[O’Leary, Beth] Échange loft londonien contre cottage bucolique
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[O’Leary, Beth] Échange loft londonien contre cottage bucolique
Échange loft londonien contre cottage bucolique (The Switch)
Auteur : Beth O’Leary
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Karine Xaragai
Éditions : Hugo Roman (12 Mai 2021)
ISBN : 9782755687859
337 pages
Quatrième de couverture
Leena Cotton est épuisée. Ce n'est pas elle qui le pense, c'est son corps qui le lui dit. Pour la peine, son employeur lui impose deux mois de congés. Elle aurait encore préféré mourir de surmenage que d'ennui...
Eileen Cotton a pris une décision : puisque son époux de toute une vie l'a quittée du jour au lendemain, elle a désormais le droit de vivre pour elle-même.
Un problème ? Une solution ! La grand-mère et la petite-fille n'ont qu'à échanger leurs vies.
Mon avis
Burn out … on se dit que c’est pour les autres, parce que nous, on tient le coup, on fait face, on y arrive…. Jusqu’au jour où…
C’est ce qui tombe, d’un coup, sur les épaules de Leena. Un deuil l’a touchée, elle s’est mise en mode « carapace », se noyant dans le travail, mettant toute son énergie pour réussir, faire du bon boulot, s’oubliant par la même occasion. Et un jour, pendant une présentation, elle craque, elle est à bout…. Et c’est la catastrophe, le genre de situation qui fait tout rater, qui fait perdre un contrat…. Sa supérieure lui impose deux mois de vacances obligatoires. Vacances ? Elle ne sait même plus ce que signifie ce mot tant cela fait longtemps qu’elle n’en a pas pris. Elle vit très mal l’idée de s’arrêter mais elle n’a pas le choix… Alors, peut-être quitter Londres et aller dans un petit village du Yorkshire où vivent sa mère (avec qui les relations sont tendues) et sa grand-mère ?
Justement, Eileen, sa mamie ne va pas bien. Son époux l’a abandonnée et elle se sent un peu perdue. Ce n’est pas l’homme en lui-même qui lui manque, mais l’idée d’un mari. Quelqu’un sur qui on peut compter, qui est là, qui accompagne le quotidien. Mais Eileen pense qu’il faut réagir, aller de l’avant et elle s’en donne les moyens. Elle est attachante cette vieille dame, qui remplit un « carnet à projets » avec des profils de voisins pour évaluer les possibilités de « et plus si affinité ». Elle m’a bien amusée
.
L’aïeule et sa petite-fille ont toutes les deux besoin de se poser, de prendre du recul, de prendre soin d’elles, de mettre les choses à plat et de voir où tout cela les mènera. Alors une idée leur vient. Pendant ces soixante jours d’arrêt forcé pour l’une, elles vont échanger leur vie, leur logement etc. C’est un moyen comme un autre d’essayer d’y voir clair, de sortir de leur zone de confort, de prendre des risques, de découvrir un environnement totalement à l’opposé de leurs habitudes, en décalage avec ce qu’elles connaissent donc très déstabilisant. La grande ville où tout bouge et va trop vite pour la mamie, la bourgade avec ses « gens d’un âge », parfois un peu lents (parce qu’ils ont le temps ?), qui observent (surveillent ?), qui organisent des animations, etc où Leena va se retrouver à prendre en charge tout ce que faisait Eileen …. L’occasion, pour chacune, d’une remise en question et peut-être de « guérir »…
Ce récit est empli d’émotion, de délicatesse, de tendresse, de douceur, et il ne manque pas d’humour non plus … Quelques fois, on sent venir les choses, mais ça n’a aucune importance. L’essentiel est ailleurs, dans ces vies (et pas seulement celles des deux personnages principaux) qui décident de choisir, de ne plus se laisser manipuler, de vivre « ici et maintenant » chaque instant en conscience. Chacune (car il s’agit surtout de portraits de femmes) des protagonistes chemine à son rythme, vers la résilience si nécessaire, pour être en harmonie, en équilibre avec ses valeurs personnelles.
L’air de rien, sous des dehors « Feel Good », ce recueil aborde des thématiques intéressantes. Les réactions face au deuil, avec le chagrin qui fait fuir, qui coupe le dialogue, qui modifie les relations familiales… la pression au travail, avec le rendement obligatoire… les rapports entre voisins, dans les couples, les choix de vie qu’on subit en fonction du contexte et une fois qu’on est dedans ….
Les chapitres nous présentent, en alternance, les deux femmes avec des lieux, des personnes, des activités, à apprivoiser, à connaître … L’écriture (merci à la traductrice) est délicieuse, l’atmosphère, anglaise, avec les scones, le thé, est bienveillante. J’ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture qui sous une apparence légère, nous pousse à réfléchir sans pour autant tomber dans la prise de tête.
Dernière édition par Cassiopée le Mer 12 Mai 2021 - 12:17, édité 1 fois
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Cassiopée- Admin
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Re: [O’Leary, Beth] Échange loft londonien contre cottage bucolique
Merci Cassiopée pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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Re: [O’Leary, Beth] Échange loft londonien contre cottage bucolique
Mon avis :
Voici encore un livre que l'on peut ranger dans la catégorie « romance, mais pas que ». Nous avons bien tous les ingrédients d'une romance, avec un happy end à la fin (pour ne pas dire plusieurs), cependant d'autres thèmes sont abordés, que l'on ne retrouvait pas forcément dans les anciennes romances.
Tout d'abord posons le cadre. Leena est au bord du craquage professionnel, pour ne pas dire qu'elle est en train de craquer, et c'est ce qui se passe. Sa chef lui impose deux mois de vacances, deux mois de pause pour qu'elle puisse récupérer. Or, pour Leena, c'est un choc. Elle ne vit que par et pour son travail. Certes, elle a un compagnon, tout aussi accro au travail qu'elle, mais le travail est devenu pour elle sa raison de vivre depuis la mort de sa soeur cadette Carla, d'un cancer, un an plus tôt. Depuis, elle a coupé les ponts avec sa mère. Elle a gardé des liens très fort avec Eileen, sa grand-mère, et c'est d'elle que viendra l'impulsion pour le changement. Eileen a toujours rêvé de vivre à Londres, elle propose donc à sa petite-fille d'échanger leur logement. A l'une le cottage bucolique. A l'autre le loft londonien et, qui sait ? La possibilité de faire des rencontres. ce n'est pas dans son petit village du Yorkshire qu'elle pense faire des rencontres, puisqu'elle connaît déjà tout le monde, de son irascible voisin au docteur, charmant au demeurant.
Vivre à la campagne et accomplir toutes les tâches que faisait sa grand-mère dans le village ne sera pas facile pour Leena. Découvrir la vie londonienne trépidante ne le sera pas non plus pour Eileen. Cet échange permet d'abord des rencontres entre personnes de génération différente, à la condition qu'elles soient ouvertes d'esprit. C'est le cas des colocataires de Leena. C'est un peu plus difficile pour les voisins d'Eileen. Cependant, faire de son mieux et ne pas se laisser aller à avoir des préjugés permettent de rompre la glace très vite. Oser aussi est très important, oser aller vers les autres, leur parler, être à l'écoute, proposer son aide, même si elle n'est pas accepté, même si elle ne sera peut-être jamais acceptée. Cela demande de prendre du temps, de prendre son temps pour les autres, et ne pas se cacher derrière des prétextes. Plus facile à dire, à écrire, qu'à faire.
J'en viens aux thèmes abordés dans ce roman, qui ne le sont pas si souvent dans la romance. le premier, c'est le deuil d'un être plus jeune que vous, ces personnes dont on se dit qu'elle n'aurait pas dû partir si tôt. Leena n'accepte pas que sa soeur ne se soit pas davantage battue pour guérir. J'ouvre une parenthèse : il est très courant de nos jours de dire, de penser qu'il suffit de « se battre », d'être « positif », de le vouloir pour guérir. Cela véhicule l'idée très dangereuse à mes yeux que si l'on ne guérit pas, c'est qu'on ne le mérite pas. C'est ne pas laisser aux malades le droit de se plaindre, le droit de dire que les traitements sont insupportables et que, s'ils les endurent, c'est parce qu'ils espèrent guérir. Qu'on ne leur demande pas davantage. Je regrette aussi qu'on nous présente toujours, dans les séries surtout, des protocoles miraculeux qui permettent de guérir le malade en trois coups de cuillère à pot. Fin de la parenthèse. La mort de Carla a mis en miettes sa soeur, sa mère, sa grand-mère, et chacune fait comme elle peut. La colère de Leena est une des étapes du deuil, que chacun vit comme il peut.
Le second thème est lié au premier. Qu'est-ce qu'une femme est prête à accepter pour conserver un homme à ses côtés ? Pour certaines, la réponse est simple : tout, tant que son mari reste avec elle. Rompre, divorcer, hors de question. Il faut rester mariées, ou rester en couple parce que c'est comme ça, un point c'est tout, parce qu'il vaut mieux être mal accompagnées que seules. Cela peut paraître une réflexion des années 50, 60. C'est encore valable de nos jours, pour des femmes qui se raccrochent à des points positifs, des qualités de leurs conjoints, qualités qui ont pu exister à une époque, et qui, bizarrement, se sont très vite envolées. Avoir le courage de dire : « stop, je veux une vrai relation, non vivre à côté de quelqu'un », c'est important aussi.
Voici encore un livre que l'on peut ranger dans la catégorie « romance, mais pas que ». Nous avons bien tous les ingrédients d'une romance, avec un happy end à la fin (pour ne pas dire plusieurs), cependant d'autres thèmes sont abordés, que l'on ne retrouvait pas forcément dans les anciennes romances.
Tout d'abord posons le cadre. Leena est au bord du craquage professionnel, pour ne pas dire qu'elle est en train de craquer, et c'est ce qui se passe. Sa chef lui impose deux mois de vacances, deux mois de pause pour qu'elle puisse récupérer. Or, pour Leena, c'est un choc. Elle ne vit que par et pour son travail. Certes, elle a un compagnon, tout aussi accro au travail qu'elle, mais le travail est devenu pour elle sa raison de vivre depuis la mort de sa soeur cadette Carla, d'un cancer, un an plus tôt. Depuis, elle a coupé les ponts avec sa mère. Elle a gardé des liens très fort avec Eileen, sa grand-mère, et c'est d'elle que viendra l'impulsion pour le changement. Eileen a toujours rêvé de vivre à Londres, elle propose donc à sa petite-fille d'échanger leur logement. A l'une le cottage bucolique. A l'autre le loft londonien et, qui sait ? La possibilité de faire des rencontres. ce n'est pas dans son petit village du Yorkshire qu'elle pense faire des rencontres, puisqu'elle connaît déjà tout le monde, de son irascible voisin au docteur, charmant au demeurant.
Vivre à la campagne et accomplir toutes les tâches que faisait sa grand-mère dans le village ne sera pas facile pour Leena. Découvrir la vie londonienne trépidante ne le sera pas non plus pour Eileen. Cet échange permet d'abord des rencontres entre personnes de génération différente, à la condition qu'elles soient ouvertes d'esprit. C'est le cas des colocataires de Leena. C'est un peu plus difficile pour les voisins d'Eileen. Cependant, faire de son mieux et ne pas se laisser aller à avoir des préjugés permettent de rompre la glace très vite. Oser aussi est très important, oser aller vers les autres, leur parler, être à l'écoute, proposer son aide, même si elle n'est pas accepté, même si elle ne sera peut-être jamais acceptée. Cela demande de prendre du temps, de prendre son temps pour les autres, et ne pas se cacher derrière des prétextes. Plus facile à dire, à écrire, qu'à faire.
J'en viens aux thèmes abordés dans ce roman, qui ne le sont pas si souvent dans la romance. le premier, c'est le deuil d'un être plus jeune que vous, ces personnes dont on se dit qu'elle n'aurait pas dû partir si tôt. Leena n'accepte pas que sa soeur ne se soit pas davantage battue pour guérir. J'ouvre une parenthèse : il est très courant de nos jours de dire, de penser qu'il suffit de « se battre », d'être « positif », de le vouloir pour guérir. Cela véhicule l'idée très dangereuse à mes yeux que si l'on ne guérit pas, c'est qu'on ne le mérite pas. C'est ne pas laisser aux malades le droit de se plaindre, le droit de dire que les traitements sont insupportables et que, s'ils les endurent, c'est parce qu'ils espèrent guérir. Qu'on ne leur demande pas davantage. Je regrette aussi qu'on nous présente toujours, dans les séries surtout, des protocoles miraculeux qui permettent de guérir le malade en trois coups de cuillère à pot. Fin de la parenthèse. La mort de Carla a mis en miettes sa soeur, sa mère, sa grand-mère, et chacune fait comme elle peut. La colère de Leena est une des étapes du deuil, que chacun vit comme il peut.
Le second thème est lié au premier. Qu'est-ce qu'une femme est prête à accepter pour conserver un homme à ses côtés ? Pour certaines, la réponse est simple : tout, tant que son mari reste avec elle. Rompre, divorcer, hors de question. Il faut rester mariées, ou rester en couple parce que c'est comme ça, un point c'est tout, parce qu'il vaut mieux être mal accompagnées que seules. Cela peut paraître une réflexion des années 50, 60. C'est encore valable de nos jours, pour des femmes qui se raccrochent à des points positifs, des qualités de leurs conjoints, qualités qui ont pu exister à une époque, et qui, bizarrement, se sont très vite envolées. Avoir le courage de dire : « stop, je veux une vrai relation, non vivre à côté de quelqu'un », c'est important aussi.
Sharon- Modérateur
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