[McEwan, Ian] Leçons
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[McEwan, Ian] Leçons
[McEwan, Ian] Leçons
[McEwan, Ian]
Leçons
Editions Gallimard septembre 2023
647 pages
Quatrième de couverture
Alors que la menace de Tchernobyl plane sur l'Europe, la vie londonienne de l'aspirant poète Roland Baines se fissure soudainement. Peu après la naissance de leur fils, son épouse l'abandonne pour se consacrer à l'écriture de son roman, plutôt qu'à son rôle de mère. Commence alors pour Roland une trépidante exploration de son passé afin de remonter aux prémices d'un tel échec. Par bribes se dévoilent ses premières années vécues en Libye auprès d'un père tyrannique. Puis son arrivée forcée en Angleterre en 1962 où il rejoint un pensionnat austère à l'âge de douze ans. Là débutent de curieuses leçons de piano, avec sa très sévère et follement lubrique professeure, Miriam Cornell. Roland prend ensuite le large vers l'Allemagne, puis il tombe amoureux d'Alissa qui partage son goût pour la littérature. Les années passent, le monde dysfonctionne toujours davantage, et Roland ne parvient jamais à reprendre sa vie en main ni à en tirer de leçons. Et si retrouver son ancienne professeure de piano pouvait le libérer ? Roman ambitieux au souffle impressionnant, Leçons raconte la grande épopée d'une vie faite de rêves abîmés. L'intime se mêle ici magistralement à la grande Histoire, dépeinte brillamment par Ian McEwan qui nous offre un antihéros au charme irrésistible et une réflexion passionnante sur la vocation artistique.
Mon avis
C’est la vie entière de Roland mêlée à celle de nombreux personnages dont les points de vue divergent, et leur intimité s’entrecroise avec leur conscience historique que l’auteur manie avec habilité. Resté seul avec son fils, Roland ne parvient pas à devenir un poète reconnu ou un pianiste célèbre alors qu’il prend des leçons avec une professeur de piano qui aime le petit garçon de huit ans à un point tel qu’elle en fait son jeune amant, au fil des années, Roland enchaînera des liaisons passagères, jouera du jazz dans des bars d’hôtel et écrira des articles dans la presse, bref à son humble avis il accumule les échecs et se sent éternellement insatisfait. Le temps passe et beaucoup d’évènements historiques défilent tels que Tchernobyl, la chute du mur de Berlin, les années Tchatcher, l’invasion du Capitol et il est même question du Covid. Le temps passe, mais malgré ses échecs, rend Roland sympathique et attachant, On suit sa vie chaotique grâce à des pages passionnantes sur la vocation de chacun, avec des personnages féminins, on suit le déroulement de l’histoire, grâce à une atmosphère douce et une écriture fluide et subtile, très agréable à lire…5/5
Leçons
Editions Gallimard septembre 2023
647 pages
Quatrième de couverture
Alors que la menace de Tchernobyl plane sur l'Europe, la vie londonienne de l'aspirant poète Roland Baines se fissure soudainement. Peu après la naissance de leur fils, son épouse l'abandonne pour se consacrer à l'écriture de son roman, plutôt qu'à son rôle de mère. Commence alors pour Roland une trépidante exploration de son passé afin de remonter aux prémices d'un tel échec. Par bribes se dévoilent ses premières années vécues en Libye auprès d'un père tyrannique. Puis son arrivée forcée en Angleterre en 1962 où il rejoint un pensionnat austère à l'âge de douze ans. Là débutent de curieuses leçons de piano, avec sa très sévère et follement lubrique professeure, Miriam Cornell. Roland prend ensuite le large vers l'Allemagne, puis il tombe amoureux d'Alissa qui partage son goût pour la littérature. Les années passent, le monde dysfonctionne toujours davantage, et Roland ne parvient jamais à reprendre sa vie en main ni à en tirer de leçons. Et si retrouver son ancienne professeure de piano pouvait le libérer ? Roman ambitieux au souffle impressionnant, Leçons raconte la grande épopée d'une vie faite de rêves abîmés. L'intime se mêle ici magistralement à la grande Histoire, dépeinte brillamment par Ian McEwan qui nous offre un antihéros au charme irrésistible et une réflexion passionnante sur la vocation artistique.
Mon avis
C’est la vie entière de Roland mêlée à celle de nombreux personnages dont les points de vue divergent, et leur intimité s’entrecroise avec leur conscience historique que l’auteur manie avec habilité. Resté seul avec son fils, Roland ne parvient pas à devenir un poète reconnu ou un pianiste célèbre alors qu’il prend des leçons avec une professeur de piano qui aime le petit garçon de huit ans à un point tel qu’elle en fait son jeune amant, au fil des années, Roland enchaînera des liaisons passagères, jouera du jazz dans des bars d’hôtel et écrira des articles dans la presse, bref à son humble avis il accumule les échecs et se sent éternellement insatisfait. Le temps passe et beaucoup d’évènements historiques défilent tels que Tchernobyl, la chute du mur de Berlin, les années Tchatcher, l’invasion du Capitol et il est même question du Covid. Le temps passe, mais malgré ses échecs, rend Roland sympathique et attachant, On suit sa vie chaotique grâce à des pages passionnantes sur la vocation de chacun, avec des personnages féminins, on suit le déroulement de l’histoire, grâce à une atmosphère douce et une écriture fluide et subtile, très agréable à lire…5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Emploi/loisirs : jardinage,lecture
Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
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Re: [McEwan, Ian] Leçons
Qu’est-ce qui fait une vie ? Tous les destins sont le produit de circonstances, « événements et accidents, personnels et mondiaux, minuscules et capitaux » , qui nous lancent sur un chemin plutôt qu’un autre. « Le monde se divise à chaque instant concevable en une infinitude de possibilités invisibles. » Et si, « tous ces itinéraires qui n’[ont] pas été empruntés », l’on jouait le temps d’un livre à les imaginer « encore présents et praticables » ?
C’est un peu l’aventure dans laquelle, avec génie et humour, Ian McEwan s’est lancé en imaginant une sorte d’envers, à la fois à sa propre histoire et au point de vue habituel de la société, au travers des mémoires d’un homme, non seulement passé à côté de sa vocation artistique, mais aussi abusé par une femme pendant l’adolescence, puis abandonné avec un bébé sur les bras par une autre, prête à tous les sacrifices pour le bien de sa carrière littéraire. Et toujours, infléchissant le destin de ses doubles de fiction, le poids de l’Histoire, avec ses hauts et ses bas plus ou moins visibles sur l’instant, mais qui n’en tissent pas moins l’inextricable toile d’araignée dans laquelle tous tentent avec plus ou moins de bonheur de tracer leur chemin.
Lorsque s’ouvre le récit, Roland Baines, trente-sept ans et vivotant de ses petits métiers, se retrouve seul avec Lawrence, son fils âgé de six mois. Alissa vient de les abandonner tous deux, avec pour seule explication qu’elle s’était trompée de vie. Pour Roland commence une longue rumination de ses échecs, lui dont l’existence, sautée brutalement, comme celle de l’auteur, de Tripoli où son père, officier écossais de l’armée britannique, était en poste, à un pensionnat britannique, fut comme « reprogrammée » à partir de ses onze ans par l’influence d’un professeur. Si, dans la vie réelle, ce « professeur extraordinaire » transmit à Ian McEwan le feu sacré de la littérature, geste essentiel dans le parcours du futur écrivain, le rôle est tenu dans le roman par une professeur de piano, autoritaire et possessive, qui, éprise de l’adolescent plus encore que de ses réels talents musicaux, le tiendra sous son emprise sexuelle entre ses quatorze et seize ans. Une expérience – en ces années 1970 où d’aucuns défendaient la pédophilie au nom de la liberté sexuelle – qui devait secrètement, mais irrémédiablement, bouleverser sa future vie sentimentale, lui interdisant longtemps le bonheur, mais aussi mettre un terme à ses études et gâcher son avenir artistique. Ainsi réduit à la précarité, seul et sans formation, c’est lui qui, plus tard, se retrouvera empêché, comme les filles-mères autrefois, par une paternité célibataire dans des conditions économiques difficiles.
On le voit, l’ironie n’est pas exempte de ce récit d’une réalité parallèle, produit d’événements aussi fortuits que celle vécue en vrai par l’auteur, que la narration s’emploie à malaxer avec les mêmes ingrédients historiques. Fait des mille riens – et pourtant – d’une existence anonyme, ce récit de toute une vie est aussi, avec un naturel incroyable d’aisance, de précision et de clairvoyance, une fresque, ample et ambitieuse, retraçant cent ans d’évolution de la société britannique en particulier, du monde en général. Des étudiants antinazis de la Rose Blanche éliminés par le régime hitlérien au temps du père allemand d’Alissa à la chute du mur de Berlin en passant par la crise des missiles à Cuba ou encore par le nuage de Tchernobyl, des excès du libéralisme thatchérien au Brexit mais aussi, plus largement, à la prise de conscience de la vulnérabilité de la planète, tous les baby-boomers retrouveront en ces pages l’écrin historique de leur propre parcours de vie.
S’il est ici question de leçons, ce n’est sûrement pas de vie, alors que, balle dans le flipper de la vie, chacun pourra, comme l’auteur et ses personnages, entre ironie, tendresse et nostalgie, calquer son propre itinéraire sur la vitre de l’Histoire, mais, sans conteste, de génie littéraire, confirmant, s’il en était besoin, la place de choix occupée par Ian McEwan dans le paysage littéraire britannique et mondial. Coup de coeur. (5/5)
C’est un peu l’aventure dans laquelle, avec génie et humour, Ian McEwan s’est lancé en imaginant une sorte d’envers, à la fois à sa propre histoire et au point de vue habituel de la société, au travers des mémoires d’un homme, non seulement passé à côté de sa vocation artistique, mais aussi abusé par une femme pendant l’adolescence, puis abandonné avec un bébé sur les bras par une autre, prête à tous les sacrifices pour le bien de sa carrière littéraire. Et toujours, infléchissant le destin de ses doubles de fiction, le poids de l’Histoire, avec ses hauts et ses bas plus ou moins visibles sur l’instant, mais qui n’en tissent pas moins l’inextricable toile d’araignée dans laquelle tous tentent avec plus ou moins de bonheur de tracer leur chemin.
Lorsque s’ouvre le récit, Roland Baines, trente-sept ans et vivotant de ses petits métiers, se retrouve seul avec Lawrence, son fils âgé de six mois. Alissa vient de les abandonner tous deux, avec pour seule explication qu’elle s’était trompée de vie. Pour Roland commence une longue rumination de ses échecs, lui dont l’existence, sautée brutalement, comme celle de l’auteur, de Tripoli où son père, officier écossais de l’armée britannique, était en poste, à un pensionnat britannique, fut comme « reprogrammée » à partir de ses onze ans par l’influence d’un professeur. Si, dans la vie réelle, ce « professeur extraordinaire » transmit à Ian McEwan le feu sacré de la littérature, geste essentiel dans le parcours du futur écrivain, le rôle est tenu dans le roman par une professeur de piano, autoritaire et possessive, qui, éprise de l’adolescent plus encore que de ses réels talents musicaux, le tiendra sous son emprise sexuelle entre ses quatorze et seize ans. Une expérience – en ces années 1970 où d’aucuns défendaient la pédophilie au nom de la liberté sexuelle – qui devait secrètement, mais irrémédiablement, bouleverser sa future vie sentimentale, lui interdisant longtemps le bonheur, mais aussi mettre un terme à ses études et gâcher son avenir artistique. Ainsi réduit à la précarité, seul et sans formation, c’est lui qui, plus tard, se retrouvera empêché, comme les filles-mères autrefois, par une paternité célibataire dans des conditions économiques difficiles.
On le voit, l’ironie n’est pas exempte de ce récit d’une réalité parallèle, produit d’événements aussi fortuits que celle vécue en vrai par l’auteur, que la narration s’emploie à malaxer avec les mêmes ingrédients historiques. Fait des mille riens – et pourtant – d’une existence anonyme, ce récit de toute une vie est aussi, avec un naturel incroyable d’aisance, de précision et de clairvoyance, une fresque, ample et ambitieuse, retraçant cent ans d’évolution de la société britannique en particulier, du monde en général. Des étudiants antinazis de la Rose Blanche éliminés par le régime hitlérien au temps du père allemand d’Alissa à la chute du mur de Berlin en passant par la crise des missiles à Cuba ou encore par le nuage de Tchernobyl, des excès du libéralisme thatchérien au Brexit mais aussi, plus largement, à la prise de conscience de la vulnérabilité de la planète, tous les baby-boomers retrouveront en ces pages l’écrin historique de leur propre parcours de vie.
S’il est ici question de leçons, ce n’est sûrement pas de vie, alors que, balle dans le flipper de la vie, chacun pourra, comme l’auteur et ses personnages, entre ironie, tendresse et nostalgie, calquer son propre itinéraire sur la vitre de l’Histoire, mais, sans conteste, de génie littéraire, confirmant, s’il en était besoin, la place de choix occupée par Ian McEwan dans le paysage littéraire britannique et mondial. Coup de coeur. (5/5)
Re: [McEwan, Ian] Leçons
C'est noté. Merci lalyre et Cannetille. XX
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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