'amour et des émeutes, quand une rencontre fortuite à Brooklyn guida deux jeunes gens dans la vie de bohème, sur la voie de l'art. Patti Smith et Robert Mapplethorpe avaient vingt ans ; elle deviendrait poète et performeuse, il serait photographe. A cette époque d'intense créativité, les univers de la poésie, du rock and roll et du sexe s'entrechoquent.
Le couple fréquente la cour d'Andy Warhol, intègre au Chelsea Hotel une communauté d'artistes et de marginaux hauts en couleur, croise Allen Ginsberg, Janis Joplin, Lou Reed. Just Kids commence comme une histoire d'amour et finit comme une élégie, brossant un inoubliable instantané du New York des années 1960-1970. Avec pudeur et émotion, Patti Smith retrace l'ascension de deux gamins inséparables qui insufflèrent la même énergie à leur vie qu'à leur art.

Artiste engagée, Patti Smith est née à Chicago en 1946. Issue d'une famille modeste, elle quitte le New Jersey pour partir travailler à New York en 1967. Elle y rencontre le photographe Robert Mapplethorpe et emménage avec lui au Chelsea Hotel. Habituée des clubs punk et rock du moment parmi lesquels le célèbre CBGB, elle crée le "Patti Smith Group". Son premier single, Hey Joe/Piss Factory paraît en 1974.
Suivront les albums Horses, Radio Ethiopia, Easter avec notamment le tube Because the Night (1978), coécrit avec Bruce Springsteen et Wave. En 1980, elle épouse Fred "Sonic" Smith (1949-1994), guitariste du groupe MC5, et met entre parenthèses sa vie d'artiste pour se consacrer à leurs deux enfants. L'album Dream of Lift (1988), conçu avec son mari, lui permet de renouer avec la scène. Elle signe alors Gone Again, Peace and Noise, Gung Ho, Land et Trampin'.
Admiratrice des textes d'Arthur Rimbaud et de William Blake dont elle donne des lectures, Patti Smith reçoit la médaille de commandeur de l'Ordre des Arts et Lettres en 2005 et entre au Rock and Roll Hall of Fame en 2007. Trois autres albums sont produits : Twelve, The Coral Sea et Outside Society.
Son récit autobiographique, just Kids (2010), a été récompensé par le National Book Award.

Mon avis

Coup de coeur pour ce livre pioché par hasard dans la bibliothèque de mes parents. Eux connaissent bien le personnage de Patti Smith et s’attendaient à trouver dans ces pages des trésors d’intelligence et de sensibilité. Ils ne furent pas déçus, et moi non plus, qui me suis immergée avec bonheur dans le New York des années 60 et 70 sur les pas de la toute jeune Patti.

Patti Smith est connue comme musicienne de rock, mais ce n’est presque pas de cela qu’elle parle dans ce livre. Elle y raconte surtout sa relation avec Robert Mapplethorpe, de leur rencontre à 19 ans, avec des projets plein la tête mais pas un dollar en poche, à la mort de Robert, décédé à 42 ans. Amants puis amis, associés dans la création d’une oeuvre associant poésie, photographie et rock&roll, ils ont (sur)vécu au coeur de la vie artistique new-yorkaise, côtoyé Andy Warhol et assisté à l’hécatombe qui emporta successivement Brian Jones, Jimmy Hendricks et Janis Joplin. Longtemps après, Patti Smith écrivit d’ailleurs des chansons en l’honneur d’autres musiciens disparus à l’âge de 27 ans, Kurt Cobain et Amy Winehouse. Malgré la présence de toutes ces figures imposantes, le récit de Patti Smith garde son cap et évite de se perdre dans des tourbillons de name-dropping.

A la veille de sa mort, Patti avait promis à Robert d’écrire leur histoire. Toute son attention est mise à reconstituer le parcours artistique du jeune couple qu’ils formaient tous les deux, avec des mots lucides, sincères, et étonnamment accessibles. Elle voulait que son livre soit facile à lire pour lui, photographe et plasticien, un homme d’images qui ne lisait pas. Elle en a donc fait une merveille de concision et d’honnêteté. Quelle autre rock star avouerait qu’elle ne savait pas accorder une guitare ?

Bref, j’ai été conquise autant par le personnage et son état d’esprit que par l’écriture - d’ailleurs, moi qui rechigne souvent à lire les auteurs anglophones en traduction, j’ai beaucoup apprécié celle d’Héloïse Esquié. Je laisse enfin la parole à Patti pour conclure :

« Ma route m’a menée au rock’n’roll, mais avant il y a eu Robert. Je voulais aussi écrire un livre sur la loyauté, la découverte de soi, que ce soit à travers la poésie, le rock ou la photographie. Et que cela inspire d’autres générations. Car même si Robert est mort jeune, du sida, il n’était pas autodestructeur. Nous voulions tous les deux vivre. »

Très intéressée par ce bouquin, merci Algue