[McCarthy, Ava] L'ennemi intime

L’actualité de Juin 2010, avec le jeune hacker de Clermont-Ferrand ayant infiltré le compte Twitter de Barak Obama, nous a démontré, si besoin était, que le piratage informatique peut commencer dès l’adolescence et que les jeunes se laissent prendre à l’impression de toute puissance que leur procure cette espèce de jeu vidéo grandeur nature lorsqu’ils se « branchent » sur internet.

Ici, c’est une jeune femme, Harry, qui dès ses treize ans, va expérimenter les différentes méthodes de social engineering, pour attaquer les nombreux réseaux informatiques à sa portée grâce à internet.

Voyant cela, au lieu de la disputer et de lui remettre les idées en place, son père va l’initier au poker, où l’art du bluff tient une grande place. Son esprit, éveillé par toutes les manipulations sur ordinateurs, va parfaitement adhérer à l’art de ce jeu de cartes, assorti de jetons, de mises, de logique mathématique.

On la retrouvera quelques années plus tard, poursuivie, harcelée par ceux qui n’auront de cesse de récupérer l’argent que son père a, supposent-ils, détourné et caché.

Ce roman évolue dans un univers de banquiers, de transactions financières, de sécurité informatique.
Quelques éléments intéressants, au niveau de la réflexion sur les grandes entreprises, sont glissés. Par exemple, la construction des @dresses ou des numéros de téléphone des services internes, le raisonnement de Harry est limpide.
On s’aperçoit, à travers les démarches de Harry, qu’il n’est peut-être pas si difficile de trouver des failles dans le système. Ces méthodes semblent assez logiques et donneraient presque envie d’essayer (j’ai dit « presque », on est d’accord ? Moi, je reste à ma place…).

Cinquante cinq chapitres et beaucoup de dialogues vont donner du rythme aux pages qui s’enchaînent très rapidement. L’écriture est nerveuse, sans fioriture inutile, à l’image de l’héroïne qui va droit au but le plus souvent.
Harry va devoir déjouer les pièges tendus, essayer de deviner « le jeu » (comme au poker) de ceux qui sont en face, qui est de son côté, qui est contre elle ? A qui peut-elle se fier ? Rien n’est facile, rien n’est simple, les piratages informatiques ne peuvent-ils pas se retourner contre elle ?
Les personnages secondaires sont bien « campés » et les événements décrits, suffisamment clairs, pour ne pas nous perdre dans un labyrinthe inutile (méfiez vous des labyrinthes … comprenne qui lira le livre ….).

On pourrait reprocher à Ava McCarthy de ne pas avoir trop approfondi la psychologie de ses personnages, de ne pas avoir assez abordé les grandes questions que soulève ce genre de roman, entre autres sur la place de l’éthique mais, je le rappelle, il s’agit d’un premier opus, elle a donc la possibilité de se « bonifier »….
Elle aurait pu, aussi, détailler la relation de Harry avec sa famille, la place du père et de la mère dans son cursus. C’est abordé mais pas assez « fouillé » à mon sens.
Il y a, malgré tout, quelques informations intéressantes. Sachant qu’elle vient d’écrire un second livre, avec la même protagoniste, on peut comprendre que les détails seront distillés petit à petit.

En tout cas, on voit qu’elle sait de quoi elle parle, elle a travaillé à la bourse de Londres pendant six ans et ses sources dans ce domaine, sont précises.

Un premier roman de bonne facture, à lire tranquillement, qui ne demande pas une concentration énorme mais qui est loin d’être « vide » de contenu et de sens.
Un auteur à découvrir ….