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[Sinno, Neige] Triste tigre

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Message par Cannetille Ven 6 Oct 2023 - 10:04

[Sinno, Neige] Triste tigre Triste11

Titre : Triste tigre
Auteur : Neige SINNO
Parution : 2023 (P.O.L.)
Pages : 288


Présentation de l'éditeur :
« Il disait qu’il m’aimait. Il disait que c’est pour pouvoir exprimer cet amour qu’il me faisait ce qu’il me faisait, il disait que son souhait le plus cher était que je l’aime en retour. Il disait que s’il avait commencé à s’approcher de moi de cette manière, à me toucher, me caresser c’est parce qu’il avait besoin d’un contact plus étroit avec moi, parce que je refusais de me montrer douce, parce que je ne lui disais pas que je l’aimais. Ensuite, il me punissait de mon indifférence à son égard par des actes sexuels. »

Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, au terme d’un procès, à neuf ans de réclusion. Des années plus tard, Neige Sinno livre un récit déchirant sur ce qui lui est arrivé. Sans pathos, sans plainte. Elle tente de dégoupiller littéralement ce qu’elle appelle sa « petite bombe ». Il ne s’agit pas seulement de l’histoire glaçante que le texte raconte, son histoire, une enfant soumise à des viols systématiques par un adulte qui aurait dû la protéger. Il s’agit aussi de la manière dont fonctionne ce texte, qui nous entraîne dans une réflexion sensible, intelligente, et d’une sincérité tranchante. Ce livre est un récit confession qui porte autant sur les faits et leur impossible explication que sur la possibilité de les dire, de les entendre. C’est une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour se raconter, la narratrice doit interroger d’autres textes, d’autres histoires. Elle nous entraîne dans une relecture radicale de Lolita de Nabokov, ou de Virginia Woolf, et de nombreux autres textes sur l’inceste et le viol (Toni Morrison, Christine Angot, Virginie Despentes). Comment raconter le « monstre », « ce qui se passe dans la tête du bourreau », ne pas se contenter du point de vue de la victime ? Jusqu’à reprendre la question que le poète William Blake adressait au Tigre : « Comment Celui qui créa l’Agneau a-t-il pu te créer ? » (The Tyger). Le récit de Neige Sinno nous fait alors entrer dans la communauté de celles et ceux qui ont connu « l’autre lieu », celui de la nuit et du mal, qui ont pu s’en extraire mais qui en sont à jamais marqués, et se tiennent ainsi à la frontière des ténèbres et du jour. Nulle résilience. Aucun oubli ni pardon. Juste tenter de tenir debout, écrire son récit comme une « petite bombe artisanale qu’on fait exploser tout seul chez soi, dans l’intimité de la lecture. Elle a l’intensité et la fragilité des choses conçues dans la solitude et la colère. Elle en a aussi la folle et ridicule ambition, qui est de faire voler ce monde en éclats. »


Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Neige Sinno est née en 1977 dans les Hautes-Alpes et vit aujourd’hui au Mexique.


Avis :  
Lorsque son beau-père surgit dans sa vie en 1983, Neige Sinno a sept ans et lui vingt-quatre. Elle a déjà une sœur et cette seconde union de sa mère ajoutera bientôt deux demi-frères et sœurs à la fratrie. La famille entame une existence bohème et précaire, dans une maison de Briançon transformée en campement par d’interminables travaux de restauration. Pour elle commence aussi le long calvaire de viols répétés pendant des années, jusqu’à ce qu’à l’adolescence, elle puisse enfin prendre le large. Elle ne sortira du silence qu’à ses vingt-et-un ans, lorsqu’elle se résoudra à porter plainte. Condamné après ses aveux à neuf ans de prison, le beau-père n’en fera que cinq - « Prisonnier modèle, remise de peine. C'est classique avec les délinquants sexuels. Ils sont les bons élèves de la prison. » - et refera alors sa vie, avec une nouvelle femme dont il aura quatre autres enfants.

A jamais marquée, contrairement à lui, par ses blessures de survivante, l’auteur vit aujourd’hui au Mexique. Elle qui se méfie des livres qui ont des sujets et qui ne croit pas au pouvoir thérapeutique de l’écriture, elle qui n’est qu’incertitude face à son projet – « j’ai peur que la seule chose qui m’arrive avec ce livre soit d’être invitée à des émissions de radio sur l’inceste, où l’on me demandera de résumer dans un langage encore plus simple que celui du ­livre ce qui y est dit afin que les auditeurs distraits et blasés n’aient pas à faire l’effort de le lire. » « Je ne souhaite pas qu’il ait beaucoup de lecteurs. Car ce serait une façon d’exister dans la littérature non pas par mon écriture mais par mon sujet, ce qui a toujours été ma hantise. Et surtout ce sujet-là, que je n’ai pas choisi, ni voulu, ni créé. Exister à mon tour par le biais de quelque chose que je n’ai pas fait mais qu’on m’a fait. Quel cauchemar. » – a pourtant passé vingt ans à la rédaction de cet ouvrage, disséquant compulsivement ces années à subir l’inceste, les attaquant sous tous les angles en un précipité de brefs chapitres, à l’écriture à l’os, nette et percutante, ses tâtonnements irrépressibles autour des gouffres ouverts dans sa vie et dans son être finissant par construire, non pas seulement un témoignage frappant, mais un texte hanté, débordant d’interrogations profondes, d’analyses et de réflexions qui en font définitivement un livre remarquable, d’ailleurs déjà couronné du prix « Le Monde » et dans la sélection du Goncourt.

Alors pourquoi écrire ? Pourquoi parler même ? « Il faut être prêt à perdre beaucoup de choses quand on décide de parler. On perd sa famille, c’est évident, on perd son village aussi, on perd son enfance, ses souvenirs d’enfance, ses illusions d’enfance. On gagne quoi en échange ? Je ne sais pas. On gagne la vérité, mais c’est quoi la vérité, exactement, je ne saurais le dire. » Intitulée « Portraits », la première partie s’essaye à peindre le violeur, constate son impuissance à le cerner objectivement – « évidemment, c’est impossible parce que c’est lui » –, tente alors le portrait de l’enfant, tout aussi irréalisable tant il renvoie de manière lancinante aux questions de l’innocence et du consentement, mais surtout parce qu’il n’existe plus, irrémédiablement, qu’au travers du regard et du désir de l’agresseur. « La domination sexuelle est une forme de soumission qui atteint les fondements mêmes de l’être. » « Les conséquences du viol (…) affectent depuis la faculté de respirer jusqu’à celle de s’adresser aux autres, de manger, de se laver, de regarder des images, de dessiner, de parler ou de se taire, de percevoir sa propre existence comme une réalité, de se souvenir, d’apprendre, de penser, d’habiter son corps et sa vie, de se sentir capable de simplement être. » « Tout mon caractère, c’est lui qui l’a fait. » « Je suis comme ci et comme ça, et tous ces ci et ça dérivent directement de l’enfance que j’ai eue. J’ai du mal à être sûre que j’existe. » « La victime existe en tant que véhicule qui portera, toute son existence, la trace du viol. Abîmés pour la vie. Abîmés, abîmées, cernés par des abîmes. Damaged for life. Ce livre lui donne encore raison. » Se constatant aussi incapable de trouver l’issue qu’un insecte se heurtant indéfiniment à la vitre invisible qui bloque son envol, le texte s’engage alors dans une seconde partie, « Fantômes », ou comment vivre avec le trauma, refaire sa vie peut-être, loin sans doute, en parler à sa propre fille aussi, en somme, et même si « On ne peut pas se relever et se défaire de quelque chose qui nous constitue à ce point », puisque « Le monde entier est perçu à travers ce filtre. Pour celui qui n’a connu que cela, c’est depuis l’oppression que tout s’organise. Il n’existe pas un soi non-dominé, un équilibre auquel on pourrait retourner une fois la violence terminée », tenter quand même de réfléchir à « ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous », le tout en convoquant les textes d’autres auteurs – Vladimir Nabokov, Virginia Woolf, Camille Kouchner, Emmanuel Carrère… –, les sciences sociales et des avis d’experts.

Comment refermer ce livre autrement que dans un silence pétrifié, comment le commenter quand seuls les mots de l’auteur méritent d’être entendus dans leur parfaite et impressionnante justesse ? Un livre-choc jusque dans sa sobriété, précis, lucide, intelligent. Un livre-combat, où l’auteur se collette aussi bien avec elle-même qu’avec le silence, question non pas tant de survie et de reconstruction, mais d’existence tout court. Très grand coup de coeur. (5/5)
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